
L’Essor : Quel commentaire faites-vous des résultats
des quarts de finale ?
Patrick Juillard : On constate que toutes les équipes
qui pouvaient prétendre à gagner la CAN pour la première fois, sont éliminées.
Les quatre du dernier carré sont des équipes qui ont déjà gagné la CAN et qui
sont même parfois des habitués sur la derrière décennie. Le Nigeria a remporté
le tournoi en 2013, la Côte d’Ivoire en 2015. Les deux équipes sont un peu à
mon avis au-dessus des autres, mais pour des raisons différentes.
Le Nigeria continue d’enchaîner les matches sans encaisser de buts, en gagnant et
en restant hermétique avec une attaque efficace et une défense intraitable.
C’est une équipe qui est un peu moins fatiguée que les autres. La Côte d’Ivoire
est le contraire. C’est le miracle permanent. Quand les choses semblent tourner
à sa faveur, l’équipe donne des signes de faiblesse, au contraire quand on la
croit au fond du trou, hors course, elle se relève et trouve des ressources
qu’on ne soupçonnait pas et elle arrive à renverser le match. Ce sont des
scenarios très instables et imprévisibles. Ça peut aussi donner de la force à
un groupe puisque ça donne confiance à ses capacités de réaction et à la
résilience. C’est très intéressant pour la Côte d’Ivoire. Il faudra aussi
gagner en rigueur et en constance parce qu’il y a encore beaucoup de trou d’air
dans les matches de cette équipe.
Il y a deux équipes qui avancent très discrètement, la RD
Congo qui a enfin gagné un match au meilleur moment, qui a sorti la Guinée de
manière tout à fait logique. Il n’y a pas eu vraiment de match. La Guinée a
sabordé davantage qu’elle avait pris, s’est sortie pratiquement toute seule de
la compétition en commettant des erreurs, ne délivrant pas le football offensif
et chatoyant qu’elle avait jusqu’alors développé. Et l’Afrique du Sud qui a
éliminé le Cap-Vert au terme d’une séance des tirs au but assez incroyable.
C’est une équipe solide qui encaisse peu. Maintenant, ce quart de finale, au
niveau du jeu n’était pas le plus séduisant, et l’Afrique du Sud devra montrer
un autre visage, à mon avis contre le Nigeria pour espérer se qualifier. La
Côte d’Ivoire est retournée à Abidjan pour jouer contre la RD Congo.
L’Essor : À votre avis, qu’est-ce qui a manqué au Mali
pour battre la Côte d’Ivoire
Patrick Juillard : Il n’a pas manqué grand-chose au
Mali. Dans le jeu, la qualité technique, dans la prestation collective, les
automatismes, le Mali me semblait supérieur à cette équipe de Côte d’Ivoire.
Mais il a manqué un petit quelque chose. Je trouve peut-être que le coaching
n’a pas envoyé des bons signaux. On a eu l’impression qu’Éric Sékou Chelle
cherchait avant tout à préserver son avantage alors que le Mali est davantage à
l’aise quand il a le ballon, quand il joue en possession. Il a peut-être trop
fait reculer son bloc devant son but pour le protéger.
Le Mali aurait peut-être
dû rester en bloc médian, voire jouer en bloc haut pour continuer d’agresser
les Ivoiriens qui étaient un peu en perdition après l’ouverture du score par
les Aigles. C’était peut-être assez décevant à ce niveau. Un peu plus
d’expérience, je pense, aurait amené le coach et les joueurs à rester plus haut
sur le terrain. C’est toujours deux buts aux dernières minutes des moments
clés, dans le temps additionnel pour égaliser et en fin de prolongations. Avec
en plus, sur le deuxième but un ballon détourné sur une frappe un petit peu
raté de Seko Fofana. C’est quelque chose qui ressemble au coup du sort mais qui
montre aussi parfois une défense qui n’était pas forcément dans l’agressivité,
dans l’envie requise. Il y a aussi peut-être un peu de peur de la part des
joueurs dans ce contexte, très bouillant du stade entièrement acquis à la cause
des Éléphants.
Il faudra encore pour le Mali de revoir son approche de
match décisif. On a vu des progrès par rapport à l’édition de 2021 mais il
manque encore quelque chose à l’équipe. Je pense que cette équipe, malgré
l’apport mental d’Éric Sékou Chelle, reste encore un peu trop scolaire, il faut
parfois savoir dans le dépassement de fonctions, être dans la confiance en soi
et pas toujours dans la volonté de rester équilibré. Peut-être qu’il aurait
fallu continuer de pousser plus.
L’Essor : Comment expliquer l’élimination de presque
tous les favoris avant les quarts de finale ?
Patrick Juillard : Il est assez difficile d’apporter
une explication à l’élimination des favoris. Je pense pour ma part que les
équipes nord-africaines, Tunisie, Maroc, Algérie, Égypte, ont beaucoup péché
sur le plan physique. J’ai trouvé que c’était des équipes qui avaient du mal à
faire un match entier, à livrer 90 minutes à haute intensité. Il y avait des
trous d’air, des temps faibles très marqués dans ces équipes. Il y a peut-être
eu aussi, un certain manque d’efficacité offensive et de talents pour ces
équipes.
Pour la Tunisie, c’est évident, il n’y a aucun attaquant de
haut niveau dans cette équipe. Et pour le Maroc, beaucoup de joueurs ont été un
petit peu en méforme à l’approche de cette CAN parce qu’ils n’avaient pas
beaucoup de temps de jeu dans leurs clubs respectifs. Quant à l’Algérie, c’est
beaucoup plus un problème de relationnel entre les joueurs et le sélectionneur
qui était devenu d’une grande nervosité qui communiquait cela à son groupe.
Pour une phase finale aussi longue, je pense que, c’est assez pénalisant.
On l’a vu, l’Algérie n’a fait que décliner après une bonne première période contre l’Angola. Le Sénégal, c’était à mon avis une équipe qui était un peu sûre d’elle après un très bon premier tour. Il a peut-être pris de haut la Côte d’Ivoire après avoir rapidement ouvert le score et l’équipe a été trop économe de ses efforts, elle aurait dû davantage pousser son avantage. Voilà pour les principaux favoris. Je ne considère pas le Cameroun comme un favori aujourd’hui. C’est une équipe trop faible et instable pour cela. On peut aussi ajouter le Ghana qui, pour la deuxième fois consécutive, a raté sa CAN. Il n’a même pas gagné un match. Il y a tout un déclin à interroger parce que le Ghana présente des joueurs de qualité, dans à peu près toutes les lignes, je pense qu’il y a un problème de sélectionneur, de management, de continuité, ils changent très souvent de coach et ça se paie.
Interview réalisée par
Ladji Madiheri DIABY
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