Charrettes à Ségou : Un moyen de transport qui résiste à la modernité

Leur présence est appréciée par la population qui ne se passe pas de leurs services

Publié jeudi 10 février 2022 à 07:33
Charrettes à Ségou : Un moyen de transport qui résiste à la modernité

En ce début de journée, la berge du fleuve Niger à Ségou grouille de charretiers. Certains sont assis sur leurs engins à deux roues. D’autres les ont simplement abandonnés à la recherche de clients.

Sa charrette garée au niveau d’une montagne bois de chauffe, Mamadou Coulibaly charge avec minutie son engin. Ses deux ânes sur les pieds attendent impatiemment de jouer le rôle qui leur est dévolu traditionnellement, celui de transporter de lourds fardeaux. Après le chargement, Coulibaly doit assurer le transport chez une de ses clientes, logée dans la ville.


C’est ainsi que le père de quatre enfants occupe sa journée et gagne son pain à l’instar de beaucoup d’autres hommes à Ségou. Cette ville historique du Mali, située environ 240 km de la capitale est sur le point de se débarrasser de ses vieilles habitudes. La charrette, ce moyen de transport vieux de plusieurs siècles, sert toujours de moyens de transport pour les Ségoviens malgré la présence de plusieurs autres plus modernes, plus rapides. L’engin à deux roues, équipé de deux brancards est tiré dans la plupart des cas par un ou deux ânes selon la lourdeur de la charge.

Il est utilisé notamment pour transporter notamment les personnes, les matériaux de construction, l’eau, les marchandises et les bagages. Si le métier de charretier a disparu au profit de chauffeurs routiers dans plusieurs villes, à Ségou il contribue à alimenter l’économie de plusieurs familles. Nombre d’hommes y trouvent un moyen sûr et honnête pour se procurer d’argent.

«Je fais ce travail par amour. Il me permet de joindre les deux bouts en attendant de trouver mieux», indique Mamadou Coulibaly. Ce natif de Koutiala exerce cette activité depuis quatre ans. Il transporte en grande partie le bois de chauffe. «Quand les clients viennent acheter du bois de chauffe, ils sollicitent mon service.


Le prix dépend de la distance et de la quantité de la marchandise. Par exemple, je suis en train de transporter ce chargement à 2.500 Fcfa. J’ai déjà transporté un premier chargement», explique-t-il précisant que cette journée s’annonce bien pour lui. Coulibaly indique qu’il peut gagner 5.000 ou plus par jour. Mais souvent le marché est lent. «Dès fois, on ne gagne presque rien par jour».

 

LA CONCURRENCE DES ENGINS MOTORISÉS- Non loin de la charrette de Coulibaly est garé Alassane Haïdara. La vingtaine, il peine à trouver un client. Malgré tout, il ne désespère pas de cette journée. Nous prenant pour un potentiel client, il se dirige vers nous. Grande déception pour lui. N’empêche, il accepte de s’ouvrir à nous : «Depuis 6 heures du matin je suis là sur la berge. D’habitude, certains commerçants viennent avec leurs marchandises des villages situés à l’autre rive. Ils demandent le service des charretiers que nous sommes pour transporter leurs marchandises vers la ville.

C’est comme ça que nous trouvons notre subsistance», confie-t-il. Il justifie son choix pour cette activité : «J’exerce ce travail depuis trois ans. Je le fais par amour. Je voyais mes amis le faire et je l’ai chéri. C’est mieux que de rester à ne rien faire», dit-il. Alassane Haïdara précise qu’il peut gagner 5.000 par jour et peut aller au delà le jour du marché hebdomadaire.

Cependant il se plaint de la présence des motos taxis et tricycles (kata katani) qui commencent à envahir la berge et les détourner de leur clientèle. Tout comme Issouf Traoré, qui vient de s’inviter à notre entretien: «Notre clientèle a drastiquement baissé par la présence des tricycles et des moto taxis. Mais il faut dire qu’ils ne peuvent pas faire disparaître la charrette», souligne-t-il.

À Ségou ce n’est pas seulement sur la berge qu’on rencontre les conducteurs de charrette. à l’intérieur de la ville, leur présence ne passe pas inaperçue et alimente la curiosité de tout étranger citadin. Sur la voie qui pass devant la direction régionale de la protection civile de Ségou, Abdoulaye Cissé, un charretier, marche à côté de son âne et interpelle les clients. Soudain, il saute sur sa charrette et commence à battre son âne qui lui joue un sale tour.

L’animal, le dos gravement blessé est récalcitrant malgré les différents coups de bâton que son propriétaire lui assène. Il met son propriétaire dans tous ses états. Arrivé à notre niveau Cissé sollicite notre service pour être transportés. Par curiosité nous montons sur la charrette. L’engin va à peine plus vite qu’un piéton. Le conducteur nous souligne que le transport est 50 Fcfa par personne.

«Cette somme est elle suffisante pour gagner son pain ?», nous l’interrogeons. «Mais quoi faire. C’est mieux que de voler. C’est avec ce que je gagne dans la journée que je nourris ma famille», indique ce père de trois enfants. Et d’ajouter dire qu’il peut gagner 2.500 Fcfa par jour. «La charrette peut contenir 10 personnes. Mais, si j’ai deux ou trois clients je bouge. Certains me donnent souvent plus que les frais de transport», précise-t-il.

 

DÉPAYSEMENT AUTHENTIQUE- D’ailleurs, c’est ce que vient de faire un client Aboubacar Traoré avec qui nous faisons chemin. Cet étranger remet 500 Fcfa à Cissé : «Il m’a interpellé. Je pensais qu’il blaguait. Mais sincèrement je suis impressionné et je trouve inimaginable qu’on continue à utiliser la charrette comme moyen de transport de personne. Je pense qu’on doit pérenniser la pratique dans la ville. Toute chose qui fera sa singularité», préconise-t-il.  

À Ségou, les environs de l’hôpital Nianankoro Fomba sont connus pour emprunter une charrette. à notre passage, quatre charretiers attendaient impatiemment les clients. L’un s’apprêtait à bouger. Deux femmes et un homme y ont pris place derrière le conducteur.  «J’ai l’habitude d’emprunter la charrette. Je viens du marché et comme vous voyez je suis chargée. Je trouve ce moyen de transport moins cher. Et je le préfère aux motos taxis qui commencent à remplir la ville», explique Kadiatou Diarra.


Le conducteur pense que ce genre de moyen n’est pas prêt de disparaître à Ségou : «Nous sommes plusieurs charretiers dans la ville. Nous avons des clients qui préfèrent toujours ce genre de moyen de transport. Il est moins cher et sûr», commente-t-il. Précisant qu’il achète l’âne entre 70.000 Fcfa et 100.000 Fcfa, la charrette entre 80.000 Fcfa et 85.000 Fcfa. En plus d’être économe et écologique, en terme de coût et d’incidence carbone, elle est moins chère que les moto-taxis et les tricycles.

La Cité des Balanzans doit préserver ce mode singulier de transport qui détonne dans le paysage de la circulation routière urbaine en raison des avantages écologiques fort appréciables qu’il génère. Il s’ajoute aux nombreuses spécificités de la région et fera le charme de la ville et l’attrait pour les touristes étrangers qui arrivent pour se plonger dans un dépaysement authentique.

Aminata Dindi SISSOKO / AMAP - Ségou

Lire aussi : Décès de l’ancien Premier ministre Soumana Sako: la Nation perd un homme d´Etat

L’ancien Premier ministre Soumana Sako a tiré sa révérence, ce mercredi 15 octobre 2025. Né en Nyamina en 1950, Soumana Sako a obtenu le Diplôme d’étude fondamentale (DEF) en juin 1967 et le Bac trois ans plus tard, en se classant dans les cas deux Premier national.

Lire aussi : Environnement : Les femmes de Siby à l’avant-garde de la sauvegarde

En plus d’être de ferventes agricultrices, les femmes de Siby sont aussi de véritables gardiennes de la nature. Elles assurent la protection de l’environnement avec leur savoir-faire.

Lire aussi : Journée internationale de la femme rurale : Hommage aux «NYeléni» de Siby

C’est aujourd’hui qu’on célèbre la Journée internationale de la femme rurale. À cette occasion, nous sommes allés à la rencontre des braves femmes de Siby dont la principale activité est de travailler la terre pour garantir la sécurité alimentaire dans la communauté et assurer leur a.

Lire aussi : Kangaba : Démarrage des travaux du principal caniveau

Les travaux de construction du principal caniveau qui traverse la ville de Kangaba ont démarré le jeudi 9 octobre. Ils sont financés par le budget de la Commune rurale de Minidian pour un montant total de 47.496.416 Fcfa. Le premier coup de pelle a été donné par le maire de cette commune, Mamb.

Lire aussi : Diéma : Des consignes claires pour éviter une pénurie de carburant

Le 2è adjoint au préfet de Diéma, Attayoub Ould Mohamed, à la tête d’une délégation restreinte, comprenant le 2è adjoint au maire de la Commune rurale de Diéma, Nakounté Sissoko, le chef du service subrégional du commerce et de la concurrence, Mamby Kamissoko, et des éléments des Forc.

Lire aussi : Koulikoro : Lancement de la campagne spéciale de vaccination contre la peste des petits ruminants

Le lancement a été présidé par le ministre de l’Élevage et de la Pêche, Youba Ba. Au cours de cette campagne, 15 millions de petits ruminants seront vaccinés et marqués à travers toutes les régions.

Les articles de l'auteur

Campagne agricole 2025-2026 à Ségou : De bonnes perspectives

La région attend 1.004.825 tonnes de riz paddy, 355.582 tonnes de céréales sèches, 69.577 tonnes de Niébé et 10.609 tonnes d’arachide.

Par Aminata Dindi SISSOKO / AMAP - Ségou


Publié vendredi 03 octobre 2025 à 08:08

Le colonel Oumarou Berthé élu président de la Ligue Régionale de Badminton de Ségou

La Région de Ségou a désormais une Ligue régionale de badminton. La nouvelle instance sportive a été mise en place, jeudi dernier, à l’issue d’une assemblée générale tenue dans la salle du Conseil régional, en présence du représentant de la Direction régionale de la jeunesse et des sports, Bakary Dembélé..

Par Aminata Dindi SISSOKO / AMAP - Ségou


Publié mardi 16 septembre 2025 à 10:50

Ségou : Le couvre-feu prorogé pour une 3è fois

La mesure de restriction reste en vigueur jusqu’au jeudi 2 octobre de minuit à 5 heures du matin.

Par Aminata Dindi SISSOKO / AMAP - Ségou


Publié jeudi 04 septembre 2025 à 08:19

Dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme : La Centif-Mali renforce les capacités des autorités d’enquêtes et de poursuites

Le gouverneur de la Région de Ségou, le Commissaire général de Brigade de police Soulaïmane Traoré a présidé hier à l’hôtel «Esplanade» de Ségou, la cérémonie d’ouverture des travaux de l’atelier de formation sur le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme..

Par Aminata Dindi SISSOKO / AMAP - Ségou


Publié mardi 26 août 2025 à 10:03

Ségou : La phase régionale de la Biennale artistique et culturelle se déroulera du 16 au 20 septembre

Après une phase locale bien réussie, la Région de Ségou entame les préparatifs de la phase régionale de la biennale artistique et culturelle édition «Tombouctou 2025»..

Par Aminata Dindi SISSOKO / AMAP - Ségou


Publié lundi 18 août 2025 à 08:32

Ségou : Le couvre-feu prorogé pour la deuxième fois

Le couvre-feu institué dans la Région de Ségou par la Décision N° 2025-233/GRS-CAB du 04 juin 2025, est prorogé pour une durée de 30 jours, reconductible..

Par Aminata Dindi SISSOKO / AMAP - Ségou


Publié jeudi 07 août 2025 à 09:16

Uemoa : Des perspectives économiques prometteuses en 2025

L’activité économique poursuivrait son dynamisme avec un taux de croissance projeté à 6,7% 2025 contre 6,3% en 2024, c’est ce qui ressort d’une note signée par le président de la Commission de l’Uemoa, Abdoulaye Diop.

Par Aminata Dindi SISSOKO / AMAP - Ségou


Publié mercredi 30 juillet 2025 à 10:08

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner