
Les
Forces armées maliennes (FAMa) ont lancé de vastes opérations de redéploiement
sur l’ensemble du territoire national. Ces actions entrent dans le cadre des
activités de rétrocession des emprises de la Mission multidimensionnelle
intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) à l’Armée
nationale et républicaine.
Cela conformément à la résolution 2690 du 30 juin
2023 du Conseil de sécurité des Nations unies prise à la demande de retrait de
la Mission onusienne formulée par le gouvernement malien. Objectif :
assurer un meilleur maillage territorial afin d’assurer sa mission régalienne
de défense de l’unité et de l’intégrité du territoire, et de garante de nos
libertés individuelles et collectives.
Le déclenchement de ces opérations que
l’Armée promet de mener à terme, permettra de mettre fin à ce qui n’était qu’un
secret de polichinelle : l’économie criminelle qui constitue le moteur principal de la violence
au Nord du Mali où différents groupes armés se livrent une lutte d’influence
pour prendre le contrôle de cette plaque tournante des trafics illicites en
tout genre.
L’annonce
de la rétrocession des camps situés dans ces zones-là notamment celui de Ber
aux FAMa a fait perdre à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) sa
sérénité. Cette organisation séparatiste hybride (terroriste la nuit et rebelle
le jour) a, dans des messages et déclarations à peine voilés, menacé de faire
vivre l’enfer aux populations du Nord, afin de mettre en échec le processus
d’installation de l’Armée dans les zones qu’elle considère comme sa chasse
gardée.
Ces déclarations va-t’en-guerre ont été suivies d’actes odieux
assimilables à un crime de guerre, notamment l’attaque du bateau Tombouctou,
contre les camps de Bamba, Léré, Bourem... Cette monstruosité inouïe dans
l’histoire contemporaine du Mali qui rappelle l’exécution sommaire à Aguelhok
en 2012 d’une centaine de militaires maliens désarmés a révélé au grand jour
les raisons véritables de l’aveuglement de la CMA et de ses complices
terroristes à vouloir vaille que vaille contrôler les entrées et sorties des
principales voies de transit des personnes et leurs biens.
Des
sources crédibles assurent que la présence de l’Armée à Ber (petite ville
située à 60 km à l’Est de Tombouctou), puis à Tessalit et Aguelhok prive
l’alliance nébuleuse des terroristes et des indépendances d’une source
importante de revenus. Grâce au racket sur le commerce des marchandises, ces
forces hors la loi gagnaient beaucoup d’argent pour renflouer leurs caisses.
«Laisser Ber aux mains de l’État est une perte énorme pour la CMA.
Depuis 2012,
il n’y a pas un représentant de l’État à Ber alors que cette ville est un
carrefour commercial. On ne quitte pas Gao pour Tombouctou sans passer par Ber,
que ce soit par la route ou la voie fluviale. Donc, les impôts, les taxes et
autres rançons étaient récupérés par la CMA et les djihadistes. C’est une manne
qu’ils vont perdre après la prise de Ber par l’Armée. Perdre Ber pour la CMA,
c’est aussi perdre son deuxième bastion après Kidal. Alors dès que l’Armée a
occupé Ber après le départ de la Minusma, le 13 août dernier, ils s’en sont
pris à nos militaires et aux populations civiles en imposant un blocus sur
Tombouctou», confirme l’ancien député de Tombouctou, El Hadji Baba Haïdara dit
Sandy.
POUVOIR
MILITAIRE ET ÉCONOMIQUE- Ces révélations troublantes sont corroborées par les
résultats de plusieurs années de recherches conduites par des sommités. L’écrivaine
et enseignante-chercheure au Center for Global Studies de l’Université
internationale de Rabat, Beatriz Mesa, attirait déjà l’attention sur cette
mafia. «L’économie criminelle constitue le moteur principal de la violence au
Nord du Mali où différents groupes armés se livrent une bataille d’influence
pour prendre le contrôle de cette plaque tournante des trafics illicites»,
soulignait-elle, lors de la présentation de son ouvrage «Les groupes armés
au Sahel : conflit et économie criminelle au Nord du Mali». C’était lors de la
27è édition du Salon international de l’édition et du livre (Siel).
Docteure en
sciences politiques de l’Université de Grenoble, elle est
enseignante-chercheure à l’Université Gaston-Berger et chercheure permanente au
Laboratoire d’analyse des sociétés et pouvoirs/Afrique-Diasporas (LASPAD).
Chargée de cours et membre de l’équipe de recherche du Center for Global
Studies de l’Université internationale de Rabat (UIR) depuis 2015, Beatriz Mesa
travaille sur la sécurité, la géopolitique, les frontières, la migration,
l’islam politique, les conflits, les groupes armés et l’économie criminelle au
Maghreb et au Sahel, avec plus de 15 ans d’expérience comme chroniqueuse
internationale sur l’Afrique.
C’est
au regard de cette expérience qu’elle peut se permettre d’apprécier. «Tous ces
groupes armés que vous voyez aujourd’hui ont proliféré et se sont disséminés à
partir de cette économie criminelle. En créant un groupe armé, on peut
contrôler un territoire, un pouvoir militaire, un pouvoir économique, etc.»,
renchérit-elle, ajoutant que cette course à la conquête du territoire afin
«d’asseoir leur hégémonie dans leur zone d’influence», de façon à pouvoir
contrôler les sources de l’économie criminelle explique «toute la violence à
laquelle on assiste aujourd’hui au Nord du Mali». La non prise en compte du
rôle crucial de l’économie criminelle dans la prolifération de la violence dans
cette zone explique, de l’avis de Mme Mesa, l’échec des opérations sécuritaires
menées dans la région, notamment par l’ex-G5 Sahel et l’opération Barkhane,
lancée en 2014.
Ce
lien évident entre extrémisme violent et économie criminelle apparaît également
dans «Trafic de main d’œuvre dans l’EMAPE : Étude des risques dans les sites
d’orpaillage saharo-sahéliens», de Mme Alice Fereday, analyste principale à
l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée. Ce
document évalue les risques d’exploitation et de trafic de main d’œuvre dans
les zones aurifères du Nord du Niger et du Mali. Ses recherches se sont
déroulées de juillet à septembre 2022 sur les sites à Tchibarakaten et à Djado
au Niger et N’Tahaka et N’Abaw dans la Région de Gao.
Situé à 90 kilomètres à
l’Ouest de la ville de Gao, N’Tahaka s’étend sur 7 ou 8 kilomètres. En fin
2022, environ 10.000 orpailleurs y travaillaient, en particulier des
communautés de la Région du Liptako Gourma (Maliens, Burkinabé et Nigériens),
mais aussi des travailleurs migrants originaires du Soudan, du Nigeria, du
Tchad, du Libéria, du Ghana, de la Mauritanie, du Sénégal, de la Guinée, du
Togo et d’Algérie».
LIEU
DE RECRUTEMENT POTENTIEL- L’absence totale (provoquée et entretenue) de
l’administration malienne dans ces zones a été une aubaine pour la CMA et ses
complices. Ces derniers tiraient profit d’importantes sources de revenus
provenant de l’or. Les zones d’orpaillage des Régions de Kidal et de Gao ont
été prises pour cible par des groupes armés qui utilisent un mode potentiel de
«taxation» lucratif. «Ils ont ainsi tiré profit de ces importantes sources de
revenus. Les sites d’orpaillage dans le Nord du Mali sont également un lieu de
recrutement potentiel pour les groupes extrémistes violents. Lorsque
l’orpaillage requiert l’usage d’explosifs, les sites miniers peuvent également
servir de base d’approvisionnement pour les groupes armés et de formation à
leur utilisation», analyse le rapport.
Ainsi
pour mieux asseoir son hégémonie et étendre davantage sa zone d’influence, la
CMA a, en 2021, formé une coalition dénommée Cadre stratégique permanent pour
la paix, la sécurité et le développement (CSP) qui a fait long feu. Le CSP qui
se résume aujourd’hui à la seule CMA tire des revenus importants au-delà du
contrôle de l’orpaillage. «Les orpailleurs ne sont généralement autorisés à
vendre de l’or qu’à des taux fixés par les membres du CSP, et ce dernier
bénéficie par ailleurs de la taxation des entrées et sorties des véhicules de
la zone, ainsi que du contrôle des marchés auxiliaires, tels que le carburant,
l’eau, la nourriture et l’équipement».
Les
groupes armés sont également impliqués dans le crime organisé. «Il y a des
assassinats ciblés, des braquages, des vols à main armée, la vente et le trafic
d’armes, le trafic d’or, et il y a aussi le passage et la vente de drogue sauf
lorsque les djihadistes sont sur le site», confient des orpailleurs. Et
personne n’ose les critiquer car «si tu le fais tu vas te retrouver dans une
tombe dès le lendemain», murmure un orpailleur à l’oreille des enquêteurs qui
évoquent des difficultés sécuritaires ayant empêché l’accès à Kidal.
Ces
peurs et traumatismes seront bientôt un lointain souvenir. L’État ayant déjà
pris le contrôle de la plupart de ces zones, ces actes illégaux vont cesser
progressivement. L’économie criminelle cessera de prospérer. Le contrôle des
points d’entrée et de l’ensemble du territoire par la FAMa permettra ainsi à
l’État de renforcer sa présence et sa légitimité dans les zones encore isolées
et sous contrôle des groupes armés indépendantistes et terroristes. Ce qui
pourrait représenter une étape clé dans la lutte contre le terrorisme, le
banditisme et le crime organisé entretenus par la CMA et ses complices.
Également l’élargissement de l’assiette fiscale afin de garantir les services
sociaux de base aux populations.
Cheick Moctar TRAORE
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