L’Essor :
Vous avez disparu des écrans radars depuis quelques années. Que faîtes-vous
actuellement ?
Cheick
Tidiane Diabaté : Je voudrais d’abord saluer tous les Maliens, ça fait un
grand plaisir pour moi de venir chez moi. Je suis à l’étranger, précisément en
France. Je ne joue plus au football, j’ai décidé de mettre un terme à ma
carrière, il y a 2 ans maintenant. Cette décision n’a pas plu à beaucoup de
gens et je comprends bien leur frustration car ils souhaitaient que je continue
à jouer. L’heure est venue pour moi d’accompagner mes cadets et je reste à la
disposition de mon pays. Je serai au stade demain (aujourd’hui, ndlr) pour
soutenir mes cadets qui jouent un match très important contre le Ghana. Je ne
pouvais rater ce rendez-vous de l’équipe nationale.
L’Essor :
Que faites-vous maintenant ?
Cheick
Tidiane Diabaté : Je m’occupe pleinement de mes affaires qui sont
l’élevage et la commercialisation de l’huile pour moteur. J’ai un grand
champ situé non loin de Bamako et quand je viens au pays, je passe la plupart
de mon temps dans mon champ. J’ai un grand amour pour l’élevage, cet amour a
débuté bien avant ma retraite. Là où se trouve mon champ, beaucoup de gens
pensent que je suis peulh.
J’ai plus de 100 têtes de vaches et chaque matin mes
vaches produisent plus de 150 litres de lait. Je suis un vrai berger et tous
mes enfants viennent au champ pendant les vacances. C’est d’ailleurs à travers
ce champ que je me suis intéressé à la commercialisation de l’huile de moteur
et cela marche bien. Jusqu’au moment où je vous parle, il y a des clubs en Iran
et en Türkiye qui souhaitent me faire signer, mais j’ai tourné la page du
football et je suis désormais focus sur mon champ et la commercialisation de
l’huile de moteur.
L’Essor :
Quels sont vos projets pour le Mali ?
Cheick
Tidiane Diabaté : Mon plus grand projet pour mon pays dans l’immédiat,
c’est d’accompagner mes jeunes frères afin que notre pays puisse avoir la
première Coupe d’Afrique des nations et aussi avoir la qualification pour le
Mondial. Le Mali m’a tout donné et notre génération malgré deux troisièmes
places à la CAN, n’a pu offrir une coupe à notre pays. Il est grand temps que
les anciens viennent aider les cadets afin que les supporters puissent avoir
une étoile sur le maillot du Mali. En tout cas, nous allons nous impliquer
davantage pour que notre pays puisse inscrire son nom au palmarès de la CAN.
L’Essor :
Il y a deux mois, vous avez lancé un cri de cœur en demandant aux autorités de
la Transition d’aider les anciens footballeurs à trouver du travail. Qu’est-ce
qui vous a poussé à prendre une telle initiative ?
Cheick
Tidiane Diabaté : J’ai parlé de ça, il y a deux mois sur un plateau télé,
car beaucoup de mes coéquipiers en sélections minimes, cadettes, juniors et
senior n’ont pas eu la chance d’avoir des contrats à l’extérieur et sont dans
des situations de précarité. La plupart n’ont même pas de moyens de déplacement
et quand je les vois circuler sur des engins à deux roue, ça me fait mal. Ces
joueurs ont porté le maillot de l’équipe national et défendu le Drapeau du
Mali, pour moi, ils méritent une reconnaissance de la nation. Je demande donc à
l’État d’examiner la situation de ces anciens internationaux et voir comment
les aider à subvenir aux besoins de leurs familles. J’interpelle donc les
autorités du pays sur le cas de mes anciens coéquipiers.
L’Essor :
Les Aigles doivent affronter le Ghana et Madagascar lors des 3è et 4è journées
des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Comment voyez-vous ces deux
rencontres ? Pensez-vous que le Mali a aujourd’hui les moyens de se
qualifier à la phase finale du Mondial derrière laquelle notre pays court
depuis plus d’un demi-siècle ?
Cheick
Tidiane Diabaté : Ces deux matches sont cruciaux pour notre pays. Je
demande à mes cadets de tout simplement gagner les deux matches surtout le
match contre le Ghana à domicile. Tous les matches sont importants, mais quand
on joue à domicile, c’est encore plus important. Il y aura beaucoup de
supporters jeudi au stade du 26 Mars et il faut leur faire plaisir et aller
confirmer cette victoire en Afrique du Sud face à Madagascar.
J’ai eu
l’occasion d’échanger avec les joueurs lors de ma visite, mardi 4 juin à
Kabala. C’était pour les galvaniser et leur dire que nous sommes là pour les
soutenir et les pousser vers la victoire. On veut la victoire jeudi contre le
Ghana. Le Mali a tout connu, finaliste, deux fois troisième, quatrième, il ne
manque plus que la coupe et la qualification au Mondial. Que mes cadets fassent
le nécessaire afin que nous puissions atteindre ces deux objectifs, à
savoir le trophée de la CAN et la participation à la prochaine Coupe du monde.
L’Essor :
En 2012, vous avez marqué contre le Ghana lors de la phase finale de la CAN. Si
vous aviez un conseil à donner à vos cadets, que leur diriez-vous à quelques
heures des retrouvailles avec la sélection ghanéenne ?
Cheick Tidiane Diabaté : J’aimerais bien qu’ils pensent aux supporters, au peuple malien. Qu’ils se concentrent dans le jeu et fassent attention à cette équipe ghanéenne qui fera tout pour arracher la victoire et il ne faut pas que les joueurs tombent dans leur piège. J’ai confiance en eux et qu’ils fassent rêver les Maliens. Je leur souhaite bonne chance et que les Maliens prient beaucoup pour eux.
L’Essor : Sur le plan sportif, quel est aujourd’hui votre plus grand rêve,
vous qui avez porté le maillot de la sélection pendant de longues années ?
Cheick
Tidiane Diabaté : Mon plus grand rêve est de voir mes cadets remporter la
Coupe d’Afrique des nations. Qu’on fasse le nécessaire afin d’être au prochain
Mondial. On peut bel et bien le faire, il suffit simplement d’y croire et que
les autorités continuent d’accompagner les joueurs. Je remercie mes cadets de
l’accueil chaleureux qui nous a été réservé lors de notre visite et de la
considération qu’ils portent pour les anciens. Personnellement, je serai
toujours disponible pour leur prodiguer des conseils et les aider à écrire leur
propre histoire. Nous n’avons pas, nous et nos devanciers, réussi à offrir la
CAN au Mali, ils portent désormais les espoirs du pays et je suis convaincu
qu’ils peuvent accomplir cette mission. Qu’Allah bénisse notre cher et beau
pays !
Interview
réalisée par
Djeneba BAGAYOGO
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