Cedeao-Mali : Le bâton et la carotte, le temps d’un sommet

Entre les informations distillées à chaud au sortir de la réunion des Chefs d’Etat au soir du 4 décembre à Abuja et la publication du communiqué officiel deux jours plus tard, les commentaires sont allés du vif au froid tellement tout et son contraire ont été dits.

Publié jeudi 08 décembre 2022 à 12:50
Cedeao-Mali : Le bâton et la carotte, le temps d’un sommet

Les relations entre l’organisation sous régionale et son état membre restent distendues à bien d’égard, jusque dans les opinions. La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO s’est réunie en session ordinaire à Abuja au Nigéria le 4 décembre dernier.

Les sessions ordinaires se penchent généralement sur des sujets ordinaires comme l’économie, la politique, la gouvernance, la sécurité, les questions d’actualités, etc. Les sessions extraordinaires ont un ordre du jour précis comme ce fut le cas récemment sur la situation au Mali, au Burkina Faso et en Guinée.

C’est tout naturellement que la 62e session ordinaire du dimanche 4 décembre a discuté des processus transitoires dans les trois pays ayant connu des insurrections militaires. Les résolutions étaient attendues mais avec des fortunes à dimensions variables.

L’organisation régionale a, ces derniers temps, montré une certaine efficacité administrative à communiquer dans un délai court après ses sommets, souvent dans un intervalle de trois heures en moyenne après la fin des travaux.

Mais l’on retiendra que le communiqué final à l’issue de ce sommet ordinaire du 4 décembre ne sera rendu public que quarante-huit heures après, soit le 6 décembre tout en maintenant la date de signature au jour officiel de la tenue dudit sommet.

C’est dire que les observateurs de l’actualité de l’organisation sous-régionale et surtout tous ceux intéressés aux conclusions de la conférence d’Abuja auront retenu une communication à double étage, sinon un double langage en trois jours.

CALMER LE JEU

Ce sont les tweets de certains journalistes présents sur place et réputés être dans le secret des délibérations des Chefs d’Etat et de gouvernements présents, d’articles de certains médias internationaux qui ont déclenché un tour de chauffe au soir du 4 décembre dans les opinions africaines et principalement malienne en ce qui concerne le Mali.

« Sur le cas du voisin guinéen, un ultimatum a été posé aux autorités de Bamako de libérer les 46 militaires ivoiriens avant le 1er janvier 2023 au risque des sanctions » s’empressait de publier dès dimanche soir Guineenews.org sur son site, reprenant les tweets distillés depuis Abuja par certains envoyés spéciaux de médias étrangers. L’info a eu l’effet d’une trainée de poudre sur les réseaux sociaux et est restée commentée pendant deux jours.

Il faut noter que ces infos sont corroborées par les propos du nouveau président de la Commission de la CEDEAO, le gambien Omar TOURAY, qui avait même prêté serment lors de la session. En conférence de presse à l’issue du conclave, il développait en ces termes : « Nous continuerons à dialoguer avec les autorités maliennes pour la libération immédiate des 46 soldats détenus au Mali.

Dans le cas où les soldats ne seront pas libérés immédiatement, les dirigeants se réservent le droit de prendre certaines mesures ». Il faut dire que les informations sur les aspects d’injonction et de menace qui ont plus fusé des compte-rendu par tweets et articles mieux que l’intervention du président de la Commission de la CEDEAO ont occupé le haut du pavé de l’actualité au point que les journaux parus au Mali le mercredi 7 décembre, soit trois jours après le sommet, ont continué de les emboucher.

C’est le cas de l’hebdomadaire le Matin qui s’offusque en ces termes : « En ce qui concerne notre pays, il est regrettable de constater que les dirigeants de la sous-région sont toujours dans une posture d’injonction quand il s’agit de prendre des décisions concernant notre pays.

Ainsi, ils n’ont trouvé mieux que de donner un ultimatum aux autorités de la Transition. Celles-ci ont ainsi jusqu’au 1er janvier 2023 pour libérer les mercenaires ivoiriens sous peine d’exposer le pays à de nouvelles sanctions ».

La communication du bâton aura prospéré du dimanche au mardi avant que le communiqué officiel tant attendu ne soit rendu public. Ce sera la communication de la carotte qui prendra à contrepied toutes les allégations répandues jusque là.

Dans le texte de 12 pages, signé du président en exercice de la CEDEAO, le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo , aucune trace d’injonction, de menace, d’ultimatum ou de sanction. Au contraire on retient essentiellement en trois points consacrés au Mali :  encouragements à la Transition, appel à la solidarité face aux défis, invitation des autorités maliennes à avoir une oreille pour la libération des soldats détenus.

On se demanderait même s’il s’agissait du même sommet et des mêmes participants. Le communiqué dément les déclarations du président de la Commission puisqu’il n’en fait pas mention, en cout cas du ton. Que s’est -il réellement passé ?

Le président de la Commission est un homme assermenté (à rappeler qu’il a prêté serment le jour même du sommet), réputé loyal aux Chefs d’Etat et donc ne peut se permettre de tenir des propos infondés ou gratuits surtout pour évoquer les conclusions des discussions de ses chefs.

Un ancien fonctionnaire de la CEDEAO joint par message texte tente d’expliquer le retard dans la publication du communiqué : « Parfois, il y a des problèmes avec la signature, surtout si le projet final n'est pas prêt à temps et que les alignements de traduction dans les trois langues ne sont pas prêts pour la signature avant le départ du président en exercice » confie-t-il.

Cette explication suffit -elle pour ne pas penser à un choix délibéré de ne pas durcir le ton vis-à-vis de Bamako après tant d’épisodes sulfureux dans les relations entre les deux parties. Y a-t-il divergence de vues sur l’approche envers Bamako ?

Le dossier des militaires « ivoiriens » retenus au Mali depuis le 10 juillet a-t-il pesé pour aboutir à ce ton conciliant de la CEDEAO ? En tous les cas, l’on est tenté de dire que l’organisation sous régionale tente de calmer le jeu et de contenir la tempête dans une bouteille. L’on se rappelle les multiples missions et rencontres restées infructueuses pour l’issue la plus souhaitée à savoir la libération des soldats, pour un dossier déjà judiciarisé.

Autres gros os qui devrait peser dans les discussions entre Chefs d’Etat, la plainte du Mali devant le Conseil de sécurité ou encore l’avenir de la MINUSMA. Plutôt que de gros os, disons que ce pourraient être les œufs sur lesquels la CEDEAO marche désormais pour éviter de fâcher Bamako toujours droit dans ses bottes.

Du coup pour bien marcher sans casser des œufs sur la route de Bamako, sans avaler de gros os sur la table de Koulouba, la CEDEAO tente de caresser dans le sens du poil. Disons qu’elle marche désormais dans le sens de la marche, celle du respect de la souveraineté du Mali, du dialogue équitable et franc. Ce qui pourrait faire passer le feuilleton des « feux du désamour aux « feux de l’amour ».

A ce prix, le compromis sera le bréviaire des futures démarches afin d’aboutir à des solutions partagées. Des solutions ouest africaines et africaines.

Alassane SOULEYMANE, journaliste

Rédaction Lessor

Lire aussi : 38è anniversaire de la disparition du président Thomas Sankara : le message d’hommage du capitaine Ibrahim Traoré

À l’occasion du 38è anniversaire de l’assassinat du Président Thomas Isidore Noël Sankara, le chef de l’État burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a rendu un vibrant hommage au père de la Révolution d’août 1983.

Lire aussi : Décès de l’ancien Premier ministre Soumana Sako: la Nation perd un homme d´Etat

L’ancien Premier ministre Soumana Sako a tiré sa révérence, ce mercredi 15 octobre 2025. Né en Nyamina en 1950, Soumana Sako a obtenu le Diplôme d’étude fondamentale (DEF) en juin 1967 et le Bac trois ans plus tard, en se classant dans les cas deux Premier national.

Lire aussi : Environnement : Les femmes de Siby à l’avant-garde de la sauvegarde

En plus d’être de ferventes agricultrices, les femmes de Siby sont aussi de véritables gardiennes de la nature. Elles assurent la protection de l’environnement avec leur savoir-faire.

Lire aussi : Journée internationale de la femme rurale : Hommage aux «NYeléni» de Siby

C’est aujourd’hui qu’on célèbre la Journée internationale de la femme rurale. À cette occasion, nous sommes allés à la rencontre des braves femmes de Siby dont la principale activité est de travailler la terre pour garantir la sécurité alimentaire dans la communauté et assurer leur a.

Lire aussi : Kangaba : Démarrage des travaux du principal caniveau

Les travaux de construction du principal caniveau qui traverse la ville de Kangaba ont démarré le jeudi 9 octobre. Ils sont financés par le budget de la Commune rurale de Minidian pour un montant total de 47.496.416 Fcfa. Le premier coup de pelle a été donné par le maire de cette commune, Mamb.

Lire aussi : Diéma : Des consignes claires pour éviter une pénurie de carburant

Le 2è adjoint au préfet de Diéma, Attayoub Ould Mohamed, à la tête d’une délégation restreinte, comprenant le 2è adjoint au maire de la Commune rurale de Diéma, Nakounté Sissoko, le chef du service subrégional du commerce et de la concurrence, Mamby Kamissoko, et des éléments des Forc.

Les articles de l'auteur

Fonds de soutien patriotique : Plus de 142 milliards de FCFA mobilisés au 30 septembre 2025

Le Fonds de soutien patriotique (FSP) poursuit sa dynamique de mobilisation nationale. Selon les chiffres publiés par le Comité de gestion, le vendredi 10 octobre, les recettes cumulées du FSP ont atteint 142.603.529.418 Fcfa au 30 septembre 2025, confirmant la forte adhésion des Burkinabè à cet instrument de solidarité nationale..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 15 octobre 2025 à 08:37

Burkina : Des panafricanistes célèbrent l’héritage de Thomas Sankara

Le Burkina Faso a officiellement lancé, ce lundi à Ouagadougou, les Rencontres internationales Carrefour Thomas Sankara, destinées pendant cinq jours, à perpétuer la mémoire et les idéaux de l’illustre panafricaniste révolutionnaire..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 15 octobre 2025 à 08:28

Niger : Le gouvernement renforce sa cybersécurité avec la création d’un centre national dédié

Le gouvernement nigérien a décidé de mettre en place un Centre national de cybersécurité (CNAC), renforçant ainsi ses efforts pour assurer la sécurité du cyberespace national. Deux projets de décrets ont été adoptés lors du Conseil des ministres du samedi 11 octobre, portant respectivement sur la création de l’institution et l’approbation de ses statuts..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 15 octobre 2025 à 08:26

AES : Les pays membres entendent coordonner les fréquences radioélectriques à leurs frontières

Le Directeur général de l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (Arcep), le Colonel-major Idrissa Chaibou a présidé, ce lundi 13 octobre dans la salle des réunions de l’Arcep, la cérémonie d’ouverture des travaux de la réunion préparatoire à la réunion de coordination des fréquences radioélectriques aux frontières des pays membres de l’Alliance des États du Sahel..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 15 octobre 2025 à 08:24

Kangaba : Démarrage des travaux du principal caniveau

Les travaux de construction du principal caniveau qui traverse la ville de Kangaba ont démarré le jeudi 9 octobre. Ils sont financés par le budget de la Commune rurale de Minidian pour un montant total de 47.496.416 Fcfa. Le premier coup de pelle a été donné par le maire de cette commune, Mamby Keitadit By..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 15 octobre 2025 à 08:16

Vienne : Le ministre Mossa Ag Attaher participe à la 12è réunion du groupe de travail sur le trafic illicite de migrants

Le ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher, a participé à la 12è réunion du Groupe de travail sur le trafic illicite de migrants, organisée par le Bureau des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) à Vienne en Autriche..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 15 octobre 2025 à 07:44

Autriche : Le ministre Mossa Ag Attaher rencontre la communauté malienne de Vienne

En marge de la 12è réunion du Groupe de travail sur le trafic illicite de migrants, le ministre des Maliens Établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher a rencontré, le samedi 11 octobre 202, la communauté malienne vivant à Vienne, en Autriche, ainsi que celles des autres pays de la Confédération des États du Sahel (AES)..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 14 octobre 2025 à 07:39

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner