Cour d’assises de Bamako : Les deux amis paient pour leurs comportements

Ils se promenaient librement avec une arme à feu dans leur voiture. L’un deux n’a pas hésité à en faire usage en tirant à bout portant sur une de leur connaissance

Publié mardi 13 février 2024 à 07:08
Cour d’assises de Bamako : Les deux amis paient pour leurs comportements

C’est un dossier de meurtre et de détention illégale d’arme à feu incriminant Kola Bocoum et son ami Aboubacar Sissoko qui a été examiné, mercredi dernier, par les juges de la Cour d’assises de Bamako. Ils ont tous la vingtaine d’années et sont accusés d’avoir tiré avec une arme à feu sur Soumaïla Cissé entraînant la mort de celui-ci. Le drame s’est passé dans la nuit du 30 mai 2021 à Bagadadji en Commune II du District de Bamako, lorsque les inculpés rentraient d’une soirée.


De l’acte d’accusation, il est ressorti qu’à la date sus-indiquée après une soirée récréative avec ses camarades au bar Shanghai, sis au quartier Hippodrome, Aboubacar Sissoko sollicitait le véhicule de sa mère pour raccompagner Kola Bocoum à son domicile, à Bagadadji. Sur le trajet, il décidait de faire escale devant le bar Doufing pour rencontrer un ami. Arrivé sur le lieu, il descend en laissant les clés de la voiture avec Kola Bocoum, et lui indiquant notamment la présence d'un pistolet automatique à l'intérieur.

Contre toute attente, Kola se saisissait de l'arme et descendait du véhicule pour aller prendre de la cigarette auprès de Soumaïla Cissé dit Bayini. Celui-ci, ayant aperçu l'arme, tentait de la toucher. Kola protestait vigoureusement et pointait subitement le pistolet sur Soumaïla et tira sur lui à bout portant. Alertée par la déflagration, une patrouille de police, venue sur les lieux transportait d'urgence la victime à l'hôpital Gabriel Touré où, elle rendait l'âme quelques instants après, des suites de ses blessures.

Inculpés pour le crime d'homicide volontaire sur Soumaïla Cissé et de détention illégale d'arme à feu, Kola Bocoum et Aboubacar Sissoko ont entièrement reconnu les faits qui leur sont reprochés tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur. Le premier pour homicide volontaire conformément aux dispositions des articles 199 et 201 du code pénal. Et le second est tombé sous le coup des articles 199 et 200 du code pénal et la loi n°2021-028 du 31 mars 2021 régissant les armes et munitions en République du Mali.

À la barre, les accusés n’ont pas varié dans leurs déclarations. Ils ont indiqué que la mort du défunt n’était pas intentionnelle. Ainsi, se sont-ils excusés en demandant la clémence de la Cour.

Le ministère public a, dans sa réquisition, souligné la gravité des faits tout en indiquant que les inculpés n’ont pas accordé de l’importance à la vie humaine. C’est pourquoi, le magistrat a requis de les maintenir dans les liens de l’accusation sans aucune circonstance atténuante.

Les conseils n’étaient pas de cet avis. Ils ont souligné que leurs clients étaient encore utiles à la société. Toutefois, les défenseurs des inculpés ont soulevé la responsabilité des parents dans de tels agissements de leurs enfants livrés à eux-mêmes.

Partant de cela, les avocats ont invité les juges à faire preuve de magnanimité en considérant leur jeune âge. Après avoir écouté les différentes parties, la Cour les a reconnu coupables des faits et a condamné Kola Bocoum à 7 ans de prison quand à Aboubacar, il a écopé de 5 ans assortis d’une amende de 500.000 Fcfa.


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Il vol par «nécessité» et passe trois ans en détention préventive

Adama Traoré a également comparu devant les juges pour son implication dans une histoire de « vol qualifié » courant 2021 aux dépens de Malick Kelly, commerçant de son état.  Des faits prévus et punis par les dispositions des articles 252 et 255 du code pénal.

En janvier 2021, la boutique de Malick Kelly, sise à N'Tabacoro fit l'objet de cambriolage et bon nombre de ses produits ont été emportés. Il a entrepris de mener lui-même ses propres enquêtes pour mettre la main sur son/ou ses voleurs.

Entre temps, Malick Kelly fut informé de l'arrestation d’Adama Traoré par les agents de la Brigade de recherches de la Rive droite de Bamako, en possession de plusieurs produits.

Immédiatement, il se rendit à ladite unité où il constata qu'Adama Traoré était en possession de certaines marchandises de sa boutique. Il décida donc de porter plainte contre ce dernier. Ainsi, Adama Traoré fut poursuivi puis inculpé pour des faits de vol qualifié.


Aussi bien à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur, l’inculpé a reconnu sans ambages les faits. Loquace à la barre, il a déclaré que le jour des faits, il a opéré nuitamment en coupant à l’aide d’une cisaille les cadenas de la boutique de Malick avant de dérober la somme 5.000 Fcfa en plus de plusieurs marchandises dont un sac de sucre, un sac de riz, des sachets de cube-Maggi, des sachets de lait en poudre, des sachets de thé, du savon, des brosses à dents, des sachets détergents.

à ces marchandises, s’ajoutent des boîtes de Spaghettis, celles de sardines, entre autres. Dans un ton pitoyable, l’inculpé a manifesté son regret en déclarant avoir volé par nécessité.

Ses explications ont, à la limite, édifié le parquet qui ne cherchait qu’à le charger. Ainsi, le ministère public, dans son rôle de défenseur des citoyens a requis son maintien dans les liens de l’accusation. Il a enfoncé le clou en requérant 3 ans de réclusion criminelle pour l’accusé. L’avocat de la défense a plaidé coupable et a réclamé de larges circonstances atténuantes au profit de son client.

La Cour a suivi le parquet dans sa logique. Elle a reconnu Adama coupable des faits et l’a condamné à 3 ans de prison que l’inculpé a déjà purgés durant sa détention préventive. Il devra recouvrer la liberté dans moins de deux semaines. En principe.


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L’accusé recouvre la liberté après trois ans passés derrière les barreaux

 

À la suite de ce voleur par « nécessité » Alou Sow est passé à la barre pour  vol qualifié commis courant 2018. Les faits se sont passés alors qu’il officiait comme ouvrier dans une boulangerie de la place. Courant 2018, Checkna Koïta, propriétaire d’une boulangerie a engagé Alou Sow en qualité d’ouvrier boulanger. Le jour des faits, vers 16 heures, ce dernier s’est fait accompagner  par un de ses amis  du nom de Namory Camara  pour se rendre dans les locaux de la dite boulangerie sise à Hamdallaye en Commune IV du District de Bamako.

Profitant de l'absence de monde sur les lieux, ils se sont introduits à l’intérieur pour braquer le gérant dans son bureau avec un pistolet de fabrication artisanale. Ils lui ont enjoint l’ordre de vider sa caisse. Lorsque celui-ci a refusé d'obtempérer, l'un d'entre eux lui a donné un coup de cross d'arme sur la tête lui causant une blessure à la paupière et provoquant ainsi une hémorragie. Ils se sont ainsi emparés de la somme de 1.400.000 Fcfa.

Après leur forfait, les deux voleurs ont pris la fuite et se refugient en Algérie. Après un long séjour, Alou Sow est revenu à Bamako. Il a été par la suite appréhendé par les riverains de la boulangerie et conduit au commissariat de police. Par procès - verbal d'enquête préliminaire n°0804 en date du 23 juillet 2020, le parquet a requis l'ouverture d'une information judiciaire contre le fautif « Alou Sow et autres » pour vol qualifié.

Tant à l’enquête préliminaire que chez le juge d’instruction, l’accusé a reconnu les faits. Il en a été de même devant les juges à la barre, où il a été seul à comparaître. Là, il s’est défendu avoir commis l'infraction de vol en compagnie de Namory Camara, Baba Koné, et un certain Blaky sans autres précision.

Ces derniers n’ont pas été retrouvés, et la cour a déclaré le « non lieu » en leur encontre. Le parquet n’a pas traîné avec les débats et a juste chargé l’accusé des faits à lui reprochés. La défense a plaidé coupable en demandant aux jurés des circonstances atténuantes en faveur de son client. Après délibération, la Cour a condamné Alou à 3 ans de prison déjà purgés. Il est sorti libre du tribunal.

Tamba CAMARA

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