#Mali : Problématique de la lecture : Nos compatriotes ont peu de goût pour les livres

Certains trouvent une justification dans la culture de l’oralité, la conjoncture économique, mais aussi dans l’influence des réseaux sociaux. Pour inverser la tendance, d’autres proposent la création de clubs de lecture, l’organisation d’évènements littéraires et la visite d’auteurs de livres dans notre pays, entre autres

Publié lundi 22 janvier 2024 à 07:06
#Mali : Problématique de la lecture : Nos compatriotes ont peu de goût pour les livres

Pourtant, les nouvelles technologies ont facilité l’accès aux livres en version numérique

 

On ne vit pas de pain seulement, a-t-on l’habitude d’entendre. Autrement dit, on a aussi besoin de se nourrir de culture générale et l’acquisition de celle-ci passe par la lecture. Des spécialistes expliquent clairement qu’au-delà d’être aussi un simple passe-temps, «la lecture stimule le cerveau et améliore la concentration».

Malheureusement, dans notre société, les férus de lecture se comptent sur les doigts d’une main. C’est peut-être une exagération, mais en tout cas les bouquineurs ne sont pas légion dans notre pays. Une boutade devenue célèbre par la force des choses illustre parfaitement cet état de fait. «Si tu veux cacher quelque chose à un Malien, il faut le mettre dans un livre». Ce trait d’esprit tourne à la dérision ou à l’autodérision, mais il est très proche de la réalité. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ? Pourquoi les gens ne lisent pas beaucoup au Mali ? Nous tentons d’apporter des éléments de réponse à ces interrogations.

La lecture a une importance significative dans le développement de l’être humain et d’une nation. Une maxime de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela est plus explicite. «Une nation qui lit est une nation qui gagne». La lecture apporte beaucoup à l’être humain. En français simple, la lecture est une nourriture de l’esprit. Djénéba Doumbia, étudiante en finance, comptabilité et audit, membre du club «Ser bibliothèque», explique le  désintérêt pour la lecture par des contraintes d’agenda et par l’addiction aux réseaux sociaux. Son argumentaire ne tient pas la route parce que quand on est un féru de lecture, on trouve toujours un temps pour lire.

Mais, l’étudiante est persuadée que la lecture apporte de la culture générale et renforce les compétences. Ce qui explique son adhésion au club de lecture qui incite élèves, étudiants et autres catégories socioprofessionnelles à lire. Le club «Ser bibliothèque» initie à son sein très souvent des échanges d’idées intéressantes et des activités littéraires, mais aussi des programmes de lecture communautaire. Il y a aussi le club de lecture en ligne, les campagnes de sensibilisation, mais aussi des partenariats avec des écoles et universités et l’institution de récompenses littéraires locales.

 Amadou Traoré, jeune diplômé sans emploi, explique clairement son peu de goût pour la lecture. Pour me faire dormir, il suffit de me donner un bouquin et je sommeille après lecture de quelques phrases dit-il. Mais, il reste conscient de la gravité de cette situation sur son développement personnel et éventuellement sur sa prochaine vie professionnelle.

Une autre jeune étudiante, Fadimatou Ballo, explique aussi avoir la paresse intellectuelle de lire. Elle préfère passer du temps sur les réseaux sociaux, notamment à regarder Tiktok et WhatsApp. «Ce n’est pas facile de se consacrer à la lecture des ouvrages».  Alou Fofana, un autre élève, pense même que lire fatigue.

Selon lui, les réseaux sociaux offrent des tutoriels sur les cours. à travers cela, il arrive à combler petit à petit ses insuffisances et à mieux comprendre les cours. Pour lui, il est clair qu’avec l’intelligence artificielle, il est facile d’avoir toutes les informations. Face à la paresse intellectuelle des élèves et étudiants, voire des cadres qui n’aiment pas lire, Boubacar Sanogo, un chef de famille manifeste son amertume. «C’est vraiment inquiétant. On marchait des kilomètres pour accéder à des bibliothèques. Maintenant qu’on les a à portée de main dans les écoles et dans d’autres centres culturels, on les fréquente moins», déplore le patriarche.

 

CULTURE DE L’ORALITÉ- Le professeur de philosophie Ibrahim Sondé affirme que le livre informe et éduque. Pour lui, les lecteurs peuvent trouver dans les bouquins les solutions à des problèmes sociaux abordés par les écrivains dans leurs ouvrages. Le chef de division à la Bibliothèque nationale, Diadié Konaté, pousse l’analyse plus loin sur le désintérêt de nos compatriotes pour la lecture. Ceux-ci n’ont pas la culture de la lecture, mais plutôt de l’oralité. Ceci est peut-être à l’origine du «mépris» pour le livre.

Cependant, il souligne qu’il y a eu un regain d’intérêt pour la lecture en 2022 comparativement à 2021. Notre interlocuteur évoque un aspect que beaucoup de Maliens ne prennent pas en compte. Il s’agit des coupures intempestives d’électricité. Il estime que cet état de fait a impacté négativement la fréquentation des bibliothèques en 2023. Diadié Konaté invite les parents à, d’abord, créer les habitudes de lecture dans les familles. «Quand les parents lisent, les enfants aussi le feront», dit-il. Et d’indiquer que leurs lecteurs sont constitués majoritairement d’enseignants et d’étudiants. Mais il y a plus d’hommes que de femmes.

Le directeur du Centre national de la lecture publique définit la lecture comme une activité qui permet de déchiffrer et de comprendre un texte écrit. Idrissa Oumar laisse entendre qu’il faut l’aimer et la pratiquer régulièrement.  Selon lui, il y a encore beaucoup d’efforts à faire pour relever le défi de l’alphabétisation dans notre pays où, le faible niveau d’éducation touche plus ou moins 70 % de la population. D’autres facteurs font que les gens lisent peu, notamment l’influence de la tradition orale encore très forte dans nos sociétés, l’accès très limité aux bibliothèques, livres, journaux, voire à l’Internet.  S’y ajoute la conjoncture économique qui oblige les familles à faire face plutôt à d’autres priorités, notamment alimentaires au lieu de penser au livre. Et enfin, l’influence de la télévision.

Il déclare que pour accroître l’intérêt pour la lecture, il faut rendre les livres disponibles et accessibles partout afin que chacun puisse avoir la chance de faire ses choix, dans le milieu où il évolue, selon son centre d’intérêt, son goût, ses préférences. Il recommande l’aménagement d’espaces de lecture confortables dans les bibliothèques, écoles, gares, cafés, parcs, etc. «Il faut aussi s’assurer que les ressources proposées soient d’une grande diversité (livres, journaux, magazines, revues, etc.), de différents genres (romans, contes, histoires pour les enfants par exemple, etc.) et traitent d’autres cultures et expériences».

La création des clubs de lecture, d’événements littéraires, des programmes de lecture et l’organisation de concours de lecture et des visites d’auteurs peuvent aussi susciter l’intérêt des enfants pour les livres. Sans oublier la mise en place des bibliothèques mobiles dans des zones communautaires.

Une chose est sûre, les nouvelles technologies ont facilité l’accès aux livres à travers la disponibilité de la documentation en version numérique. Dans un contexte de mondialisation et de globalisation, les médiocres n’auront plus de chance. Chacun a intérêt à acquérir des connaissances à travers une solide formation académique, mais aussi une culture générale. Et c’est là où la lecture est indispensable.

Assitan KIMBIRY

Rédaction Lessor

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