Zone Uemoa : Le taux directeur passe à 2,50%

Cette décision de la BCEAO vise à contenir l’inflation dans notre espace monétaire. Elle conduira les banques commerciales à augmenter les taux d’intérêt des prêts aux entreprises et aux particuliers

Publié vendredi 16 septembre 2022 à 05:50
Zone Uemoa : Le taux directeur passe à 2,50%

Le siège de la BCEAO à Bamako

 

La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) veut contenir l’impact de la fièvre actuelle des prix des produits sur notamment, les ménages et les entreprises, agents économiques déjà affectés par les effets pervers de la Covid-19. Son Comité de politique monétaire (CPM) a décidé, mercredi dernier, d’augmenter de 0,25% le taux sur la base duquel elle prête l’argent aux banques commerciales.

Cela à compter d’aujourd’hui, 16 septembre 2022. Ainsi, ce taux passe de 2,25% à 2,50%. Cette mesure attendue qui oblige les banques commerciales à vendre l’argent plus cher à leur clientèle pourrait ne peut être suffisante au regard du niveau actuel de l’inflation qui s’est établie à 8,1% au mois de juillet dernier.

Le principe est simple en la matière. La BCEAO augmente le taux sur la base duquel elle prête l’argent aux banques commerciales. Celles-ci répercutent à la clientèle (ménages et entreprises) pour préserver leur marge en augmentant le prix de vente de l’argent (prêts notamment). Ces derniers, par effets d’entraînement, se voient obligés de réduire leur consommation pour préserver leur porte-monnaie.

La demande en produits baisse. Et conformément à la loi du marché, les prix se stabilisent ou baissent lorsque l’offre des produits est égale ou supérieure à la demande.

Statutairement, la mission principale de la BCEAO est de lutter contre l’inflation. Cette décision fait suite à la première hausse des taux intervenue en juin. Elle vise à ramener progressivement le taux d’inflation (hausse des prix) dans l’intervalle cible de la Banque centrale (1% à 3%) sur le moyen terme, confirme un communiqué rendu public mercredi par le président de la BCEAO, Jean-Claude Kassi Brou.

La hausse des prix qui, faut-il le souligner, est consécutive essentiellement à la baisse de la production vivrière durant la campagne agricole 2021/2022, aux difficultés d’approvisionnement de plusieurs marchés du fait de l’insécurité dans certaines zones, à l’augmentation des cours des produits énergétiques et des produits alimentaires importés.

Ainsi, les prix ont progressé de 7,0% au deuxième trimestre 2022, après 6,4% au premier trimestre 2022. En juillet 2022, le taux d’inflation a atteint 8,1%. Les prix  devraient baisser à partir du dernier trimestre, «avec l’arrivée des premières récoltes de la campagne vivrière 2022/2023 qui s’annoncent meilleures que la précédente», prédit la BCEAO.

 

TAUX SOUS-ESTIMÉ- Ce relèvement du taux directeur de la BCEAO était devenu inévitable, une nouvelle fois. Et ce pour au moins deux raisons principales, tranchent des économistes. La première a trait au taux d’inflation dans la zone Union monétaire ouest-africaine (UMOA) qui est en moyenne de 8%.

«Au regard des réalités observées sur les marchés, beaucoup d’analystes estiment que ce taux est largement sous-estimé. En cause, la fiabilité des données collectées et la complétude des indicateurs de mesure», soutiennent-il. La seconde raison est que la Banque centrale européenne (BCE), qui gère la monnaie ancre des francs CFA (XOF et XAF), a relevé de 0,75 ses taux directeurs, et ce à partir du 14 septembre 2022. C’est la plus forte hausse dans l’histoire de l’institution en deux décennies d’existence.

La mesure paraît tout de même insuffisante pour contrer les pressions inflationnistes observées dans tous les pays de la zone Umoa, selon des analystes. Qui invitent à s’attendre à un nouveau tour de vis pour décembre 2022. Option que l’institution communautaire semble déjà intégrée. «Au cours des mois à venir, le Comité de politique monétaire de la BCEAO prendra, si nécessaire, les mesures idoines pour assurer la stabilité monétaire», annonce-t-elle dans son communiqué.

Cette prudence est jugée réaliste au regard de la situation économique de nos pays et du contexte international qui prévaut. En effet, la proportion de l’inflation importée dans la situation actuelle semble importante du fait des séquelles de la Covid-19 sur les prix à l’import, l’impact du conflit russo-ukrainien sur le coût de l’énergie et celui de certains produits de base et des fertilisants agricoles.

Il importe, face à une situation aussi fluctuante qu’incertaine, de miser, pour notre équilibre, le soutien à la croissance économique. Ce volet gagnerait à être érigé au même rang que la lutte contre l’inflation. Or, déplorent les experts, ce second pilier est actuellement au second plan. Ce resserrement progressif et modéré observé actuellement vise précisément à coller au plus près de l’attelage statutaire actuel.

Cheick Moctar TRAORE

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