Afrique de l’Ouest : Les zones de transformation agricole, une bonne idée ?

Parcs agro-industriels, agropoles, zones économiques spéciales… Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin, Togo misent sur ces espaces pour créer de la valeur localement. Explications

Publié jeudi 16 novembre 2023 à 06:50
Afrique de l’Ouest : Les zones de transformation agricole, une bonne idée ?

Transport de sacs de cacao par camion à Soubre, Côte d'Ivoire

 

Parcs agro-industriels, agropoles, zones économiques spéciales… Les infrastructures visant à transformer localement les produits agricoles pour générer davantage de valeur ajoutée connaissent un regain de vitalité sur le continent, en particulier en Afrique de l’Ouest. Togo, Bénin, Nigeria, Côte d’Ivoire, Sénégal, et même le Gabon, en Afrique centrale, se sont engagés dans cette voie.

Les pays de la région affichent de grandes ambitions, d’autant que leurs systèmes alimentaires ont subi les conséquences de la pandémie de Covid-19 puis par celles de la guerre en Ukraine. Ils sont notamment soutenus par la Banque africaine de développement (Bad) à travers le programme «Nourrir l’Afrique 2016-2025». Alors que ces annonces de nouveaux investissements se multiplient, différents modèles sont expérimentés.

À l’évidence, États et acteurs privés cherchent encore la bonne formule. Au Togo et au Bénin, où se développent respectivement les zones d’Adétikopé et de Glo-Djigbé, les gouvernements ont noué un partenariat avec Arise Integrated Industrial Platforms (Arise IIP). Spécialisé dans les plateformes logistiques et industrielles, ce groupe a été fondé et reste dirigé par Gagan Gupta, l’ancien patron d’Olam au Gabon. L’idée ? Maximiser la valeur des ressources naturelles (coton, noix de cajou, soja, céréales, fruits tels que la mangue ou l’ananas) en les transformant localement, dans l’objectif de les exporter dans le monde entier.


À cette fin, Arise propose un forfait clé en main à des investisseurs, notamment étrangers, afin de les inciter à lancer des activités sur place. Effet d’entraînement- «Au Togo et au Bénin, cela créera plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’emplois directs, auxquels s’ajouteront des emplois indirects dans un certain nombre de pôles de services : entreprises d’intérim, usines de fourniture de pièces détachées, d’emballage, de maintenance technique, de traitement des déchets, de transport du personnel», explique Pierre Ricau, analyste de marchés chez Nitidæ. Le gouvernement togolais, qui fonde également des agropoles, espère que 40% des produits agricoles du pays seront transformés sur place d’ici à 2030.

Ce modèle, en plein essor depuis l’annonce de la création, d’ici à la fin de l’année, de zones dans les deux Congos, au Sénégal et au Rwanda, ne fait toutefois pas l’unanimité. «Confier notre destin agricole à des entreprises étrangères est une erreur», affirme ainsi Gustav Bakoundah, fondateur de l’entreprise agroalimentaire biologique Label d’or. «Au Togo, la plateforme d’Adétikopé s’approprie des filières de transformation, comme le soja ou le coton, qui ont déjà été développées par des [entrepreneurs] locaux, ce qui engendre de la concurrence», estime-t-il. L’entrepreneur togolais recommande plutôt d’aider, sur des filières spécifiques, une poignée de leaders nationaux autour desquels pourraient se développer des chaînes de valeur agricoles.

«C’est ce qu’a fait Olusegun Obasanjo, l’ancien président du Nigeria, en soutenant des champions émergeant dans les secteurs de la banque, de l’assurance, de la cimenterie, du pétrole et de l’agriculture», reprend-il. Aujourd’hui, ce sont les Nigérians eux-mêmes qui développent leur économie. «Pour que cela fonctionne, il faut une firme leader, un grand donneur d’ordre autour duquel se créera un écosystème, un peu comme Airbus à Toulouse dans le domaine aéronautique», insiste Sidy Diop, analyste économique spécialiste de l’Afrique chez Deloitte France.

En Afrique de l’Ouest, il cite l’exemple des Grands moulins de Dakar (GMD, cédés en 2018 par le groupe Mimran au géant américain Seaboard), moteur d’un marché de la farine, qui s’est fortement développé, et, en Afrique centrale, celui d’Olam, au Gabon, qui investit depuis vingt ans dans l’agriculture, les forêts, le transport, la logistique et la santé, entraînant sous-traitants et autres PME dans son sillage.

Au Sénégal, l’huilier Sonacos (Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal) compte bien tenir ce rôle dans le secteur de l’arachide, à condition que le gouvernement s’engage dans une vaste réhabilitation de son outil de production, aujourd’hui obsolète. «Le développement de la transformation agricole passe par la renaissance des industries existantes, comme la Sonacos, et par la création de nouvelles usines», juge Modou Diagne Fada, le directeur général de la société, qui voit dans le marché local de l’huile un créneau porteur.

La question du débouché est un autre point de débat. Faut-il privilégier les cultures pour l’export ou, au contraire, les productions vivrières destinées au marché local, voire régional ? Pour Matthieu Brun, directeur scientifique de la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (Farm), spécialisée de longue date sur les questions agricoles en Afrique, le modèle des agropoles tournées à 100% vers l’exportation a montré ses limites.

Source Jeune Afrique

Rédaction Lessor

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