![#Mali : Un mal qui isole](http://admin.journalessor.ml/assets/img/posts/1716565737.jpg)
La
célébration de la Journée internationale pour l’élimination de la fistule offre
une opportunité pour les acteurs qui portent le combat contre ce fléau, mais
aussi les décideurs et les partenaires de remettre sur le tapis la question de
la prévention de cette maladie et de sa prise en charge. Pour comprendre
l’ampleur du fléau, il suffit de se rendre dans un centre de prise en
charge comme le Centre
hospitalo-universitaire (CHU) du Point G. Cet établissement dispose d’un centre
d’accueil des femmes atteintes de fistule, dénommé centre Oasis.
Regards
croisés sur un phénomène qui est vécue comme une humiliation. Nah Diarra,
ressortissante de Koulikoro, a trouvé gîte et couvert au centre Oasis du Point
G. Elle fait partie de la trentaine de pensionnaires qui vivent actuellement
dans cette unité d’une capacité d’accueil de 40 lits. Elle explique avoir
contracté son mal, il y a dix ans, et surtout avoir été répudiée par son
conjoint. Elle, comme d’autres femmes, souffre aussi dans le silence de cette
maladie (fistule obstétricale).
Le
vendredi 10 mai dernier, les plus jeunes patientes du centre Oasis apprennent
le tatouage dans une grande salle. Nah Diarra en fait partie. En attendant de
terminer cette formation, elle fait la lavandière et tresse d’autres femmes
pour subvenir à ses besoins. La trentenaire constate une amélioration de sa
santé, mais en appelle à la solidarité en faveur du centre Oasis avec vivres,
vêtements et médicaments.
Contrairement
aux femmes du centre qui sont impatientes de regagner leurs domiciles, Abi
Kélépily fait une révélation surprenante. Elle explique avec une pointe
d’amertume vouloir passer le restant de sa vie dans ces lieux. L’octogénaire a
encore le souvenir frais de son arrivée à l’Hôpital du Point G aux premières
années de l’accession de notre pays à l’indépendance à la suite d’un
accouchement difficile. «Après deux nuits passées au village, on m’a référée
à Bandiagara, puis à Sévaré où j’ai pu accoucher d’un enfant mort-né.
Incapable de supporter ma maladie, mon époux m’a ramenée au domicile paternel.
J’avais du mal à entretenir de bonnes relations avec la famille et le
voisinage, c’est pourquoi, je ne souhaite plus retourner au village»,
explique-t-elle.
Le chef du département de gynécologie obstétrique au CHU du Point G explique que la fistule obstétricale regroupe un ensemble de pathologies consécutives à une rupture de solutions entre l’appareil génital féminin (l’utérus et le vagin) qui va communiquer avec le rectum ou la vessie. Ce lexique médical n’est pas accessible au commun des mortels. Il faut donc comprendre en termes simples que c’est une communication anormale entre les voies génitale et urinaire. Le Pr Tiounkani Augustin Théra précise que la fistule la plus fréquente est la communication de la vessie avec le vagin provoquant une incontinence urinaire. «Comme elle ne peut plus arrêter ses urines et ses selles, la personne atteinte est obligée de porter des couches ou des linges pour se protéger», explique le praticien hospitalier.
ATTEINTE
DE FISTULE DEPUIS 1968- Le toubib explique que la fistule obstétricale découle
des complications de l’accouchement qui se passent à la maison. Certains cas,
poursuit-il, se produisent dans les centres de santé lorsque les agents font
l’accouchement avec la vessie pleine. Il invite les associations des femmes à
sensibiliser sur la préparation de l’accouchement qui dans 10% des cas peut faire
l’objet de complications. Pour certaines susceptibles de causer la fistule, la mort de l’enfant ou de la
mère. Selon le gynécologue, les conséquences sociales de cette maladie sont
très graves.
Il affirme que la mauvaise odeur contraint les victimes à se
retirer de la vie sociale et professionnelle. «Nous avons vu beaucoup de
couples où la femme est répudiée», témoigne l’obstétricien. Selon la
responsable du centre Oasis, les femmes admises au centre sont âgées de 16 à 80
ans. Elles font les lavandières et repassent les habits pour subvenir à leurs
besoins. «En collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD), on
a initié les plus jeunes (16 à 24 ans) au tatouage, maquillage, mais aussi à
nouer les foulards», explique Dr Keïta Aïssata Samassekou. Et de dire que les
femmes qui ne sont pas guéries refusent de retourner dans leurs localités
d’origine par crainte d’être la risée des autres.
Elle
évoque volontiers l’anecdote de l’octogénaire Abi Kélépily qui souffre de la
fistule depuis 1968. De 2005 à maintenant, indique la chirurgienne urologue,
plus d’un millier de patientes ont été prises en charge. Seulement,
précise-t-elle, 16 personnes n’ont pas guéri sur 136 patientes ayant subi une
intervention chirurgicale. Selon la responsable du centre, notre pays
enregistre une réduction de cas de fistule obstétricale. En 2023, son centre
comptait au maximum 140 cas par an contre 365 en 2005.
Mais de
nombreux défis assaillent le centre Oasis. Dr Keïta Aïssata Samassekou énumère
la prise en charge alimentaire coûteuse pour l’hôpital du Point G et le
financement de la prise en charge médicale des patientes. Pour éviter les
complications de l’accouchement, l’urologue demande aux parents de protéger
leurs filles contre le mariage précoce. Elle propose la mise à disposition de
compétences gynécologiques dans toutes les localités reculées pour éviter la
fistule obstétricale lors de la césarienne.
Le point
focal de la fistule obstétricale au niveau de l’Office national de la santé et
de la reproduction (Onasr) explique que notre pays enregistre d’énormes
avancées dans la prise en charge de la fistule obstétricale. Dr N’tji Keïta
indique que de 2009 à 2022, sept sites ont été construits dans différentes
régions, en plus du centre Oasis, et disposent de chirurgiens compétents pour
la prise en charge médicale de la pathologie.
Il explique que l’ONG Intra health et le Fonds des Nations-unies pour la population (UNFPA) se battent pour la prise en charge des fistuleuses et leur réinsertion sociale après la guérison. Il précisera que 286 cas de fistule ont été pris en charge en 2022 contre 323 l’année dernière. Pour lui, les départements en charge de la Santé et de la Promotion de la Femme sont en concertation pour renforcer la réinsertion des fistuleuses à travers les Maisons de la femme, de l’enfant et de la famille.
Mohamed DIAWARA
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