La lutte contre la corruption est un défi complexe
Dans une étude faite sur la problématique
des finances publiques au Mali, l’Office central de lutte contre
l’enrichissement illicite (Oclei) renseigne que de 2005 à 2019, notre pays a
perdu la somme de 1.266 milliards de Fcfa, révélés par les contrôles externes
mais que les internes ont laissé passer. Cette somme est l’équivalent de 264
hôpitaux comme l’Hôpital du Mali, 1.767 Centres de santé de référence comme
celui de Diéma ou même 42 fois le 3è pont de Bamako. Cette déclaration émane du
représentant du président de l’Oclei, Seidina Oumar Diarra, qui animait une
conférence-débat sur le thème «Protection des lanceurs d’alerte au Mali».
Face à la persistance de ces détournements
mirobolants, l’État a pris le problème à bras le corps avec la tenue des sessions
spéciales dédiées aux crimes économiques et financiers. Plusieurs dossiers ont
déjà été jugés à la Cour d’appel de Bamako.
Parmi les dossiers des crimes économiques
et financiers traités par la justice ou qui sont encore pendants, on peut
retenir l’affaire Bakary Togola, ancien président de l’Assemblée permanente des
chambres d’agriculture (Apcam) et d’autres collaborateurs et portant sur le
détournement de plus de 9 milliards de Fcfa sur un montant total estimé à plus
de 13 milliards de Fcfa au préjudice de la Confédération des sociétés
coopératives de producteurs de coton du Mali (C-SCPS), courant la période
allant de 2013 à 2019.
Un autre dossier phare concerne «l’achat
de l’avion présidentiel et des équipements militaires». Il est reproché à
plusieurs personnalités civiles et militaires des détournements massifs de
fonds publics portant sur plus de 56 milliards de Fcfa sur un montant total
évalué à près de 90 milliards de Fcfa, entre 2013 et 2014.
Il y a également le dossier de la mairie de
Sitakily (Cercle de Kénieba) impliquant une quinzaine d’accusés parmi lesquels
le maire Alfousseyni Sissoko. Des entrepreneurs sont aussi dans le lot des
accusés pour «atteinte aux biens publics, fractionnement de marchés publics,
délit de favoritisme et complicité». Dans cette affaire, il est reproché aux
inculpés, un détournement de plus de 2,5 milliards de Fcfa courant l’année
2019.
Ces différentes affaires étaient au rôle de
la session spéciale sur les crimes économiques et financiers de la Cour
d’assises de Bamako, tenue du 1er juillet au 15 octobre dernier. Cette session
est intervenue dans un contexte de renforcement de la lutte contre la
corruption dans notre pays. Lors de l’ouverture de cette session, le procureur
général près de la Cour d’appel de Bamako, Hamadoun dit Balobo Guindo, a
insisté sur l’importance de l’engagement des magistrats dans cette lutte,
soulignant que «seule une justice rigoureuse et impartiale» permettra de
restaurer la confiance des citoyens dans les institutions.
Les enquêtes menées par le Bureau du
Vérificateur général et la section des comptes de la Cour suprême ont également
mis en lumière l’ampleur de la fraude et de la corruption. Les sessions
d’assises permettront à cet effet, de juger ces affaires et de sanctionner les
responsables. Une session largement souhaitée lors des Assises nationale de la
refondation (ANR) pour lutter contre la corruption afin de remplir les caisses
de notre pays. Ces énormes sommes détournées des caisses de l’État ne
pouvaient-elles pas contribuer au développement du pays ?
MANQUE DE TRANSPARENCE- Selon les
estimations de la Banque mondiale, 1.000 à 2.000 milliards de dollars sont
détournés dans le monde à cause de la corruption affectant tous les pays et
toutes les couches sociales. Il est à noter que le manque de transparence dans
la gestion quotidienne des affaires publiques et privées constitue l’une des
causes majeures de la corruption. De l’avis de l’économiste gestionnaire
financier Modibo Mao Makalou, les gouvernements devraient rendre publique les
informations sur les budgets, les contrats publics et la répartition des
ressources pour éviter les tendances à la fraude et à la corruption.
Selon lui, la lutte contre la corruption doit donc aller de pair avec le
renforcement de l’État de droit et de la bonne gouvernance ainsi qu’avec
l’établissement d’institutions solides animées par des personnes compétentes et
intègres. «Des campagnes de sensibilisation doivent être organisées dans les
secteurs public et privé, dans les médias, pour informer les citoyens sur les
conséquences néfastes de la corruption. Aussi, la lutte contre l'impunité sera
une arme dissuasive», avance-t-il.
L’économiste indique que la corruption
freine la croissance économique, nuit à l’État de droit et entraîne un
gaspillage des ressources humaines, financières et matérielles. «Lorsque la
corruption est omniprésente, les entreprises hésitent à investir face au coût
nettement plus élevé de l’activité économique et l’investissement public
devient défaillant ou inexistant», analyse-t-il, ajoutant que la lutte contre
la corruption au Mali est un défi majeur qui nécessite une attention constante
et des efforts soutenus.
Pour relever ce défi, Modibo Mao Makalou
explique qu’il est essentiel de mettre en place des mécanismes de prévention,
de détection et de répression efficaces. Cela, poursuit-il, implique
d’améliorer la transparence dans la gestion des ressources publiques, de
renforcer les institutions chargées de lutter contre la corruption et
d’encourager une culture d’intégrité au sein de notre société mais aussi
d’améliorer les salaires et les traitements des fonctionnaires.
«Les défis auxquels le Mali est confronté
dans sa lutte contre la corruption sont nombreux. Tout d’abord, il existe une
culture de l’impunité qui rend difficile la poursuite des responsables de ces
actes répréhensibles. De plus, les mécanismes de contrôle et de surveillance
sont souvent faibles ou inefficaces, ce qui permet à la corruption de
prospérer», insiste le gestionnaire financier. Malgré les défis auxquels elle
fait face, la lutte contre la corruption au Mali offre également des
perspectives encourageantes. Modibo Mao Makalou soutient qu’en investissant
dans l’éducation civique et dans la promotion d’un comportement éthique, le
changement des mentalités sera possible.
De plus en plus d’initiatives visant à
promouvoir l’intégrité et l’éthique sont mises en place par divers acteurs
nationaux et internationaux. Ces initiatives incluent des programmes de
renforcement des capacités pour les fonctionnaires chargés du contrôle
financier ainsi que des campagnes de sensibilisation à grande échelle. D’ou
l’élaboration d’une Stratégie nationale de lutte contre la corruption articulée
autour de quatre axes stratégiques à savoir, la gouvernance et les réformes, la
prévention des faits de corruption, la répression et la réparation, et la
communication. Elle est mise en œuvre à travers des plans d’actions dont le
premier couvre la période 2023-2027. Cette stratégie est financée par l’État et
ses partenaires à hauteur de plus de 6,7 milliards Fcfa. La lutte contre la
corruption au Mali est un défi complexe mais pas insurmontable.
DÉFICIT DE L’APPAREIL JUDICIAIRE- Parmi les
facteurs qui sous-tendent le sous-développement au Mali, Dr Aly Tounkara,
sociologue, cite la corruption qui apparaît comme le facteur le plus
déterminant. Selon le chercheur Tounkara, le déficit de l’appareil judiciaire,
les insuffisances des hôpitaux, les difficultés pour asseoir un maillage
sécuritaire adéquat du territoire, la qualité peu enviable du système éducatif
ont pour dénominateur commun les pratiques corruptives, d’où l’importance à la
fois pour l’élite au pouvoir, de chercher à réduire de manière drastique ces
parties corruptives tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Pour
ce faire, indique-t-il, l’État devrait continuer à consentir davantage
d’efforts dans la prévention de ces pratiques corruptives. Mais, une fois
qu’elles sont effectives, insiste-t-il, des sanctions exemplaires doivent être
infligées à l’encontre des auteurs.
Pour Dr Tounkara, jusqu’à une preuve récente, l’impression qui est donnée dans la lutte contre la corruption, c’est l’impunité, le clientélisme, c’est un jugement à géométrie variable. «Ces éléments doivent être le cheval de bataille pour l’élite militaire au pouvoir afin de redorer l’image du pays. Ils doivent aussi permettre à un nombre important de nos compatriotes d’espérer et d’avoir accès à des soins de santé, de bénéficier d’un système d’éducation de qualité et de permettre à certaines personnes de pouvoir se mouvoir d’un point A à un point B», suggère le sociologue.
Fadi CISSE
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