Oumar Ibrahima Touré, président de l’APR : «La fin de l’accord est une étape décisive»

Nous avons appris l’annonce de la fin de l’Accord d’Alger par le Porte-parole du gouvernement. La Transition a pris une décision courageuse. La fin de l’Accord est une étape décisive, importante. Il faut reconnaître que cet accord était dans l’impasse.

Publié lundi 29 janvier 2024 à 06:56
Oumar Ibrahima Touré, président de l’APR : «La fin de l’accord est une étape décisive»

Son applicabilité posait problème, et ce, avant la Transition. C’est pourquoi, depuis longtemps d’ailleurs, les Maliens réclamaient plutôt sa révision. Les Assises nationales de la refondation (ANR) avaient fait de sa relecture une de ses recommandations fortes. Malgré sa caducité, le gouvernement doit néanmoins poursuivre le dialogue entre les Maliens avec ceux qui s’inscrivent dans le sens de la vision du gouvernement, sans intermédiaires extérieurs, pour mieux entamer les actions de développement au profit des populations.

Ce sont des initiatives qui accompagnent les efforts dans le domaine de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme et de la paix. Après tant d’années de crise, d’épreuves et de déchirures, nous devons, dans une synergie de vues et d’actions, poursuivre les efforts de dialogue, puisant dans notre culture de paix, l’un des secrets et ferments de la nation malienne. Le Mali a toujours été une terre de dialogue et nous avons les ressources culturelles et les valeurs nécessaires pour nous comprendre entre Maliens.

 

Gouagnon Coulibaly, président de l’URD: «Aujourd’hui, nous sommes dans un autre processus»

L’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger a été signé en 2015 lorsque l’URD était dans l’opposition. Depuis les négociations et la signature de cet Accord, l’URD avait demandé à être associée à ce processus. Malgré nos réclamations, nous avons été  mis hors de ce processus. Et quand le document a été signé, nous avons pris connaissance du contenu. Nous avons relevé des points de désaccord.


L’URD avait dit qu’il y avait des germes de division du pays. Notre parti a attiré l’attention des dirigeants de l’époque sur cet état de fait. Ensuite, le parti a appris qu’il y avait des annexes signés, mais qui n’étaient  pas publiés. Nous avons dénoncé cette situation. Pour nous, quand c’est signé il faut que tout le Mali soit informé parce que cela nous engage. Après, nous avons demandé que cet Accord passe devant l’Assemblée nationale en débats pour que les représentants du peuple malien puissent savoir le contenu et si nécessaire, l’amender afin de l’adopter.

Cela n’a pas été non plus le cas. Donc, c’est un Accord que nous avons accepté  du fait qu’il a permis l’accalmie sur le terrain. Cet aspect a été bénéfique. Mais, nous pensions qu’au fil du temps, il allait y avoir la confiance entre les deux parties pour que certains points de l’Accord soient corrigés parce que le document prévoyait cette possibilité. Tel n’a pas été le cas.  Avec le temps, nous avons constaté que les mouvements signataires n’ont pas appliqué l’Accord. Les rebelles devaient d’abord déposer les armes en s’engageant dans le processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR). 

Ensuite, c’est dans cette situation que la Région de Kidal est devenue une enclave, inaccessible aux autorités maliennes. Il fallait avoir  des autorisations pour se rendre à Kidal, sur notre territoire. Et cela n’est pas normal. Cet état n’est pas dans l’Accord non plus. L’URD pense que l’Accord pour la paix et la réconciliation n’était pas appliqué par les mouvements signataires. Aujourd’hui, nous sommes dans un autre processus. Le gouvernement de Transition a lancé un processus de dialogue. Ce processus peut permettre à tous ceux qui veulent rester dans la République de se retrouver. Le fait de mettre fin à cet Accord est une bonne chose. Cet acte peut permettre de mettre les choses à plat. 


Dr Alhassane Gaoukoye, enseignant-chercheur : «Le Mali a choisi le bon moment pour dénoncer l’accord»

Depuis la signature de cet Accord, il y a eu beaucoup de problèmes. Le premier est l’application puisqu’il a été dit deux mois après, qu’il devrait y avoir le début de la mise en œuvre sous l’égide de la communauté internationale. Tout ce qui avait été dit au départ, n’a jamais été respecté. Il n’y a jamais eu  de désarmement des groupes armés, notamment le MNLA et le HCA qui sont devenus plus tard la CMA. Ils n’ont jamais accepté le DDR. En deuxième point, il y a eu d’énormes concessions, des additifs  à l’Accord. Si l’on prend  le cas des autorités intérimaires, cela ne faisait pas partie du bloc des négociations.

Mais, les deux parties l’ont mis. Les populations qui n’ont pas pris des armes se voient déjà frustrées. à Alger, ce sont les rebelles qui ont signé avec le gouvernement. Les sédentaires ont été exclus. La partie groupe armé était privilégiée grâce au soutien de la communauté internationale. à l’époque, le Collectif des ressortissants du nord (Coren) avait dénoncé et attiré l’attention du gouvernement sur cette anomalie. Le Mali a accepté de reconnaître l’Azawad dans ses dimensions mémorielles, géographiques, historiques, sociales et linguistiques. C’est déjà une reconnaissance officielle d’un territoire.


C’est comme si l’état malien a reconnu la  légitimité des groupes armés. Or, cet Accord n’a jamais été soumis à l’appréciation de l’Assemblée nationale, ni promulgué par le président de la République du Mali. En troisième ressort, il y a des aspects afférents aux réformes administratives, politiques et institutionnelles. Les gouverneurs de ces zones seront élus aux suffrages universels. Ceux-ci n’auront pas de compte à rendre au président de la République dans les secteurs de la sécurité, de l’extraction des ressources, de la gestion du terroir et de la coopération.


C’est l’atteinte à l’unité nationale. C’est comme si la communauté internationale reconnaît deux entités territoriales : le Mali et l’Azawad. Il faut se défaire de l’Algérie. Je crois, le Mali a choisi le bon moment  pour le dénoncer. Notre pays retrouve entièrement  sa souveraineté. Nous saluons l’action de la Transition. Le Mali a encaissé des coups durs. Il a été humilié sans que l’Algérie ne vienne au secours. Ce pays n’a jamais appelé la CMA à respecter les accords de 2015. Au contraire, l’Algérie est mécontente du fait que le Mali ait signé des accords avec la Fédération de Russie. 

Propos recueillis par

Namory KOUYATÉ

Namory KOUYATE

Lire aussi : 38è anniversaire de la disparition du président Thomas Sankara : le message d’hommage du capitaine Ibrahim Traoré

À l’occasion du 38è anniversaire de l’assassinat du Président Thomas Isidore Noël Sankara, le chef de l’État burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a rendu un vibrant hommage au père de la Révolution d’août 1983.

Lire aussi : Décès de l’ancien Premier ministre Soumana Sako: la Nation perd un homme d´Etat

L’ancien Premier ministre Soumana Sako a tiré sa révérence, ce mercredi 15 octobre 2025. Né en Nyamina en 1950, Soumana Sako a obtenu le Diplôme d’étude fondamentale (DEF) en juin 1967 et le Bac trois ans plus tard, en se classant dans les cas deux Premier national.

Lire aussi : Environnement : Les femmes de Siby à l’avant-garde de la sauvegarde

En plus d’être de ferventes agricultrices, les femmes de Siby sont aussi de véritables gardiennes de la nature. Elles assurent la protection de l’environnement avec leur savoir-faire.

Lire aussi : Journée internationale de la femme rurale : Hommage aux «NYeléni» de Siby

C’est aujourd’hui qu’on célèbre la Journée internationale de la femme rurale. À cette occasion, nous sommes allés à la rencontre des braves femmes de Siby dont la principale activité est de travailler la terre pour garantir la sécurité alimentaire dans la communauté et assurer leur a.

Lire aussi : Kangaba : Démarrage des travaux du principal caniveau

Les travaux de construction du principal caniveau qui traverse la ville de Kangaba ont démarré le jeudi 9 octobre. Ils sont financés par le budget de la Commune rurale de Minidian pour un montant total de 47.496.416 Fcfa. Le premier coup de pelle a été donné par le maire de cette commune, Mamb.

Lire aussi : Diéma : Des consignes claires pour éviter une pénurie de carburant

Le 2è adjoint au préfet de Diéma, Attayoub Ould Mohamed, à la tête d’une délégation restreinte, comprenant le 2è adjoint au maire de la Commune rurale de Diéma, Nakounté Sissoko, le chef du service subrégional du commerce et de la concurrence, Mamby Kamissoko, et des éléments des Forc.

Les articles de l'auteur

Pr Franklin Nyamsi : «On en veut au Mali pour avoir délogé des troupes néocolonialistes occidentales et onusiennes»

Dans cet entretien, le président de l’Institut de l’Afrique des libertés apporte son éclairage sur les stratégies de guerre informationnelle et le «terro-journalisme». Pr Franklin Nyamsi évoque aussi les décisions courageuses prises par les autorités maliennes.

Par Namory KOUYATE


Publié mardi 14 octobre 2025 à 08:13

Cercle de Kignan : La CACK portée sur les fonts baptismaux

Le samedi 27 septembre 2025 fera date dans les annales du tout nouveau Cercle de Kignan, dans la Région de Sikasso. Un nouveau bébé est né. Il s'agit de la Coordination des associations du Cercle de Kignan, en abrégé (CACK) qui a vu le jour au Palais de la culture Amadou Hampaté Bâ..

Par Namory KOUYATE


Publié vendredi 10 octobre 2025 à 11:54

Coopération bilatérale : L’ambassadeur qatari en fin de mission fait ses adieux à notre pays

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a offert hier un déjeuner d’adieu à l’ambassadeur de l’Etat du Qatar, Ahmed Abdul Rahaman Mohammed Al Senaidi, en fin de mission après sept ans dans notre pays. Le doyen du corps diplomatique qui s’apprête à quitter le Mali a beaucoup contribué au renforcement des relations de coopération bilatérale entre les deux États..

Par Namory KOUYATE


Publié vendredi 10 octobre 2025 à 11:49

Le chef de la diplomatie mauritanienne en visite au Mali : «Je suis venu transmettre un message de solidarité, de paix et de stabilité au peuple malien»

Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Mauritaniens de l’extérieur, Mohamed Salem Ould Merzoug, a fait cette déclaration, hier, à l’issue de son audience avec le Chef de l’État au palais de Koulouba.

Par Namory KOUYATE


Publié jeudi 09 octobre 2025 à 07:37

Approvisionnement du pays en carburant : Les cinq mesures édictées par le premier ministre

Il s’agit de la coordination et de la concertation, de la sécurisation des convois et des travaux critiques, de l’approvisionnement et la distribution, de l’accompagnement des opérateurs victimes et de la diplomatie.

Par Namory KOUYATE


Publié lundi 06 octobre 2025 à 07:50

Réformes de l’enseignement : Les lumières d’un maître de conférences

Dr Moriké Dembélé de la Faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation (FSHSE) de l’Université Yambo Ouologuem de Bamako (UYOB) passe au peigne fin les différentes réformes du secteur de l’éducation, y compris les griefs et les manquements. Le spécialiste en sciences de l’éducation propose une refonte majeure des contenus d’enseignement avec à la clé l’apport d’une équipe de technocrates.

Par Namory KOUYATE


Publié mercredi 01 octobre 2025 à 08:41

In memoriam : Aboubacar Traoré repose désormais au cimetière de Lafiabougou à Sikasso

Détenteur d’une Maîtrise en droit, Aboubacar Traoré intègre la Rédaction de L’Essor en 2018. Au Desk politique, il s’est fait vite remarquer par son professionnalisme, son sérieux et surtout sa disponibilité. Ses anciens collaborateurs se souviennent d’un homme respectueux, jovial et très pieux.

Par Namory KOUYATE


Publié mardi 30 septembre 2025 à 08:53

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner