Daouda Tékété à propos de son nouveau livre : Les dirigeants de l’AES sur les traces de Modibo Keïta, Bakary Djibo et Thomas Sankara

«Genèse de l’Alliance des États du Sahel (AES) et héritages de Modibo Keïta, de Bakary Djibo et de Thomas Sankara», est le nom du livre offert au Président de la Transition, le Général d’armée, Assimi Goïta par Daouda Tékété, en marge de la remise du rapport général sur l’harmonisation des symboles de l’État.

Publié mercredi 21 mai 2025 à 07:40
Daouda Tékété à propos de son nouveau livre : Les dirigeants de l’AES sur les traces de Modibo Keïta, Bakary Djibo et Thomas Sankara

L’écrivain, dans son ouvrage de 298 pages édité par l’Harmattan, soutient que l’émergence et le développement de cette Confédération requièrent une démarche s’inspirant essentiellement des traditions authentiques africaines de gouvernance et des expériences de combats menés par ces illustres devanciers pour vaincre l’adversité


L’Essor : Pourquoi ce livre en ce moment ?

Daouda Tékété : Ce livre, je l’ai fait, il faut le préciser, avec une approche de journaliste. Nous les journalistes, nous travaillons toujours sur l’actualité. Aujourd’hui, l’actualité en Afrique tout entière, c’est l’AES. C’est une expérience unique par les temps qui courent, que trois pays africains cherchent à s’unir dans la marche vers la création d’une fédération, en créant d’abord une confédération, partie de la nécessité de la création d’une communauté de sécurité. Parce que, confrontés aux mêmes réalités sur le plan intérieur et extérieur, les trois pays ont estimé bon de mutualiser leurs efforts pour faire face aux agressions fomentées de l’extérieur.

C’est une première. Par le contenu, mais par la forme, ça a existé avant. On a vu par exemple, l’Accord de non-agression, qui avait été initié en 1977 par neuf pays francophones d’Afrique de l’Ouest. Ensuite, on est arrivé à l’Accord de non-agression et de défense mutuelle. Tout cela en Afrique de l’Ouest. Et c’était dans le cadre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Mais nous avons vu que toutes ces tentatives de création de communautés sécuritaires ont battu de l’aile, parce que les contradictions entre les différents Chefs d’État ont fait que ça ne pouvait pas avoir l’effet escompté dès le départ. Pour preuve, la guerre au Libéria, en 1989, lorsque l’Accord de non-agression et de défense mutuelle avait été signé par les pays de la Cédéao. À l’époque, on a vu qu’avec la guerre du Libéria, ils n’ont pas pu s’entendre sur une position commune.

Heureusement, nous sommes arrivés aujourd’hui à l’accord de l’Alliance des États du Sahel, qui a été d’abord initialement une clause de mutualisation des efforts sur le plan militaire afin de faire face à un énorme défi. Les trois Chefs d’État ont la même motivation : faire en sorte qu’en mutualisant les efforts, ils puissent vaincre le terrorisme dans notre sous-région. Ils ont compris qu’il faut aller au-delà de l’accord pour la création d’une communauté sécuritaire pour créer une Confédération, dans la perspective d’une fédération.

Donc, pour accompagner ces efforts-là, surtout avec la présidence de l’AES par le Mali, à travers le Général d’armée, Assimi Goïta, il faudrait que je fasse en sorte que tout cela ne soit pas falsifié, dans l’avenir, par des historiens au nom d’intérêts sordides qui ne correspondent pas aux nôtres.

J’ai essayé de faire ce livre, non seulement pour accompagner la présidence du Mali et l’AES, mais également faire en sorte que pour l’avenir, les gens puissent voir les réalités profondes qui ont motivé la volonté des trois Chefs d’État, dans la création de cette Confédération.

 

L’Essor : Que peut-on retenir de cet ouvrage ?

Daouda Tékété : La genèse de l’AES ne date pas de la période des signatures de la Charte du Liptako-Gourma, le 16 septembre 2023. Il faut comprendre les motivations qui ont conduit à cela. Et ces motivations remontent depuis nos empires, parce que les populations dont ces Présidents sont en train de prendre en charge les préoccupations, ont tissé des liens depuis des siècles. J’ai fait ressortir cet aspect et ensuite, j’ai montré qu’en réalité, c’est en partant des insuffisances, des tentatives de regroupement de ces trois pays-là que les Chefs d’État sont arrivés à l’étape actuelle à laquelle nous sommes, depuis l’accord de création de l’Autorité du Liptako-Gourma en 1970, les étapes par lesquelles elle a évolué jusqu’à l’Alliance des États du Sahel.

 

L’Essor : En quoi les Présidents Modibo Keïta du Mali, Bakary Djibo du Niger et Thomas Sankara du Burkina-Faso doivent nous inspirer ?

Daouda Tékété : Le fond est spirituel, ce n’est pas seulement matériel, contrairement à ce que les gens pensent. Parce que déjà, quand on prend la dénomination de la Charte à partir de laquelle, on arrive à la création du Liptako-Gourma qui est une terminologie peule, cela signifie quelque chose qui ne peut jamais disparaître avec la volonté divine. Ce sont des prières qui ont été faites en amont pour sa création. Ces trois grands hommes qui ont marqué l’histoire contemporaine de leurs pays, Modibo Keïta, Bakary Djibo et Thomas Sankara, leur combat était la création d’un État fédéral africain. Et dans ce combat, j’ai vu à bien des égards qu’ils avaient les mêmes façons de voir et de vouloir faire.

Ainsi, je me suis dit que dans ces conditions, il faudrait que je fasse ressortir leur parcours afin d’inspirer, pas seulement les Chefs d’État, mais tous ceux qui ont à cœur, de faire en sorte que l’État fédéral à partir de la Confédération soit une réalité. Tout cela pour montrer un peu les difficultés que nous devons surmonter et ce que nous devons éviter et faire de façon précipitée par rapport à l’expérience de la Fédération du Mali.

Les toutes premières tentatives de création d’États fédéraux en Afrique, sont toujours parties de l’Afrique occidentale. Par exemple, l’Union Ghana-Guinée-Mali qui est devenue le 1er juillet 1961, l’Union des États africains. L’article 4 de la Charte de l’Union des États africains est repris par la Charte du Liptako-Gourma.

En faisant ressortir un peu tout cela, j’ai voulu montrer que ce vent qui avait soufflé en amont depuis les grands empires, à un moment donné de l’évolution de notre histoire, a donné l’impression de s’être dissipé. Ce vent est en train de renaître et de souffler avec plus de vigueur. Alors, c’est ce que j’ai voulu faire en montrant le combat, le parcours de ces trois grands hommes Modibo Keïta, Bakary Djibo et Thomas Sankara qui ont marqué l’histoire contemporaine du continent africain.

 

L’Essor : Est-ce que leur héritage est un symbole, un repère pour l’AES ?

Daouda Tékété : Mon message, c’est de faire en sorte que nous tirions les leçons de notre histoire authentique, mais notre histoire vue par nous-mêmes et non celle qui nous est racontée par des intérêts extérieurs à nos pays et à nos aspirations. Aujourd’hui, quand on va un peu partout au Niger, au Burkina, au Mali, même si on ne le dément pas à tout vent, on voit qu’il y a une tentative de refonder l’État allant jusqu’à mettre par exemple au Mali, la création du ministère en charge de la Refondation de l’État.

Parce qu’on a de plus en plus conscience que les États que nous avons encore sont essentiellement hérités de la colonisation. Et pour qu’on arrive à faire en sorte que nous allions vers une fédération, il faut qu’on refonde ces États-là, en s’inspirant de nos systèmes authentiques africains de gouvernance. Qu’est-ce qui a fait qu’avec ce système de gouvernance-là, nous avons pu mettre en place des grandes entités politico-historiques qui ont régné des siècles durant dans une relative stabilité politique, économique, sociale et culturelle ? Ces connaissances sont là, il faut les adapter au contexte actuel.

Propos recueillis par

Namory KOUYATE

Lire aussi : Projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale : Un atelier de partage et d’appropriation avant sa remise au chef de l’Etat

En prélude à la remise officielle de son rapport au Président de la Transition, la Commission de rédaction du projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale organise à partir du dimanche prochain, un atelier national sous la présidence du Premier ministre, le Général.

Lire aussi : Mossa Ag Attaher sur le Forum international de la diaspora : « C’est un moment historique »

Le Forum international de la diaspora (FID) s’ouvre aujourd’hui à Bamako pour trois jours. À cette occasion, le ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine nous a accordé une interview dans laquelle, il explique les enjeux et les attentes de cette 1ère é.

Lire aussi : Audiences à la Primature : Le Premier ministre à l’écoute du HCC et de la CNDH

Le Premier ministre, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Général de division Abdoulaye Maïga a reçu successivement en audience hier à la Primature, des membres du Haut conseil des collectivités (HCC) et les commissaires de la Commission nationale des droi.

Lire aussi : États-Unis/Mali : Relance de la coopération bilatérale

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, accompagné de son collègue de la Sécurité et de la Protection civile, le Général de division Daoud Aly Mohammedine, a eu, hier, une séance de travail avec une délégation américaine conduite par le d.

Lire aussi : Cinsère-ANR : Le point de la digitalisation de l’administration

Le ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, Bakary Traoré a eu une séance de travail, mercredi dernier, avec le Comité indépendant de suivi évaluation de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la Refondation (Cinsere-ANR)..

Lire aussi : Financement des partis politiques : La Cour suprême annonce un audit

Cet exercice de transparence et de vérification concerne les fonds publics alloués aux formations politiques sur la période de juillet 2000 à mai 2025. C’est l’une des recommandations des consultations des forces vives de la Nation sur la relecture de la Charte des partis politiques, tenues .

Les articles de l'auteur

Projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale : Un atelier de partage et d’appropriation avant sa remise au chef de l’Etat

En prélude à la remise officielle de son rapport au Président de la Transition, la Commission de rédaction du projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale organise à partir du dimanche prochain, un atelier national sous la présidence du Premier ministre, le Général de division Abdoulaye Maïga. Participeront à cette rencontre, les gouverneurs, les représentants des régions, des ambassades, de la diaspora et ceux de la presse..

Par Namory KOUYATE


Publié vendredi 18 juillet 2025 à 09:04

Mossa Ag Attaher sur le Forum international de la diaspora : « C’est un moment historique »

Le Forum international de la diaspora (FID) s’ouvre aujourd’hui à Bamako pour trois jours. À cette occasion, le ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine nous a accordé une interview dans laquelle, il explique les enjeux et les attentes de cette 1ère édition. Mossa Ag Attaher a saisi.

Par Namory KOUYATE


Publié jeudi 17 juillet 2025 à 07:52

Audiences à la Primature : Le Premier ministre à l’écoute du HCC et de la CNDH

Le Premier ministre, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Général de division Abdoulaye Maïga a reçu successivement en audience hier à la Primature, des membres du Haut conseil des collectivités (HCC) et les commissaires de la Commission nationale des droits de l’Homme (Cndh). Les deux délégations étaient conduites par leurs présidents, respectivement Mamadou Satigui Diakité et Pr Alkadri Diarra.

Par Namory KOUYATE


Publié vendredi 11 juillet 2025 à 07:30

États-Unis/Mali : Relance de la coopération bilatérale

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, accompagné de son collègue de la Sécurité et de la Protection civile, le Général de division Daoud Aly Mohammedine, a eu, hier, une séance de travail avec une délégation américaine conduite par le directeur adjoint de la lutte contre le terrorisme au Conseil de sécurité nationale des États-Unis, Rudolph Atallah..

Par Namory KOUYATE


Publié jeudi 10 juillet 2025 à 08:13

Cinsère-ANR : Le point de la digitalisation de l’administration

Le ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, Bakary Traoré a eu une séance de travail, mercredi dernier, avec le Comité indépendant de suivi évaluation de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la Refondation (Cinsere-ANR)..

Par Namory KOUYATE


Publié vendredi 27 juin 2025 à 09:01

Financement des partis politiques : La Cour suprême annonce un audit

Cet exercice de transparence et de vérification concerne les fonds publics alloués aux formations politiques sur la période de juillet 2000 à mai 2025. C’est l’une des recommandations des consultations des forces vives de la Nation sur la relecture de la Charte des partis politiques, tenues les 28 et 29 avril 2025 à Bamako.

Par Namory KOUYATE


Publié jeudi 19 juin 2025 à 08:30

Le ministre Daoud Aly Mohammedine dans Mali Kura Taasira 3 : «La situation sécuritaire est sous contrôle»

Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile était l’invité de l’émission Malikura Taasira 3 hier soir sur la télévision nationale. Le Général de division Daoud Aly Mohammedine a saisi l’opportunité pour faire le point de la situation sécuritaire et évoquer les grands chantiers de son département, avec à la clé, le recrutement, la formation et l’équipement des hommes et des femmes pour assurer le maillage sécuritaire du territoire.

Par Namory KOUYATE


Publié mercredi 18 juin 2025 à 08:24

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner