
Le mois de février qui vient de s’achever, a enregistré, même si ce fut dans l’indifférence quasi générale des Africains, le 137è anniversaire d’un tragique événement qui aura à jamais marqué nos vies et continue de bouleverser la marche du continent. C’est en effet le 26 févier 1885 que fut signé l’Acte général qui couronna la Conférence de Berlin commencée quelques mois plus tôt, le 14 novembre 1884.
À l’initiative du roi Louis 1er du Portugal, 14 nations s’étaient retrouvées autour de la même table à Berlin. L’Allemagne de Guillaume 1er, avec à la manette le Chancelier Otto Von Bismarck, s’était occupée de lancer les invitations et de dresser la table. Au menu, rien moins qu’un continent : l’Afrique, objet de leur convoitise et dont le sort irrémédiablement allait être scellé.
Pendant qu’une à une les résistances étaient réduites à néant sous les coups de canon des envahisseurs et que conséquemment tombaient les royaumes, l’heure était venue de se partager l’énorme butin de guerre servi sous la forme d’un immense gâteau. Au banquet avaient pris part outre l’Allemagne, la Belgique et le Portugal, l’Autriche-Hongrie, le Danemark, l’Empire ottoman (actuelle Turquie), l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Russie, la Suède-Norvège, les États-Unis d’Amérique. Au change, aucun ne perdit ; chacun se taillant la part proportionnelle à ses ambitions, à son appétit.
Le roi Léopold II de Belgique qui n’avait pas lésiné sur les moyens pour financer l’initiative, reçut en retour, à titre personnel, un immense territoire de 2,5 millions de km2, le Congo, 81 fois plus grand que son propre Royaume. Sous le couvert de «mission civilisatrice», le continent fut systématiquement pillé, morcelé, dépecé, ses populations soumises, violées, exploitées, conscrites, déshumanisées. Jusqu’au bout, elles payèrent le prix fort. Dans la prétendue mise en valeur de leurs terres spoliées ; dans les guerres qu’elles livrèrent pour défendre leurs agresseurs contre la barbarie nazie et plus tard dans les luttes qu’elles engagèrent pour obtenir leur indépendance.
Plus d’un demi-siècle après cette dernière échéance, que reste-t-il du rêve et des espérances des pères des nations nouvelles ? Que reste-t-il de l’héritage qu’ils ont laissé aux générations suivantes ? L’indépendance est-elle toujours réalité ou est-elle devenue un mythe sans fin ? Comment se perpétue le partage de l’Afrique par ces mêmes nations hier présentes au banquet de Berlin? C’est à cette réflexion que sont invités les intellectuels africains à l’occasion de ce sinistre anniversaire. Car, à l’heure de la mondialisation et du village planétaire, des autoroutes de l’information, la dématérialisation de l’espace-temps par la domestication du cyberespace, les frontières n’ont jamais été aussi étanches entre l’Afrique et les anciennes métropoles.
Des métropoles qui continuent de s’enrichir de nos ressources et de nous écraser sous le poids de la dette. Pendant ce temps, ce sont des centaines, voire des milliers de nos jeunes fuyant la misère ou la guerre, ou simplement attirés par les sirènes de l’Occident, qui disparaissent chaque année dans le désert ou dans la mer, s’ils ne sont stoppés par les barbelés, enchaînés comme des criminels, avant d’être renvoyés dans le meilleur des cas chez eux, dans les charters de la honte.
C’est dire que le continent va toujours mal. Mal de la gouvernance de ses dirigeants dont l’essentiel de l’imagination va le plus souvent aux stratégies d’enrichissement personnel et de conservation du pouvoir. Mal de l’appétit toujours exacerbé de «ses amis» ou partenaires, prêts à tout pour obtenir ce qu’ils veulent : les ressources nécessaires à leur propre croissance, à leur sécurité, à leur confort. Quitte pour cela à renverser des régimes, provoquer des guerres, des famines, des épidémies, à jeter les populations sur les routes de l’exil et de la mort.
Le phénomène, présent un peu partout sur le continent, nous incline à mieux appréhender la crise multidimensionnelle qui frappe notre pays ainsi que toute la région sahélo-saharienne depuis une dizaine d’années. Notamment à nous demander pourquoi, sans avoir rien demandé, nous nous sommes retrouvés envahis par des hordes d’illuminés, mutilant et tuant de paisibles populations au nom d’une religion pourtant présente chez nous dès le premier siècle de sa révélation ? Pourquoi les armées amies venues à notre secours ont-elles sécularisé la guerre et en ont fixé les règles sans nous consulter ? Pourquoi elles nous ont déclarés persona non grata sur une partie significative de notre propre territoire ?
Si l’épisode glorieux de Konna nous avait permis un moment de rêver et de croire à la générosité humaine, nous avons vite déchanté. Et le réveil fut brutal après près de 9 longues années d’enlisement et de pourrissement, quand enfin nous avons compris que nos pompiers zélés étaient les vrais pyromanes et que leur funeste dessein était d’acter la partition de notre pays, décidée chez eux et soutenue par des responsables politiques de premier plan, des professeurs d’université et autres intellectuels de premier plan, des capitaines d’entreprises.
Aujourd’hui, les masques sont en train de tomber et le dépit est grand, comme est immense et profond le sentiment d’avoir été trahi. Les cris d’orfraie d’un hyper président démiurge blessé dans son amour propre ou les imprécations dissonantes de ses deux ministres de la guerre, n’y changeront rien. Les mêmes ministres qui, il y a peu, agonisaient d’invectives Américains, Britanniques et Australiens, coupables à leurs yeux d’avoir trahi dans l’affaire dite des sous-marins nucléaires.
Notre pays a commis le crime innommable de vouloir se libérer d’une fausse amitié qui ne lui a pas apporté que bonheurs. Cela explique les sanctions inhumaines qui nous sont infligées par des dirigeants africains, à l’instigation de vrais commanditaires tapis dans l’ombre. Le retrait précipité des troupes censées nous protéger ou le rappel des coopérants techniques présents dans nos administrations en sont des preuves. Et il y a fort à parier que d’autres coups bas sont en gestation.
Heureusement que dans notre malheur, nous ne sommes pas seuls. De vrais Africains existent encore et nous accompagnent.
Et il faut bien se rendre à l’évidence. La vieille Afrique, longtemps vache à lait des puissances occidentales, déversoir de leurs déchets en tout genre et de leurs produits avariés, terrain d’expérimentation de leurs nouvelles armes et de leurs nouvelles formes de guerre, est en train de se réveiller du coma profond dans lequel l’avaient plongée des décennies de soumission et de compromission. Elle demande aujourd’hui la reddition des comptes. Elle veut un ordre nouveau.
Partout sur le continent, la rue gronde, suscitant parfois des bruits de bottes et faisant ainsi trembler les palais et les assemblées installés sur des leurres de démocratie au terme d’élections tronquées.
L’espoir est encore permis, car l’Afrique peut se relever et s’en sortir. Elle dispose pour cela d’immenses terres arrosées par de grands fleuves, de milliers de kilomètres de côtes poissonneuses, de forêts luxuriantes et d’une biodiversité unique. Son sous-sol regorge de richesses infinies, dont les précieuses terres rares que l’industrie moderne s’arrache à prix d’or pour répondre aux impératifs de la révolution numérique. Et surtout, elle a une population dynamique, la plus jeune du monde.
Il ne lui reste qu’à reprendre confiance en elle-même, en ses énormes potentialités et à engager la mutualisation de ses ressources et de ses moyens. Sa diversité géographique, historique, culturelle et même linguistique, est elle-aussi un atout indéniable. Des exemples de réussite se multiplient (au Rwanda, au Botswana, à Maurice et même au Cap Vert) et des têtes de pont, géants économiques à l’instar de l’Afrique du Sud, du Nigéria, du Maroc, de l’Algérie ou même de l’Égypte, pourraient servir de locomotives pour tirer l’attelage. À condition, bien entendu qu’elles parviennent à se libérer de l’emprise du grand capital.
Mais, qu’on ne s’y trompe pas. L’hydre du libéralisme sauvage, nourrie par un néo-colonialisme solidement enraciné, ne se laissera pas facilement abattre.
Même s’il est évident que l’Afrique a suffisamment donné au monde et qu’elle est en droit d’attendre en retour de la solidarité, un éveil de conscience s’impose d’abord aux Africains eux-mêmes. Un changement de paradigme salvateur qui ne peut s’accommoder d’alternative.
À terme, il s’agira de construire une véritable union africaine. Politique certes, mais aussi économique, militaire, sociale. Une Afrique des solidarités, riche du savoir et du savoir-faire des uns et des autres. Certes, cette Afrique a besoin de plus d’écoles et de meilleures écoles. De systèmes de santé répondant à ses besoins spécifiques, de technologies capables de transformer ses immenses ressources en biens pour tous, d’infrastructures adaptées au service du développement. Elle a besoin d’une meilleure justice, d’une meilleure gouvernance de ses administrations et de ses finances.
Mais surtout, elle a besoin de femmes et d’hommes nouveaux, bien formés, conscients que l’avenir du continent passe devant le leur. Et prêts à briser les chaînes de la servitude, s’il le faut au péril de leurs vies, pour retrouver la dignité et l’honneur perdus. C’est à ce prix que nous Africains, pouvons espérer gagner le défi du développement. Et c’est dans cette dynamique que nos «amis» sincères, les vrais, pourraient nous aider. Sans arrogance ni condescendance. Simplement dans le respect des uns et des autres.
Gaoussou Haïdara, journaliste
Rédaction Lessor
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