
«L’exploitation du charbon est mauvaise pour la santé et détruit
la forêt», regrette un habitant de Sélingué. Il s’agit de Sékou Keïta,
exploitant de charbon de bois depuis plus de 15 ans. Il soutient que la
production du charbon a fait qu’il n’y a plus d’arbre, d’où la hausse du prix
du charbon dans certaines zones.
Conscient des effets néfastes de cette activité
sur les forets, M Keïta avoue ne pas avoir d’autres choix pour subvenir aux
besoins de sa famille que d’exploiter la forêt. «En réalité, nous dépendons de
l’exploitation du bois, car nous n’avons pas d’autres activités génératrices de
revenus après l’hivernage», confie-t-il.
De même, Mme Bagayoko Bintou Diarra, ménagère, reconnaît
qu’il n’y a pas de familles qui n’utilisent du charbon et du bois pour la
cuisine ou à d’autres fins. Elle soutient également que l’homme, dans la quête
de satisfaction de ses besoins vitaux, porte atteinte aux ressources naturelles
à sa disposition. «L’utilisation ou la commercialisation du bois-énergie est
une source de revenus et aussi un besoin vital pour de nombreuses familles
maliennes», dit-elle.
Vendeur de bois de chauffe, Adama Traoré confirme que la
coupe de bois est une activité rentable, donc un gagne-pain. Il ne s’imagine
pas renoncer pour l’instant à cette activité. «Mais, nous faisons en sorte de
ne pas toucher aux domaines classés sur instruction des agents des eaux et forêts»,
souligne le vendeur de bois. à côté de lui, est assise Mariam Bagayoko, une
vendeuse de charbon de bois.
Elle évolue dans ce secteur d’activité depuis plus
d’une décennie, sans pour autant être inquiétée. «Pour produire le charbon, il
faut aller très loin dans des zones éloignées. Cette situation est due au fait
qu’il n’y a plus de bois dans les zones environnantes», fait-elle savoir.
Mariam Bagayoko peut, avec le soutien d’autres personnes, produire 100 sacs de
charbon par mois. Elle ignore superbement les effets néfastes de son activité
sur l’environnement.
Contrairement à Mariam Bagayoko, Moussa Diakité, étudiant
environnementaliste, est bien conscient du désastre provoqué par l’utilisation
du bois-énergie. Notre interlocuteur en veut aux agents des eaux et forêts qui,
dit-il, sont souvent complices.
Des chiffres qui parlent- La production et l’utilisation du
bois-énergie constituent un besoin essentiel pour les êtres humains, mais elles
sont aussi les principaux facteurs de la déforestation. Ces activités entraînent
de fortes émissions de carbone et cela constitue un gaspillage des ressources
en bois.
Selon les chiffres présentés en juillet 2018 par les autorités en
charge de l’énergie, la biomasse représente environ 80 % de la consommation énergétique
nationale, les produits pétroliers 16%, l’électricité 3% et les énergies
renouvelables hors hydroélectricité ne représentent que seulement 1%. Ces statistiques
sont implacables.
Aussi, l’inventaire forestier réalisé par le programme
Alliance globale contre le changement climatique (AGCC-Mali) en 2014 dans les Régions
de Kayes Koulikoro, Ségou, Sikasso et le District de Bamako indique que l’offre
en bois énergie est estimée à 98.346.306 tonnes tandis que la demande est
d’environ 6.724.570 tonnes par an, soit 7% de l’offre.
Lors d’une conférence-débats sur la problématique du bois énergie,
organisée par l’Union européenne en novembre dernier, les conférenciers
(experts des eaux et forêts) ont estimé que l’exploitation commerciale du bois-énergie
constitue une activité plus importante. En effet 87,53% du bois-énergie sont
commercialisés sous forme du charbon du bois contre 12,47 % sous forme de bois
de chauffe.
Selon les mêmes experts, la consommation du charbon de bois
est beaucoup plus élevée à Bamako : 13.553.631,852 de tonnes par an. Celle
du bois de chauffe est de l’ordre de 1.113.045,492 tonnes par an. à ce titre,
les experts estiment que le potentiel des forêts est insuffisant pour subvenir
aux besoins de la population en bois-énergie. En effet, selon le Système
d’information forestier (Sifor 2022), la superficie forestière du pays est de
34.741.210 hectares, soit 30% du territoire national. Faut-il rappeler que le
bois-énergie correspond à l’utilisation du bois de chauffe ou du charbon de
bois pour le chauffage, l’électricité ou encore la cuisson.
Il est source de
revenus pour les ménages les plus modestes mais peut exercer une forte pression
sur la biodiversité, particulièrement sur les forêts. Le nombre de personnes dépendantes du bois-énergie
n’a cessé de croître ces dernières années dans notre pays. Utilisé directement
comme bois de chauffe ou transformé en charbon, le bois-énergie constitue la principale
source d’énergie pour la population malienne.
Toutefois, la loi n°10-028 du 12
juillet 2010 définit les conditions de conservation, de protection,
d’exploitation, de transport, de commercialisation, de mise en valeur et
d’utilisation durable des ressources forestières. En la matière, elle stipule
dans ses articles 32 et 33 que : «Toute exploitation dans le domaine
forestier national est subordonnée à l’élaboration d’un plan d’aménagement».
Placé sous la gestion et le contrôle du ministère de l’Environnement
et du Développement durable à travers la direction des eaux et forêts, le
domaine forestier subit ces dernières années de fortes pressions liées aux
activités comme la coupe abusive du bois, l’orpaillage et les feux de brousse.
Certains acteurs opèrent dans l’informel et échappent le plus souvent au contrôle
du service des eaux et forêts.
Les agents forestiers sont déployés sur toute l’étendue
du territoire, mais leur effectif réduit ne permet pas de contrôler l’ensemble
de nos forêts. De nombreuses conférences de sensibilisation organisées par les
acteurs de l’environnement sur le phénomène, n’ont pas permis aux exploitants
du bois-énergie de comprendre l’intérêt de la préservation des forêts. Aussi,
faut-il reconnaître que les alternatives proposées ne sont pas à la portée de
tous.
Des alternatives- Face à la dégradation accentuée des
ressources forestières, il est urgent d’agir et de façon cohérente. Ainsi, un
certain nombre d’études ont été commanditées par les autorités pour
diagnostiquer le mal et y trouver des remèdes.
Une étude préliminaire sur la réforme
du contrôle forestier réalisée par Koni Expertise en 1995 et présentée, lors de
la conférence-débats sur le bois-énergie en novembre dernier, par un expert de
la direction nationale de l’énergie, confirme cette dégradation. L’étude met
beaucoup plus l’accent sur le flux des produits forestiers et surtout sur la
consommation en bois-énergies du District de Bamako.
Face aux effets néfastes des périodes de sècheresse et des
aléas climatiques combinés à celles de l’exploitation abusive du bois énergie,
le gouvernement a initié des actions de promotion visant à trouver des
alternatives au bois-énergie dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine
forestier, a indiqué Oumar Alasane Maïga, chef de division à la direction
nationale de l’énergie, lors de la conférence-débat.
Ainsi, plusieurs projets
de promotion des équipements améliorés de cuisson et des combustibles de
substitution au bois-énergie ont été mis en œuvre par les structures techniques
de l’État et des partenaires privés. Du côté étatique, il y a le Programme
national de promotion du gaz butane (PNPGB), le Projet énergie domestique et
accès aux services de base en milieu rurale (PEDASB 2004-2009), le Programme
African Bio-Digester Component (ABC) qui prévoit l’installation de 6.000
bio-digesteurs d’ici à 2028.
A ces initiatives, s’ajoutent celles des promoteurs privés.
En la matière, le groupe Yirimex-SA, dans l’objectif de réduire la déforestation
et diminuer les émissions des gaz à effet de serre, a mis au point des
fourneaux améliorés et des briquettes combustibles à base de déchets agricoles
comme les coques d’arachide, les pailles de riz et les tiges de coton. Le
groupe espère ainsi répondre, selon son président, à l’insuffisance énergétique
au Mali et contribuer à la lutte contre la déforestation.
Sauf que cette
alternative et bien d’autres ne sont pas faites pour toutes les bourses. Mme
Bagayoko Bintou Diarra déplore : «Les alternatives qui existent
actuellement ne sont pas à la portée des consommateurs». Selon elle, le gaz
butane coûte aujourd’hui 7.000 Fcfa et les foyers améliorés varient entre
10.000 et 25.000 Fcfa
Anne Marie KEITA
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