Contribution : À ceux qui veulent enterrer la transition malienne, qu’ils sachent : elle marche encore !

Certains rapports occidentaux tentent désespérément de faire croire que le Mali serait une « république en ruine », une «transition sans cap», un pays «sous tutelle russe» condamné à l’isolement. Ce récit, souvent répété, ignore la logique interne d’un processus souverain qui, pour la première fois depuis l’indépendance, échappe à toute manipulation extérieure.

Publié vendredi 17 octobre 2025 à 12:47
Contribution : À ceux qui veulent enterrer la transition malienne, qu’ils sachent : elle marche encore !

En disséquant l’analyse du prétentieux chercheur Mathias Khalfaoui, développé dans un pseudo article scientifique publié le 15 octobre 2025, sous le titre pessimiste «L’enlisement du Mali dans une double crise politique et sécuritaire», l’on découvre moins une analyse qu’un plaidoyer nostalgique pour une époque révolue. La période où Bamako demandait la permission avant d’agir. Derrière le tumulte, le Mali réapprend à penser par lui-même, quitte à bousculer les certitudes de ceux qui le préféraient docile.

 

 

«Il est en effet étonnant, voire inquiétant de voir que ce terme [désinformation] en est venu à désigner uniquement la désinformation qui vient d’en bas, mais pas celle qui vient d’en haut. Les États, les grandes entreprises, les services de renseignement, les lobbies, les agences de relations publiques n’ont jamais été aussi actifs dans les pays occidentaux. Pourtant, ils ne sont que rarement évoqués en tant qu’agents de désinformation, et le souci exprimé face à celle-ci ne fait presque jamais référence à ces entités. Cela, en soi, est une grosse désinformation et une lacune majeure dans la présentation des risques qui guettent l’information citoyenne, intègre et indépendante», déclare Myret Zaki, dans son ouvrage sur la désinformation économique : Repérer les stratégies marketing qui enjolivent les chiffres officiels. C’est en effet pour mettre en lumière une désinformation venant d’en-haut, puisque venant d’une organisation internationalement connue, que nous nous attelons à la production de ce papier en vue de démonter pièce par pièce les faux arguments avancés.  

«Une certaine lassitude, voire un désintérêt, gagne la communauté internationale quant à la situation du Mali.» Ainsi s’ouvre, d’un ton faussement neutre, le rapport de Mathias Khalfaoui pour la Fondation Jean-Jaurès. Dans cette analyse, le Mali serait un patient désespéré qu’on observe de loin, un territoire condamné à tourner en rond dans son malheur. Mais sous le vernis de l’analyse, le texte respire la frustration d’un monde qui ne supporte pas qu’un pays naguère sous tutelle ait choisi de penser par lui-même.

Plus d’une décennie après la guerre de 2012, le Mali, dit-on, «demeure enfermé dans une double impasse politique et sécuritaire». C’est le refrain classique des capitales qui regardent l’Afrique à travers le prisme du désordre ou du chaos contrôlé qu’ils engendrent la plupart du temps, où il n’existerait que des «États faillis», qui ne sont bons que sous la tutelle des sponsors étatiques du terrorisme. Le serpent qui mord sa queue. On nous crée des crises, on se porte volontaire à nous assister pour nos «beaux yeux». Pourtant, si le Mali occupe encore le centre du jeu, c’est précisément parce qu’il a osé rompre les règles de cette partie écrite d’avance.

Sous couvert d’expertise, le rapport Khalfaoui n’est donc rien de plus qu’un acte de désaveu politique et de manipulation de l’opinion contre la Transition. Derrière le ton professoral et la prose de think tank, on retrouve le vieux catéchisme de la dépendance : un «pays à la dérive», un régime «autoritaire», une armée «toute-puissante», un peuple «muselé». Le Mali, dans cette lecture, n’existerait donc plus. Mais ce discours, qui prétend à la lucidité, est en réalité la dernière défense d’une influence vacillante.

 

«L’impasse politique» : une lecture hors-sol

La Transition malienne serait, dans l’analyse de l’auteur de la Fondation Jean Jaurès, prisonnière d’un «autoritarisme sans horizon», incapable d’organiser des élections crédibles comme si les précédentes élections «démocratiques» avaient été facteurs de bonheur pour le Mali voire le sahel. Mais que reproche-t-on exactement au Mali? Juste le fait d’avoir décidé de maîtriser son propre calendrier politique au lieu d’en importer un?

La Transition malienne n’a pourtant jamais nié l’objectif d’un retour à l’ordre constitutionnel. Elle l’a simplement replacé dans un cadre national, débarrassé de la tutelle diplomatique et si son combat procède tout simplement d’un «retour sécurisé et apaisé à l’ordre constitutionnel» afin d’éviter un «éternel recommencement» comme l’a toujours souligné le Général d’Armée Assimi Goïta. Ceux qui, à Paris ou à Bruxelles, s’impatientent de ce rythme nouveau oublient que le Mali a d’abord dû restaurer un État émietté, rétablir des frontières, redonner confiance à des forces armées abandonnées par une décennie d’accords inopérants.

En effet, depuis l’arrivée des autorités maliennes de la Transition, elles se sont attelées à la montée en puissance de l’outil de défense et de sécurité à travers l’octroi des équipements de dernière génération acquis grâce à la coopération gagnant-gagnant nouée avec la Russie, la Chine ou la Türkiye. Des États respectueux de la souveraineté du Mali. Aussi, il est important de rappeler aux caciques d’un ordre révolu l’amélioration croissante des conditions de vie de l’armée malienne à travers plusieurs initiatives, dont le vaste programme de construction de logements pour les Forces armées et de sécurité à travers tout le pays, la prise en charge des veuves et orphelins des militaires et paramilitaires, l’indemnisation des militaires tombés sur le champ d’honneur, la construction d’un mémorial en hommage aux héros tombés pour la patrie, la rédaction de l’histoire militaire du pays, la militarisation de la police et de la protection civile, la construction d’un hôpital militaire de 4e génération. À ces mesures phares s’ajoutent le rétablissement et l’unification de la chaîne de commandement, de même que la création de nouvelles régions aériennes pour un meilleur maillage du territoire.

Outre, il convient de rappeler qu’avant 2021, le pays n’était ni stable ni souverain. L’État se réduisait à Bamako et les groupes armés régnaient sur les deux tiers du territoire, malgré la présence d’une multitude de forces étrangères dans le pays dont le crédo procédait de l’entretien de la menace et de la création de la dépendance. Parler aujourd’hui d’ «impasse politique» ne serait que le résultat d’une analyse de mauvaise foi. Notre «éminent» analyste ne doit-il pas revoir son logiciel pour mieux être en prise avec la réalité?

 

Le «repli diplomatique» : la peur de l’Afrique libre dans ses choix

Selon la fondation Jean Jaurès, think tank qui dit défendre «le progrès et la démocratie dans le monde», le Mali se serait isolé sur la scène internationale, préférant Moscou à Paris, la Confédération des États du Sahel (AES) à la CEDEAO. Le crime du Mali serait donc d’avoir choisi ses alliés. Mais depuis quand l’indépendance diplomatique est-elle un délit? Est-ce choisir sa voie est un crime?

La coopération avec la Russie, que l’auteur de cet article commandité réduit à un simple transfert d’armes, s’inscrit dans une logique de diversification des partenariats. L’auteur ignore ou fait semblant d’ignorer que la coopération avec la Russie touche à plusieurs volets comme l’énergie, l’éducation, la culture. Pourtant, pendant dix ans, Barkhane, G5 Sahel, Takuba, MINUSMA, ont échoué à endiguer le terrorisme. Les Maliens ont donc décidé de tourner la page. Et les résultats sont palpables : reconquête de zones naguère hors contrôle comme Kidal en 2023, stabilisation progressive du centre avec la présence des Forces de défense et de sécurité sur tout le territoire national et le retour de l’administration, regain de confiance au sein des forces de défense, consolidation du lien armée-nation.

Quant à la création de la Confédération des États du Sahel (AES) en juillet 2024 avec le Niger et le Burkina Faso, elle est la traduction institutionnelle d’une évidence : le Sahel ne se défendra que par lui-même, et non pas par des alliances ou partenariats instrumentalisés tels que le G5 Sahel ou des présences étrangères comme Barkhane, Takuba, MINUSMA, etc. Ce n’est pas une rupture, si rupture elle devrait représenter, celle-ci s’inscrit de tout évidence dans le cadre d’une lecture raisonnée de la géopolitique internationale, dont le sahel avait longtemps été victime.

En témoignent les convoitises occidentales effrénées autour de ces ressources, quitte à soutenir les groupes armés terroristes contre les populations civiles. Chaque État défend ses intérêts. D’ailleurs Charles de Gaule l’a remarquablement souligné dans un entretien au magazine Paris Match, le 9 décembre 1967 : «
Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Les hommes peuvent avoir des amis, pas les hommes d’État.» Quel est alors ce crime que le Mali serait-il en train de commettre en défendant ses intérêts? Un peu de pitié s’impose pour les populations, longtemps meurtries par les conséquences de la géopolitique occidentale en Afrique.

 

Quand la guerre devient un prétexte moral

Le rapport s’émeut également des «méthodes brutales» de l’armée malienne, de la présence d’instructeurs russes et de l’absence de contrôle civil, sans se plaindre du bilan mitigé de la présence de l’armée française sur le sol malien. La fondation Jaurès oublie donc que le Mali est en guerre. Une guerre imposée, sale, asymétrique, où les terroristes, avec l’appui de leurs sponsors étatiques, attaquent les civils, les convois, les écoles et les symboles de l’État.

Dans un tel contexte, la rigueur militaire n’est pas une dérive, c’est une condition de survie. Les armées africaines, longtemps instrumentalisées ou marginalisées, réapprennent aujourd’hui à agir. La France, qui n’a pas réussi à éradiquer la menace malgré la présence de Barkhane pendant plus d’une décennie, préfère dénoncer l’efficacité d’autrui plutôt que de s’interroger sur ses propres échecs. Faut-il rappeler aux amnésiques la bavure commise par l’armée française au Mali, le 3 janvier 2021, à Bounty (au centre du pays), où elle a tué 19 civils innocents réunis pour un mariage. Pourtant, personne ne lève le petit doigt pour demander des sanctions contre la France. Loin s’en faut.

Et quand Khalfaoui parle de «militarisation du pouvoir», il omet de dire que les mêmes forces, sous d’autres présidents, étaient déjà en première ligne — sauf qu’alors, elles exécutaient des ordres dictés ailleurs.

 

La crise économique : la guerre des récits

Le rapport souligne également la hausse du coût de la vie, la pénurie de carburant, les difficultés logistiques. Mais là encore, il confond effets et causes. Ces tensions ne sont pas le fruit d’une mauvaise gouvernance, mais d’un terrorisme économique imposé : blocages de corridors, manipulations de circuits d’approvisionnement, sanctions régionales, rétention de stocks.

Face à cette guerre invisible aux relents géopolitiques, Bamako a réagi avec une méthode et une vision : ouverture de corridors alternatifs, création de stocks stratégiques, renforcement des capacités nationales, et surtout, lancement de politiques d’énergie solaire. Ce n’est pas une fuite en avant, c’est un apprentissage accéléré de la souveraineté économique.

Enfin, l’auteur estime que les autorités maliennes de la Transition manqueraient de transparence, de dialogue, de démocratie. Mais de quelle démocratie parle-t-on? Celle qui, pendant plus de trente ans, a servi de paravent à la corruption et au clientélismeet à l’extraversion des ressources du Mali vers l’étranger? Celle qui a livré des régions entières à des milices ethniques, que nous nous plaisons à appeler «guerre intercommunautaire ou intracommunautaire», sous couvert de décentralisation?

La vérité, c’est que la transition malienne a mis fin à une hypocrisie. Elle assume le temps de la refondation avant celui du vote. Elle construit avant de compter. Et ce choix, qui heurte les agendas extérieurs, fait peur parce qu’il inspire.

Ce rapport de la Fondation Jean Jaurès trahit moins une inquiétude pour la démocratie malienne qu’un malaise occidental face à la fin du monopole du récit. Le Mali n’est pas un désert politique; il est désormais un laboratoire de souveraineté et du panafricanisme. Et ce qui s’y joue aujourd’hui dépasse Bamako.

C’est le rééquilibrage des rapports entre l’Afrique et ceux qui, longtemps, ont prétendu penser pour elle. Un signal dignement donné par le Mali en déniant à la France le rôle de «porte-plume» aux Nations-Unies, une organisation appelée à épouser les contours de l’évolution de la géopolitique internationale pour le bonheur des peuples, comme cela fut mentionné par sa Charte à San-Francisco en 1945. Cher Khalfaoui, malgré votre extrême pessimisme autour de la Transition malienne, le Mali poursuit sa marche souveraine, avec l’accompagnement constant du peuple. Il est temps de revoir les grilles de lecture.

Baddou Syllah,

chercheur indépendant

Bamako

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