Spécial 22 septembre 2025, Mme Diarra Aïssata Dia : Une bibliothèque vivante

C’est une sage femme qui a pris service en 1963 avant de faire valoir ses droits à la retraite en 1996. Celle qui porte admirablement ses 85 ans aujourd’hui a été la première directrice de la première école privée de santé de Bamako : l’École de formation des techniciens sociaux sanitaires

Publié vendredi 19 septembre 2025 à 21:31
Spécial 22 septembre 2025, Mme Diarra Aïssata Dia : Une bibliothèque vivante

À 10 heures 25 minutes, une voiture Toyota RaV4 se gare en face de l’Institut de formation en science de la santé (Ifssa) à Djélibougou en Commune I du District de Bamako. À l’intérieur du véhicule, une dame qui porte admirablement ses 85 balais, souriante et au teint clair, s’ajuste avant de descendre. Mme Diarra Aïssata Dia, une octogénaire marche sans peine. En tout cas, elle ne donne aucune impression de crouler sous le poids des ans.

Cette sage femme à la retraite a encore de la suite dans les idées. Mme Diarra Aïssata Dia a commencé à exercer son métier en 1963, soit trois ans après l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale. Elle fait partie du personnel paramédical des premières années après l’indépendance. Pour le 65è anniversaire de l’indépendance du Mali, votre Quotidien national a voulu braquer les projecteurs sur l’ancienne sage femme qui inspire toujours des générations de professionnels de santé.

Dans le bureau de celle qui arbore le grade de première directrice de la première école privée de santé de Bamako à l’École de formation des techniciens sociaux sanitaires (EFTSS), des attestations de reconnaissance, dont l’une délivrée par l’Institut national de formation en sciences de la santé (INFSS), rappellent aux visiteurs l’engagement de cette sage femme dans l’amélioration de la santé des femmes et des enfants.  La native de Kayes force l’admiration par sa vivacité. Sa passion pour les soins des nourrissons le lie au métier de sage femme. À l’époque, rappelle-t-elle, les femmes avaient très peu de débouchés sur le plan professionnel. «On formait des sages femmes et des enseignantes», affirme-t-elle.

Après l’obtention de son Brevet d’études du premier cycle (BEPC) au Collège moderne de jeunes filles (actuel Lycée Ba Aminata Diallo),  Mme Diarra Aïssata Dia fréquente le lycée Terrasson de Fougères (Lycée Askia Mohamed). Durant ce parcours secondaire, elle fait le concours en 1960 dans l’objectif d’intégrer l’école des sages femmes de Dakar. À l’annonce de l’indépendance de notre pays, elle avait 20 ans. «On était content de participer aux manifestations», confie-t-elle. 

Quand elle s’apprêtait à aller dans la capitale sénégalaise pour suivre ses études, en septembre, il y eut l’éclatement de la Fédération du Mali. Elle se souvient encore de cet épisode sombre de la Fédération du Mali. «On ne pouvait plus aller à Dakar», explique-t-elle avant d’indiquer qu’elle bénéficiera d’une bourse pour la France où elle obtient à Reims un diplôme de sage femme d’État après trois années d’études. Elle y travaille quelques mois dans des structures privées avant de rentrer au Mali en 1963. «En partant, on signait un engagement décennal pour revenir travailler au Mali pendant 10 ans avant d’aller exercer ailleurs», se souvient-elle.

À son arrivée au bercail, elle fait un stage d’immersion à la PMI centrale (actuel Centre de santé de référence (Csref de la Commune III du District de Bamako). Puis, elle occupe son premier poste au dispensaire  de San en tant que seule sage femme de la ville. «À l’époque, chaque ville avait une sage femme. Dès que tu terminais, tu devais servir à l’intérieur du pays. Après deux ou trois ans, tu rentrais à Bamako», raconte celle qui a également dirigé la maternité de Koutiala durant 3 ans.

 

FEMME BATTANTE ET AMBITIEUSE-À l’époque, les consultations prénatales  (CPN) se faisaient les jours de foire où les femmes viennent des différents villages. «On profitait pour les sensibiliser sur l’importance de ces consultations pour elles et pour les bébés», souligne la professionnelle de santé qui garde encore jalousement comme la prunelle de ses yeux sa boîte d’accouchement personnelle. Elle a l’achetée en 1961 au cours de ses études en France pour assurer la garde à l’hôpital.

En 1968, elle est affectée comme sage femme à l’hôpital Gabriel Touré. La clinicienne décide de faire le saut dans l’enseignement en 1978, notamment à la première école publique de santé à savoir l’École secondaire de la santé publique (ESS) qui formait les sages femmes et les infirmiers. «J’encadrais les élèves sur le terrain  avant d’être affectée au Centre de formation des techniciens supérieurs de santé (CSTS) qui formait les sages femmes et infirmiers pour en faire des techniciens spécialistes, notamment en anesthésie-réanimation et kinésithérapie», explique celle qui va poursuivre l’enseignement jusqu’à sa retraite en 1996.

Après la fin du service public, Mme Diarra Aïssata Dia continue de mettre son expérience au service du pays. Durant l’année scolaire 2002-2003, elle a ouvert l’Institut de formation en sciences de la santé (Ifssa). À toutes occasions, elle raconte aux élèves de son établissement de formation en sciences de la santé, le fonctionnement de la maternité d’il y a plusieurs  années. «À l’époque, on ne prenait pas 24 heures de garde, mais 12 heures», se remémore-t-elle. Et de poursuivre succinctement que le nombre minimum d’accouchement était estimé à 20, mais surtout qu’il n’y avait pas de gynécologue pour aider à faire face aux éventuelles complications. Elle analyse avec le recul nécessaire les opportunités qui s’offrent au personnel soignant maintenant. Selon elle, les sages femmes par exemple peuvent développer de nombreuses compétences auprès des spécialistes.

La retraitée invite les professionnels de santé à travailler avec plus d’empathie et à s’intéresser aux résultats de leurs services. La promotrice de l’Ifssa a participé à la création des Ordres de la santé de notre pays, précisément celui des sages femmes dont elle fut la deuxième présidente. Mme Diarra Aïssata Dia a reçu la distinction de chevalier de l’Ordre du mérite de la santé.

 Ses collaborateurs témoignent volontiers de la rigueur dont elle fait montre dans tout ce qu’elle fait.  Selon Mme Doucouré Oumou Diarra, monitrice à l’Ifssa et sage femme à la retraite, son employeuse est une femme battante, rigoureuse et très ambitieuse. Poursuivant qu’à son âge, elle se bat pour la formation des élèves en sciences de la santé. «Elle s’implique physiquement et financièrement à nos cérémonies sociales», apprécie Mme Doucouré Oumou Diarra. Cette pionnière est une fierté pour de nombreuses sages femmes qui souhaitent prendre graine de son exemple.

Mohamed DIAWARA

Lire aussi : Trafic illicite de migrants : Le Mali plaide pour une réponse humaine et durable

Lors de la 12ᵉ réunion du Groupe de travail sur le trafic illicite de migrants, tenue à Vienne les 9 et 10 octobre derniers, la délégation malienne a présenté les avancées notables du pays dans la lutte contre ce phénomène. De la réforme de son cadre législatif à la coopération régio.

Lire aussi : Protection des données personnelles : L’APDP et l’ARMDS unissent leurs forces

L’Autorité de protection des données à caractère personnel (APDP) et l’Autorité de régulation des marchés publics et des délégations de service public (ARMDS) ont scellé, vendredi dernier, un partenariat stratégique visant à renforcer la protection des données personnelles dans le d.

Lire aussi : Office central des stupéfiants : Saisie de plus de 43 tonnes de produits pharmaceutiques contrefaits

L’Office central des stupéfiants (OCS) vient de porter un gros coup aux réseaux des trafiquants avec la saisie d’une importante quantité de produits pharmaceutiques contrefaits. Estimée à plus de 43 tonnes, la valeur marchande de la cargaison a été évaluée à plus de 500 millions de Fcf.

Lire aussi : Hernie : Lorsqu’un organe quitte sa place normale

Lorsque l’enfant tousse ou est constipé cela peut entrainer une augmentation de la pression intra-abdominale c’est ce qui va pousser une grande partie de l’intestin dans la hernie et se bloquer. Dr Diakaridia Traoré, chirurgien pédiatre à l’hôpital mère-enfant ou le Luxembourg, expliqu.

Lire aussi : 30è édition du Mois de la solidarité : 200 familles bénéficient des œuvres sociales du Chef de l’état en Commune II

En ce mois dédié à la solidarité et au partage, il y a eu un souffle d’espoir sur Bakaribougou, en Commune II du District de Bamako. 200 familles y ont bénéficié des œuvres sociales du Président de la Transition à travers le don de vivres essentiels. Un geste symbolique qui illustre l’.

Lire aussi : Coopération : Yacouba KATILÉ s’entretient avec ses homologues de Grèce et du Maroc

En marge des activités de la réunion statutaire du Bureau exécutif de l’Union des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires d’Afrique (Ucesa), le président du Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec), Yacouba Katilé, a eu deux entretiens bilatéraux.

Les articles de l'auteur

Mali : Les ressortissants des USA soumis au paiement de la caution de visa

Le gouvernement malien réagit à la «décision unilatérale» des États-Unis d'Amérique d'imposer à ses citoyens à partir du 23 octobre 2025, le versement d'une caution de 5000 ou 10.000 dollars américains (plus de 2 millions ou environ 4 millions de Fcfa) pour l'obtention d'un visa d'affaires ou de tourisme de types B-1/B-2..

Par Mohamed DIAWARA


Publié dimanche 12 octobre 2025 à 11:10

Visa américain : Les Maliens soumis au paiement d'une caution

À compter du 23 octobre 2025, les ressortissants maliens jugés éligibles pour un visa américain B-1/B-2 (affaires ou tourisme) devront verser une caution allant de 5.000 à 10.000 dollars américains (environ 2,8 millions à 5,5 millions de Fcfa) avant la délivrance du visa..

Par Mohamed DIAWARA


Publié vendredi 10 octobre 2025 à 14:40

Mali: L'enseignement de la Révolution française de 1789 suspendu à l'école

La révolution française de 1789 ne fait plus partie des leçons d'histoire des classes de la 9è année. Cette décision de suspension a été prise le jeudi 9 octobre 2025 par le ministère de l'Éducation nationale.

Par Mohamed DIAWARA


Publié jeudi 09 octobre 2025 à 16:50

Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion : La 30è édition prône la diversité culturelle

Cet évènement a été initié en 1995, avant d’être institutionnalisé en 2001 pour soutenir et renforcer les valeurs de solidarité dont notre nation est dépositaire. Il est reparti en quatre semaines thématiques pour véhiculer des messages de solidarité, qui représente une vertu cardinale de notre pays, et réaliser des actions de bienfaisance.

Par Mohamed DIAWARA


Publié lundi 06 octobre 2025 à 07:53

Enseignement fondamental public : Le transfert des élèves est gratuit

La perception de frais de transfert d'élèves auprès des parents est illégale. Le directeur national de l’enseignement fondamental dit avoir été saisi quant à cette situation préoccupante..

Par Mohamed DIAWARA


Publié samedi 04 octobre 2025 à 18:55

École catholique de Bamako : C’est reparti, mais sur de nouvelles bases

Certains de nos compatriotes semblent s’être fait une spécialité de dramatiser les choses. Certes, l’arrêt des subventions de l’État est une réalité qui a été déjà ressentie avec le licenciement de certains maitres qui émargeaient sur ces fonds, mais les oiseaux de mauvaise augure prédisaient plutôt le cataclysme voire la fin de l’enseignement catholique..

Par Mohamed DIAWARA


Publié vendredi 03 octobre 2025 à 07:37

Trois visiteurs de marque au groupe scolaire Kalaban-Coura Nord

Il est 7 heures 35 minutes au Groupe scolaire Kalaban-coura Nord en Commune V du District de Bamako. La journée de ce mercredi 1er octobre ne ressemble pas aux autres..

Par Mohamed DIAWARA


Publié jeudi 02 octobre 2025 à 13:06

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner