Une manifestation de l’Aeem sur le pont Fahd pour paralyser la
circulation
L’espace scolaire et universitaire est devenu un terreau fertile pour la
violence engendrée par des rivalités entre cliques estudiantines. Cette
violence, très souvent meurtrière, s’est tellement accentuée ces derniers temps
au point que nombre de nos compatriotes réclamaient urbi et orbi la dissolution
pure et simple de l’Association des élèves et étudiants du Mali (Aeem).
Au-delà, c’était aussi l’une des 517 recommandations des Assises nationales de
la refondation (ANR).
La persistance de la violence dans l’espace scolaire et universitaire a
amené, le 29 février dernier, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche scientifique à décider de la suspension immédiate des activités de
l’Aeem jusqu’à nouvel ordre. Les autorités compétentes se sont inscrites dans
la même logique de combat contre la violence en décidant en Conseil des
ministres, le 13 mars dernier, la dissolution de l’association. Cette décision
intervient à la suite de nombreux décès sur le campus dans des échauffourées et
vendettas entre étudiants, notamment à l’occasion des renouvellements de comité
Aeem dans les différentes facultés des universités.
Les derniers affrontements violents entre clans rivaux estudiantins
remontent au 28 février dernier. Ceux-ci avaient occasionné la mort d’Ahmed
Traoré, un jeune étudiant de la Faculté des sciences économiques et de gestion
(FSEG). Rappelons que l’Aeem a été créée le 27 octobre 1990, par des étudiants de
la Faculté de médecine sous la conduite d’Oumar Mariko, aujourd’hui président
du Parti solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi) et de
Kassoum Barry.
L’association a été très active dans la lutte pour la liberté,
la justice, la démocratie et le multipartisme au sein de la Coordination des
associations et organisations du Mouvement démocratique. La révolution de mars 1991,
enclenchée par le Mouvement démocratique, a créé les conditions de la chute du
régime du président Moussa Traoré, le 26 mars 1991 précisément.
Cette association qui a pris part au débat démocratique a été au cœur de
tous les grands événements et combats démocratiques du pays. Elle a même réussi
à réhabiliter le leader charismatique de l’Union des élèves et étudiants du
Mali (Unem), Abdoul Karim Camara dit Kabral. Le leader historique de l’Aeem,
Oumar Mariko fut membre du Comité de Transition pour le salut du peuple (CTSP),
lors de la Transition dirigée par l’ancien président Amadou Toumani Touré. Il
fut aussi membre de la Conférence nationale qui a posé les jalons de
l’avènement de la démocratie.
Mais après le passage de quelques leaders
charismatiques, il y a plus de 30 ans, force est de constater que l’Aeem a été
déviée de ses missions initiales. Elle ne défendait plus les nobles causes des
élèves et étudiants, bien au contraire elle s’était même arrogée de fait un
statut de syndicat qui est devenu maximaliste dans ses revendications,
autrement dit qui veut tout et tout de suite. L’Aeem était devenue une source
d’insécurité pour les élèves et les étudiants et un instrument de pression sur
les pouvoirs publics.
Le secrétaire général et les autres dirigeants bénéficiaient d’avantages
pécuniaires et pédagogiques. Chaque renouvellement des instances du bureau de
Coordination de l’association se soldait par des morts d’étudiants. À tort ou à
raison, certains attribuent la violence meurtrière au fait que l’association
brassait des millions à travers la gestion des dortoirs, des parkings, des
kiosques, des photocopieuses, des gargotes et autres sources de revenus
juteuses. Sans compter la subvention accordée par l’État pour l’organisation
des congrès. Du coup, le poste de secrétaire général de l’Aeem était devenu un
enjeu. Certains dirigeants de l’Aeem acceptaient de redoubler les classes pour
continuer à bénéficier des avantages.
Le professeur principal d’enseignement secondaire à la retraite, Banna Moussa Bakhaga, a eu à intenter en tant que directeur des études au lycée de Markala en 1993 et au lycée «Ibrahima Ly» en 1998 et proviseur au lycée «Mamby Sidibé» de Kati en 2006, trois procès contre l’Aeem pour agression physique et destruction du bureau.
Liste des secrétaires généraux de l’Aeem
Oumar Mariko (octobre 1990 - janvier 1992)
Issa Mariko (4 janvier 1992-31 décembre 1992)
Yéhia Ould Zarawana (avril 1992 - juillet 1995)
Opéri Berthé (juillet 1995 - juillet 1996)
Kizito Dabou (avril 1997 - Aout 1997)
Baba Mohamed Lamine (30 décembre 1998 - 31 décembre 1999)
Mahamane Mariko (décembre 1999 - décembre 2000)
Mahamoudou Aldianabangou (décembre 2000 - décembre 2001)
Mohamed Niaré (décembre 2001 - décembre 2002)
Sadio Tangara (décembre 2002 - décembre 2003)
Hamidou Bocoum (décembre 2003 - décembre 2004)
Safounè Togo (décembre 2004 - décembre 2006)
Mohamed I. Mahmoud dit Baby (décembre 2006 - décembre 2008)
Amadoun Traoré (décembre 2008 - décembre 2012)
Ibrahim Traoré dit Papin (secrétaire par intérim entre 2012 et 2013)
Sékou Diallo (10 janvier 2013 -10 janvier 2014)
Aboubacar Camara (12 janvier 2014 -14 janvier 2015)
Ibrahim Traoré dit Jack (8 février 2015 - juin 2016)
Abdoul Salam Togola dit Wili (9 avril 2016 - 16 mai 2018)
Moussa Niangaly (18 mai 2018 - 14 mars 2021)
Siriman Seydou Niaré (à partir de 2021)
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