Affaire des 49 militaires ivoiriens : Le Mali pointe des manquements gravissimes

Le gouvernement considère comme des mercenaires les hommes en tenue ayant débarqué sur notre sol le 10 juillet dernier. Non sans raison. Les faits accablants et les déclarations contradictoires inclinent à s’interroger sur les motifs réels de leur présence sur le territoire malien

Publié mercredi 13 juillet 2022 à 05:40
Affaire des 49 militaires ivoiriens : Le Mali pointe des manquements gravissimes

Un contingent des Forces spéciales ivoiriennes en parade

 

Le gouvernement est formel : les 49 militaires ivoiriens avec leurs armements et munitions de guerre, ainsi que d’autres équipements militaires à bord de deux aéronefs en provenance de la Côte d’Ivoire, ayant atterri dimanche à l’Aéroport international Président Modibo Keïta-Sénou sont considérés comme des mercenaires.

Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga n’en est pas moins catégorique sur l’intention malveillante de ces individus dont le sort est désormais entre les mains des autorités judiciaires compétentes. Il s’agit, a-t-il révélé, « de briser la dynamique de la Refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel ».

En appui à ces accusations gravissimes, nos autorités mettent en avant des arguments qu’ils ont pris le soin dé détailler dans le communiqué rendu public lundi soir. Des premiers constats effectués, il ressort que ces militaires, dont une trentaine des forces spéciales ivoiriennes, étaient en possession d’armes et de munitions de guerre, sans ordre de mission ni autorisation des autorités compétentes de leur pays. Plus grave, la profession réelle de la plupart des militaires était dissimulée. Sur la majorité des passeports, les professions inscrites étaient : étudiants, chauffeurs, maçons, mécaniciens, vendeuses, électriciens, vigiles, peintres, etc.

Comme pour épaissir davantage le flou, quatre versions différentes ont été avancées par les militaires interpellés pour justifier leur présence sur le territoire malien, à savoir : la mission confidentielle, la rotation dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), la sécurisation de la base logistique de la compagnie aérienne «Sahelian Aviation Services» et la protection du contingent allemand. Pour en savoir davantage, des responsables des Forces de défense et de sécurité maliennes ont contacté immédiatement leurs homologues ivoiriens.

« Ces derniers ont affirmé qu’ils ignoraient tout de la présence des militaires ivoiriens interpellés au Mali », précise le gouvernement qui rappelle que « dans un cas comme dans l’autre des versions avancées par les militaires étrangers interpellés, le déploiement de personnel militaire ainsi que de leurs armements est rigoureusement encadré par des procédures qui n’ont pas été respectées ». Cette conclusion est implicitement confirmée par la Minusma lorsqu’elle indique qu’elle n’avait pas de rotation prévue, le 10 juillet 2022.

 

TENSIONS POLITICO-DIPLOMATIQUES-Si cet épisode intervient une semaine après la levée de l’embargo contre notre pays, il n’en demeure pas moins vrai qu’au sein de l’opinion nationale la thèse d’un complot contre les autorités de la Transition est toujours d’actualité. La conviction de nombre de nos compatriotes est faite sur la détermination de forces hostiles à faire capoter la dynamique du projet de construction du Mali nouveau.

Déjà fortement marqué par ce sentiment de suspicion, le contexte s’est davantage détérioré avec les tensions politico-diplomatiques entre le Mali et certains partenaires étrangers. à tort ou à raison, nombre de nos compatriotes partagent l’idée que le pays d’où sont originaires ces militaires n’est pas étranger aux dures sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa contre le Mali.

Il faut rappeler que cette idée provient en grande partie de l’affaire du « vocal » qui a circulé un moment et laissait croire que les protagonistes d’une conversation téléphonique étaient le président de ce pays voisin et un ancien Premier ministre malien. L’on se souvient que le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune IV de Bamako avait annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire par « le parquet pour atteinte ou tentative d’atteinte et complicités à la sûreté intérieure et extérieure du Mali ». 

Autre élément qui apporte de l’eau au moulin des tenants de la thèse de l’hostilité des autorités ivoiriennes à l’égard du pouvoir malien de Transition : des dirigeants politiques maliens présents en terre ivoirienne ne cessent de tirer à boulets rouges sur les autorités de la Transition.

Malgré la tension, aussi bien sur les rives du Djoliba que de la lagune Ebrié, les autorités n’ignorent pas que les deux pays sont liés par des liens multiformes. Comme tout le monde est conscient de l’obligation de conserver de bonnes relations, il y a de fortes chances que les deux parties travailleront à éviter une escalade aux conséquences imprévisibles.

En plus de nos relations avec nos voisins du Sud, cette affaire pourrait avoir aussi des répercussions sur les rapports entre le Mali et la Minusma. Nul n’a oublié les objections formulées par les autorités maliennes lors du renouvellement du mandat de la Mission onusienne. Le Mali a clairement prévenu qu’il n’entendait pas exécuter certaines dispositions du nouveau mandat malgré leur adoption par le Conseil de sécurité.

Aussi, le Mali a imposé des restrictions aux déplacements des contingents opérant sur notre sol, rendant compliquées les rotations des casques bleus. L’affaire des militaires ivoiriens pourrait assombrir davantage le ciel déjà nuageux des relations entre notre pays et la Minusma.

Massa SIDIBE

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