Alousséni Sanou, ministre de l’Économie et des Finances
La nouvelle est tombée, lundi 8 décembre dernier : L’Etat va apurer 312 milliards de Fcfa de dette intérieure sur une période de 3 mois. Ce programme spécial d’apurement, selon le ministère des Finances qui l’a annoncé à travers un communiqué, permettra de liquider tous les mandats de 2023 et 2024 en instance de paiement au trésor, quelle qu’en soit le montant ou la nature, et de faire des paiements spécifiques sur des mandats de 2025 pour la réalisation diligente de certains projets prioritaires, notamment les routes, les infrastructures hospitalières. Aussi, certaines dépenses particulières de 2025 comme les frais scolaires et demi-bourses au niveau des écoles privées, les intrants, les indemnisations seront payées. Plusieurs catégories de fournisseurs de l’État sont concernées par ce programme. Quel impact peut avoir cette initiative sur l’économie nationale ?
Il convient de rappeler que la dette intérieure d’un pays fait référence à la somme totale des emprunts contractés par le gouvernement national auprès de ses propres citoyens, institutions ou investisseurs. Elle est donc un «indicateur essentiel de la situation financière d’un pays et de sa capacité à financer ses activités tout en restant stable sur le plan économique», selon le professeur Diawara Daman-Guilé, économiste spécialiste en analyse et politique économique à l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako. Ainsi, le déblocage de 312 milliards de Fcfa pour l’apurement de la dette intérieure du Mali est une initiative heureuse qui apporte une bouffée d’oxygène aux opérateurs économiques. «Cette initiative, qui cible environ 91% (soit 312 milliards Fcfa) des 342 milliards de Fcfa d’arriérés dus aux opérateurs sur une dette intérieure totale estimée à 439 milliards de Fcfa (chiffres récents de décembre 2025) est un signal fort», estime l’expert qui ajoute que ce geste financier est conçu pour avoir des effets multiplicateurs sur l’économie nationale.
En effet, Pr Diawara Daman-Guilé explique, dans un
premier temps, que le paiement des arriérés permet aux entreprises créancières
(principalement dans le BTP, les services et les fournisseurs) de récupérer des
liquidités vitales. «Historiquement, l’accumulation d’arriérés intérieurs était
une cause de tension de liquidité. Aussi, avec des fonds frais, les entreprises
peuvent relancer leurs investissements, financier l’achat de nouveaux intrants
et honorer leurs propres dettes (fournisseurs, banques). C’est un moteur pour
le secteur secondaire (24,4% du PIB en 2023) et le tertiaire (43,1% du PIB en
2023).
En ciblant les mandats de 2023 et 2024, et certains urgents de 2025, l’État rétablit la confiance avec le secteur privé, l’encourageant à s’engager davantage dans les projets publics», a-t-il accentué. Et dans un deuxième temps, poursuit le spécialiste, les entreprises, en retrouvant une bonne santé financière, peuvent éviter les licenciements ou même embaucher, réduisant potentiellement le taux de chômage (estimé à 6,7% en 2023).
POUVOIR D’ACHAT- Par ailleurs, dit-il, le paiement des salaires et des fournisseurs par les entreprises (qui est un débouché de ces 312 milliards) se traduit par une augmentation du pouvoir d’achat des ménages et de leur consommation, contribuant à la croissance (la consommation des ménages a soutenu la croissance en 2023, avec une hausse de +0,7 point de base). À noter qu’une partie du programme cible des domaines sensibles comme le paiement des frais scolaires, les infrastructures hospitalières, ou le soutien aux intrants agricoles. Ces paiements directs améliorent la qualité de vie et la productivité, notamment dans le secteur primaire (33,2% du PIB en 2023).
En ce qui concerne l’apport de cette dette à l’économie malienne, notre interlocuteur précise qu’en libérant des fonds, l’État injecte de la demande et de l’offre dans le circuit économique. Faut-il le rappeler, notre pays a affiché une croissance du PIB de +4,7% en 2024 et en 2023. «Ce désendettement pourrait soutenir l’hypothèse d’une forte croissance. Le paiement de cette dette augmente temporairement la dépense publique, la réduction des arriérés renforce la crédibilité et permet de se rapprocher de l’objectif de l’Uemoa d’un déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB», a-t-il détaillé. En perspective, avec une recette totale de 3.057,792 milliards Fcfa en 2026(+11,61%) et le déficit en % du PIB en net réduction de 2,2 %, un apurement régulier de la dette intérieure est un signe positif pour les institutions financières et les investisseurs sur le marché régional de l’Umoa. Chose qui, selon l’universitaire, pourrait réduire le risque de financement pour le Mali, qui a un taux d’intérêt effectif moyen de 6,1% sur sa dette intérieure, contre 0,6% pour la dette extérieure.
Le Docteur Honoris Causa estime que ce geste, certes salutaire, n’est pas suffisant à lui seul pour une relance économique complète et durable. Le montant de 312 milliards de Fcfa représente une injection significative de liquidités et un signal politique fort pour 91% de la dette due aux opérateurs. Il vise, analyse-t-il, à désamorcer un problème majeur qui freine l’activité économique : les arriérés de l’État. «Le stock de la dette intérieure totale du Mali sera ramené à 127 milliards de Fcfa (439 milliards – 312 milliards), ce qui reste un montant à gérer pour éviter une nouvelle accumulation. Ainsi, l’apurement de 312 milliards est une mesure de choc positive qui établit les bases d’une relance par le secteur privé», dit-il. Toutefois, une croissance soutenue exigera des réformes structurelles continues, notamment dans la gestion de l’énergie et la diversification de la base productive.
ENGAGÉ À RÉUSSIR- De l’avis du président de l’Organisation patronale des entrepreneurs de la construction du Mali (OPECOM-BTP), l’impact du paiement de la dette intérieure va créer une confiance entre les différents partenaires des entreprises ainsi que dans l’environnement économique, tout en montrant que notre pays est un pays engagé à réussir face aux difficultés. Selon Boubacar H. Diallo, cette somme de dette que l’État prévoit de payer est un record sachant qu’il y a deux ans, la dette fournisseur intérieure était de l’ordre de 1.600 milliards de Fcfa. «Nous entrepreneurs, on a tendance à comprendre souvent que quand l’État ne paye pas nos factures. On ne voit pas toute la volonté de l’État puisque certains oublient que c’est une chaine. S’il n’y a pas d’entreprise qui réalise des travaux et qui paient les dettes, les impôts et les taxes, les objectifs de recettes de l’État aussi ne seront pas atteints. Donc, c’est un ensemble», a-t-il éclairci. Tout en faisant comprendre aux entrepreneurs que l’État est disposé à payer les entreprises, puisque s’il n’y a pas d’entreprise, il n’y a pas de recettes fiscales et sans les recettes, les objectifs ne seront pas atteints. Sur le plan national, le patron des entrepreneurs dira que cette dette fournisseur permettra aux opérateurs économiques de continuer leurs activités économiques, de continuer à créer des richesses et permettre au pays de continuer à s’enrichir à travers le PIB qui va connaître une certaine croissance.
Le vice-président de la Chambre de commerce et d’Industrie du Mali (Ccim) reconnait les efforts de l’État à travers cette décision qui va soulager, pendant un certain moment, l’activité des opérateurs économiques, puisqu’ils sont nombreux à s’endetter à l’échelle internationale sur la base de la confiance y compris auprès des banques pour financer leurs marchés. À cet égard, Boubacar Tandia a salué la résilience des opérateurs économiques pour avoir passé tout ce temps sans être payés. «Nous comprenons les difficultés du pays, nous avons décidé de nous prendre en main et cette partie de paiement de dette nous fait croire que demain sera meilleur. Nous souhaiterons qu’à chaque fois que l’EÉtat est en mesure de payer la dette intérieur, qu’il le fasse afin que le secteur économique puisse bien tourner», a lancé le vice-président de la Ccim.
Le directeur général du Trésor dans un message vidéo adressé aux prêteurs, s’est réjoui de voir tous les mandats de 2023 et 2024 payés par l’État avec un montant total d’environ 86 milliards de Fcfa. À ce jour, Siaka Samaké affirme qu’il ne reste plus qu’à gérer les mandats de l’année 2025. Il invite les acteurs à rester sereins, car «même après ce programme, ceux qui estimeront que leurs mandats n’ont pas été payés peuvent prendre contact avec «nos services dédiés face à cette situation». Donc, ce n’est plus la peine que les gens aillent au Trésor pour vérifier leurs situations. Ils seront directement «informés à travers les banques où leurs comptes sont domiciliés», a rassuré le patron du Trésor.
Fadi CISSE
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