Sikasso : Le recouvrement de la TDRL, un parcours du combattant pour les collectivités

Cette taxe est indispensable pour développer une commune en termes d’infrastructures et d’assainissement. Une sensibilisation accrue des citoyens est nécessaire pour inverser la tendance

Publié vendredi 17 janvier 2025 à 09:05
Sikasso : Le recouvrement de la TDRL, un parcours du combattant pour les collectivités

Cette école a été réalisée par la mairie de la Commune urbaine de Sikasso

 

La Taxe de développement régional et local (TDRL) est une taxe souvent ignorée par les citoyens comme l’atteste le témoignage d’Alimata Berthé. Cette taxe est généralement perçue par les municipalités dans le but de financer des projets de développement local, notamment l’amélioration des infrastructures ou des services publics. Cependant, le manque d’information et de sensibilisation autour de cette taxe explique pourquoi de nombreux résidents ignorent son existence ou son importance. Pour améliorer la perception et la collecte de la TDRL, il est crucial pour les autorités locales d’intensifier les efforts de communication et d’éducation de la population, c’est-à-dire  expliquer clairement à quoi sert cette taxe et comment elle contribue au bien-être collectif.

La TDRL, bien que cruciale pour le soutien économique, social et culturel des collectivités territoriales, pose un véritable défi en termes de collecte. C’est un montant de 2.125 Fcfa par personne et par an qui représente une source essentielle de financement du développement local. La taxe est aussi considérée comme un fonds propre des communes. Elle est censée fournir des ressources indispensables pour améliorer les infrastructures locales et soutenir divers projets communautaires.

Toutefois, la collecte de cette taxe se heurte à de nombreux obstacles, transformant son paiement en un parcours du combattant pour les collectivités. Les difficultés peuvent se décliner à travers un manque de sensibilisation, des processus administratifs complexes et des contraintes économiques pour les contribuables. Pourquoi la population refuse-t-elle de payer la TDRL ? Quelles sont les personnes exemptes, quels sont ses avantages sur la population ? Que faire pour remédier à la problématique ?

Face à ces interrogations, notre équipe de reportage a approché des responsables de la mairie de la Commune urbaine et des habitants de la cité verte du Kénédougou. La TDRL est souvent source de controverses, en raison d’un manque de transparence sur son utilisation et de la perception selon laquelle les fonds ne bénéficient pas directement à la population.

Certaines personnes exemptes de cette taxe incluent souvent les ménages à faibles revenus, les personnes âgées et parfois les organisations à but non lucratif, bien que cela puisse varier en fonction des réglementations locales. Le paiement de cette taxe permet l’amélioration des infrastructures locales, le financement des services publics et le soutien au développement économique régional.

Ainsi, le manque de sensibilisation et de compréhension autour de la TDRL est illustré par les déclarations d’Adama Bengaly et de Chaka Ballo. Le premier est un distributeur. Il exprime son scepticisme quant à l’utilité de cette taxe, ce qui reflète une perception commune d’inefficacité ou d’inutilité. Le second est un enseignant qui évoque le déficit d’information sur cette taxe. Il appelle à une meilleure communication des autorités locales sur la question. Il propose même que la mairie adopte une approche proactive comme la méthode du porte-à-porte pour informer les citoyens non seulement de son existence, de son importance, mais aussi des délais de paiement.

Diminution du taux de recouvrement- La situation financière de la Commune urbaine de Sikasso, telle que décrite par M’Badji Diarra, régisseur des recettes de la circonscription souligne une tendance préoccupante à la baisse du recouvrement de cette taxe au cours des dernières années. Selon lui, en 2021 la commune a réussi à recouvrer environ la moitié de sa prévision annuelle de 7 millions de Fcfa, mais cette proportion a chuté de manière significative en 2022 et 2023. Cette diminution, soutient-il, est attribuée principalement au non-paiement de la taxe obligatoire pour toute personne vivant dans la commune pendant plus de six mois. Ce à partir de 14 ans.

Au-delà, le régisseur estime que certaines catégories de personnes sont exemptées. Il s’agit des personnes âgées (60 ans et plus), des femmes ayant eu quatre enfants ou plus, des malades mentaux, des élèves et des porteurs d’uniforme. Cette exemption vise à alléger le fardeau fiscal sur les segments vulnérables de la population, mais elle pourrait également contribuer à la difficulté de recouvrement de la taxe.

L’obligation du paiement de la TDRL par la population, comme souligné par le régisseur des recettes de la Commune urbaine de Sikasso, joue un rôle crucial dans le développement local. De l’avis de tous les responsables municipaux, en payant la taxe à la commune, les habitants aident à financer des projets qui améliorent les infrastructures et les services publics. Ce qui, par ricochet attire les investisseurs. Ces derniers voient dans une commune active et bien équipée une opportunité pour leurs projets, augmentant ainsi les investissements locaux.

De plus, le paiement régulier de cette taxe facilite l’accès au droit de tirage de l’Agence nationale d’investissement des collectivités territoriales (ANICT), permettant à la commune de bénéficier de fonds supplémentaires pour ses projets de développement. En somme, les ressources générées par cette taxe sont essentielles pour garantir le bien-être et la croissance continue de la commune. La question de la perception de la TDRL dans la commune urbaine de Sikasso est un défi majeur pour l’administration locale.

Selon le 1er adjoint au maire, Abdramane Sidibé, en dépit des efforts considérables de sensibilisation par le biais d’assemblées générales et de programmes radiophoniques, une partie de la population continue de ne pas s’acquitter de cette taxe. Ce problème selon lui, est particulièrement aigu chez la population dite flottante, qui migre des communes rurales vers la commune urbaine sans contribuer fiscalement ni dans leurs communes d’origine ni à leur nouveau lieu de résidence.

Une autre difficulté réside dans l’obsolescence du «rôle», (le document essentiel pour identifier les contribuables potentiels).  La modernisation de ce système pourrait être une solution pour améliorer la collecte de la TDRL et renforcer le sens de responsabilité civique au sein de la communauté, renchéri-t-il. Pour le maire, ce document donne la précision sur les personnes soumises au paiement de la TDRL. Et de rappeler que c’est sur ce document que les données du recensement de la population sont inscrites.

«Le rôle de la Commune urbaine de Sikasso n’a pas été révisé depuis 2007.  Et cela coûte extrêmement cher au conseil communal», déplore-t-il. Abdramane Sidibé explique que ce travail est le fruit de la collaboration avec les services techniques de la région notamment la préfecture, la direction régionale de la planification. «Nous sommes dans la dynamique de le faire», détaille-t-il.

Par ailleurs, le 1er adjoint au maire dira que la TDRL contribue au fonctionnement de la commune, notamment la prise en charge du salaire du personnel ainsi que les fournitures et consommables, les investissements dans l’éducation, la santé, l’hydraulique et l’environnement. L’édile exhorte ainsi la population à s’acquitter de la taxe qui contribue au développement de la commune.


 

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Quelques réalisations de la mairie

 

 

Sikasso, surnommée encore la «cité verte du Kénédougou», est une ville chargée d’histoire. Érigée en commune de plein exercice en 1954, elle a vu une succession de 23 maires de la période coloniale à l’après indépendance. En 1997, elle a acquis le statut de Commune urbaine, témoignant de son importance croissante. Avec une population dépassant 233.800 habitants d’après le recensement de 2010, Sikasso est reconnue comme la deuxième plus grande ville du Mali. La ville est composée de 17 quartiers officiels et 6 quartiers spontanés, ainsi que de 27 villages rattachés, ce qui en fait un centre dynamique et diversifié. Sa croissance démographique et son développement urbain continuent de jouer un rôle clé dans sa position au sein du pays.

La Commune urbaine de Sikasso, forte de sa vision ambitieuse, s’est engagée dans une série d’initiatives stratégiques pour attirer les investisseurs et stimuler le développement économique local. En 2023 et 2024, des efforts considérables ont été déployés pour moderniser l’agriculture, en introduisant des technologies innovantes et des pratiques durables, afin d’augmenter la productivité et la rentabilité des exploitations agricoles.

Parallèlement, la transformation des produits agricoles a été encouragée, ajoutant de la valeur à la production locale et créant des emplois. Le secteur du commerce a également bénéficié d’une modernisation, facilitant ainsi l’intégration des marchés régionaux et internationaux. Ces progrès ont été accompagnés par une amélioration de l’accès aux services sociaux de base, tels que l’éducation, la santé et les infrastructures, renforçant ainsi le bien-être des habitants. Enfin, Sikasso travaille à intégrer les communes voisines dans cette dynamique de développement, créant ainsi un tissu économique et social plus cohérent et résilient.

La Commune urbaine, sous la direction du 1er adjoint au maire Abdramane Sidibé, a entrepris d’importants projets d’amélioration des infrastructures éducatives et sanitaires. En matière d’éducation, la collectivité a équipé en tables-bancs les salles de classes des écoles du camp Tièba Traoré et Babemba Traoré, tout en clôturant l’école du quartier Sanoubougou II et rénovant celle de Mancourani C.

De plus, avec l’aide de partenaires, des salles de classe ont été construites à Zienbougou, Nimporodioula, Kozanso-Dioula, et Nangoudiassa, intégrant des forages pour améliorer l’accès à l’eau. Sur le plan sanitaire, la mairie a renforcé les capacités de 12 Centres de santé communautaire (Cscom), démontrant un engagement fort envers le bien-être et l’éducation des habitants de la commune.

La mairie s’est attachée aussi activement dans le développement local en collaborant avec divers partenaires pour améliorer les infrastructures et les services communautaires. Au Cscom Mômô, des salles de consultations ont été construites pour renforcer les services de santé. Un nouveau centre de santé est en cours de construction dans le quartier Babemba. En ce qui concerne l’hydraulique, des points d’eau ont été installés dans plusieurs localités, notamment à Karamokobougou, Sabalibougou et Kapélékourou, afin d’améliorer l’accès à l’eau potable.

L’agriculture n’est pas en reste, avec la création de périmètres maraîchers à Zanton-zignansso et Domogodiassa pour soutenir l’agriculture locale.

En perspective, Abdramane Sidibé mentionne le projet de jumelage avec la ville de Changsha en Chine, visant à stimuler l’industrialisation et à promouvoir la transformation des produits agricoles, ce qui pourrait apporter des opportunités économiques significatives à la commune.

Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso

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