Zone aéroportuaire de Bamako : Bientôt une raffinerie d’or

Le Chef de l’État qui a présidé hier le lancement des travaux, a souligné que la future usine deviendra la seule entité habilitée à affiner l’or produit par toutes les sociétés minières opérant au Mali. Le Général d’armée Assimi Goïta a aussi déclaré que le projet générera de nombreux emplois directs et indirects pour la jeunesse

Publié mardi 17 juin 2025 à 08:02
Zone aéroportuaire de Bamako : Bientôt une raffinerie d’or

Le projet est porté par la Soroma S.A, une coentreprise dans laquelle l’état malien détiendra 62% du capital social, estimé à 600 millions de Fcfa

 

Le Mali amorce un tournant historique dans la gestion de ses ressources aurifères. Le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, a posé, hier dans la zone aéroportuaire de Sénou, la première pierre de la future raffinerie d’or du Mali. La cérémonie s’est déroulée en présence du Premier ministre, le Général de division Abdoulaye Maïga, du Président du Conseil national de Transition, le Général de corps d’armée Malick Diaw, de plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre des Mines, le Pr Amadou Keïta. Y étaient aussi le président du Groupe Yadran, Irek Salikhov et sa délégation et des représentants du corps diplomatique.

La future raffinerie, d’une capacité de 200 tonnes, sera construite sur un terrain de plus de 5 hectares, à proximité de l’Aéroport international Président Modibo Keïta-Sénou, assurant ainsi une logistique et une exportation optimisées. Le complexe industriel comprendra des laboratoires, des entrepôts, des systèmes d’approvisionnement en eau et en énergie, ainsi qu’un dispositif de sécurité conforme aux normes internationales.

Le projet est porté par la Société de raffinage d’or du Mali (Soroma S.A), une coentreprise dans laquelle l’État malien détiendra 62% du capital social, estimé à 600 millions de Fcfa. Le groupe russe Yadran interviendra, quant à lui, comme partenaire stratégique et investisseur. Le projet affiche un taux de rentabilité interne de 173%. Il faut savoir  que le Mali participera au bénéfice à due concurrence, soit environ 62% de 25 milliards FCFA chaque année à partir de la 3e année (2028).

Après l’intervention du secrétaire général de la mairie de la Commune VI, le président du Groupe Yadran a exprimé sa profonde gratitude au Président de la Transition et au gouvernement pour leur soutien à ce projet. Selon Irek Salikhov, cette coopération témoigne de l’amitié historique entre le Mali et la Russie. Il a rappelé que le Mali figure parmi les principaux producteurs d’or en Afrique, avec une production annuelle avoisinant les 66 tonnes. L’or représente entre 9 et 10% du Produit intérieur brut (PIB) du pays.

Jusqu’à présent, la majorité de cette production était exportée à l’état brut. «La construction de cette usine va changer cette réalité. Elle deviendra un centre régional de traitement de l’or, non seulement pour le Mali, mais aussi pour des pays voisins comme le Burkina Faso, dont la production était estimée à 57,3 tonnes en 2023», a déclaré Irek Salikhov. Ce projet, de lavis de ses initiateurs, créé au départ 60 emplois directs et à court et long terme créera de la valeur ajoutée sur place, générera des centaines d’emplois et contribuera à moderniser le secteur minier malien. Il a aussi confirmé que son groupe investit non seulement des ressources financières, mais également des technologies de pointe, dans le respect des normes environnementales.

 

MANQUE À GAGNER- Pour sa part, le ministre des Mines a souligné que cette pose de première pierre marque une étape importante dans la concrétisation des aspirations légitimes du peuple malien à disposer d’une industrie minière au service du développement national. «Elle répond en écho à cette volonté de souveraineté retrouvée, car notre pays, avec la réalisation de cette raffinerie, aura la pleine puissance de sa production aurifère», a déclaré Pr Amadou Keïta. Et le ministre des Mines de rappeler qu’aujourd’hui, la chaîne de valeur de l’or au Mali se limite à l’extraction du minerai et à son exportation sous forme brute. Ce modèle, selon lui, entraîne un manque à gagner important pour l’économie nationale.

Le Pr Amadou Keïta précisera que ce projet répond aux exigences du Code minier 2023, qui font, désormais, obligations aux sociétés d’exploitation minière, de procéder à l’affinage ou à la transformation des produits miniers dans les unités appartenant à l’État installées au Mali. «Cette usine est destinée à accueillir l’ensemble de la production nationale pour le traitement du doré avant exportation», a-t-il souligné. Il a assuré que la raffinerie sera construite selon les standards internationaux, en partenariat avec la société Yadran et Swiss Investment Company.


Ce partenariat inclura égalemen
t la maintenance des équipements, le renforcement des capacités des cadres de l’usine durant quelques années et un accompagnement pour les différentes certifications de l’usine. «Chers opérateurs des grandes mines, des petites mines et des mines artisanales du Mali, votre raffinerie est ici mise sur les fonts baptismaux. Cette raffinerie a été, pendant longtemps, réclamée par vous, acteurs du secteur», a-t-il lancé. Autres atouts importants d’infrastructure stratégique en gestation : une valeur ajoutée supplémentaire sera générée grâce aux résidus dégagés notamment celui de l’argent qui représente 10% des quantités traitées (200 tonnes de minerais à partir de 2008).

 

TRANSFERT DE COMPÉTENCES- Dans une interview accordée à la presse, le Président de la Transition a déclaré que la construction de cette raffinerie s’inscrit dans la continuité des recommandations des Assises nationales de la refondation. Lors de ces assises, le peuple malien avait exprimé sa volonté de voir «l’or du Mali briller pour les Maliens». Selon le Général d’armée Assimi Goïta, c’est dans ce cadre que plusieurs actions ont été initiées à savoir : l’audit du secteur minier, l’élaboration et l’adoption d’un nouveau Code minier, ainsi que la mise en place de la loi sur le contenu local.


 À cela, s’ajoutent la création d’une société d’État de recherches et d’exploitation minière, ainsi que la renégociation de contrats jugés désavantageux pour les intérêts
du pays. «La réalisation de cette raffinerie d’or est une affirmation de notre souveraineté économique. Elle nous permet non seulement de contrôler et de suivre la traçabilité de la production aurifère, mais aussi de mieux rentabiliser les revenus issus de l’or et de ses produits dérivés», a affirmé le Chef de l’État.


Le Président Goïta a également souligné que la future infrastructure deviendra la seule entité habilitée à affiner l’or produit par toutes les sociétés minières opérant au Mali. Un projet qui, selon lui, générera de nombreux emplois directs et indirects pour la jeunesse malienne. Le Président de la Transition a rappelé que, depuis 1980, l’or malien est exporté à l’état brut pour être affiné et commercialisé dans des pays comme les Émirats arabes unis, l’Afrique du Sud ou encore la Suisse. Cela, dira-t-il, prive notre pays des revenus substantiels pour le développement de son économie.

Le Chef de l’État a saisi l’occasion pour saluer la coopération grandissante entre le Mali et la Fédération de Russie. «Nos partenaires nous accompagnent avec leur expertise, notamment à travers le transfert de compétences. Je tiens particulièrement à saluer la société Yadran», a-t-il déclaré. Et de féliciter ensuite le Premier ministre, les membres du gouvernement, et plus particulièrement le ministre des Mines qu’il a exhorté à faire preuve de vigilance et à veiller au respect des délais de construction de cette usine tant attendue par le peuple malien.

 «Lors de notre échange avec le Président Vladimir Poutine, il
a dit que les partenariats sur le plan sécuritaire étaient déjà verrouillés. Nous devons poursuivre les partenariats sur le plan économique», a révélé le Général d’armée Assimi Goïta. Selon lui, cette raffinerie d’or et d’autres projets qui sont en cours d’élaboration permettront effectivement d’aller vers le développement de notre pays. D’ores et déjà, le délai de récupération des investissements (10 milliards FCFA) est de 2,4 ans.

Amadou GUEGUERE

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