Abdoulaye Labita : Le menuisier non voyant

En 2012, Abdoulaye Labita perd l’usage de ses yeux malgré une prise en charge ophtalmologique dans un établissement spécialisé et par des spécialistes à l’extérieur du Mali. Un handicap majeur qui n’a pas entaché sa passion pour la menuiserie. Il semble même acquis un sens supplémentaire lui permettant de donner une finition particulière à ses meubles

Publié jeudi 26 janvier 2023 à 07:12
Abdoulaye Labita : Le menuisier non voyant

Le destin se forge souvent à la force du poignet. En tout cas, ça semble être le cas d’Abdoulaye Labita, un non voyant, qui excelle aujourd’hui dans la menuiserie et séduit par son esprit d’entreprise. La fabrication des meubles en bois n’a plus grand secret pour celui qui est plus connu sous le pseudonyme «Ladji Bozo», en référence à son nom de famille, ou «Ladji Fabrication» qui renvoie à l’expertise qu’il développe dans cet art de travailler le bois.

Habitant de l’Hippodrome en Commune II du District de Bamako, le non voyant explique avoir commencé ce travail en 1988. À l’époque, il avait la vision intacte. C’est en 2012, qu’il perdra l’usage de ses yeux malgré une prise en charge ophtalmologique dans un établissement spécialisé et par des spécialistes à l’extérieur du Mali.

Pour retrouver une autonomie, il a appris la mobilité à l’Institut national des aveugles du Mali (Inam) où, on lui donnera le sens de l’orientation et du déplacement. Déjà à quelques mètres de l’atelier de Ladji Bozo, un assemblage de tôles et de bois au bord d’un marigot, le visiteur est happé par le bruit assourdissant d’une machine. Au passage de notre équipe de reportage, le non voyant était en train de confectionner un lit. Une canne à la main et des lunettes teintées derrières lesquelles se cachent ses organes de la vue, il décide de nous consacrer un petit temps. Celui qui est atteint de handicap visuel garde le sens de l’humour.

Abdoulaye Labita explique à qui veut l’entendre que sa passion pour la menuiserie remonte à sa tendre enfance. Une période qu’il a traversée avec une drépanocytose. L’homme a aussi vécu près de 25 ans avec des plaies récalcitrantes dont les grosses cicatrices sont encore visibles au niveau de ses deux jambes.

 Il explique ce qui lui a valu son sobriquet.  «J’aimais le bricolage.

Raison pour laquelle les voisins m’appelaient Ladji Fabrication». Avant d’ajouter que ses débuts dans la menuiserie ont été très difficiles. «J’ai acheté petit à petit les outils élémentaires comme le marteau, la tenaille et la scie. Avec ces équipements et une table de travail, je me suis installé devant notre famille», se rappelle le non voyant.

 

UNE SCIE «7 OPÉRATIONS»- Aujourd’hui, il possède une machine «5 opérations» qui est dotée d’une raboteuse, d’une scie, d’une mortaiseuse et d’une toupie. «Cette machine était en panne quand je l’ai achetée. Je l’ai réparée petit à petit. Je souhaite aujourd’hui avoir une scie «7 opérations» pour satisfaire les grandes offres», confie le quadragénaire.

 Pendant qu’un apprenti rabote une planche, Abdoulaye Labita la tâte et affirme : «c’est une nouvelle planche». Il sort une roulette de sa poche pour mesurer l’épaisseur du bois. Automatiquement, il précise que l’épaisseur de la planche mesure 3 millimètres. «Quand je touche un bois, je peux connaître approximativement l’épaisseur ou la dimension», assure ce patron de 5 apprentis sur lesquels trois sont ses propres enfants.

Moussa Diarra, un jeune non voyant aussi, effectue un apprentissage dans son atelier depuis une année. Ce dernier a abandonné l’Institut de formation des maîtres (IFM) durant l’année scolaire 2021-2022. «Je veux exercer le même métier qu’Abdoulaye Labita que j’ai rencontré à l’ex-Institut des jeunes aveugles (Ija)», précise le jeune homme de 24 ans. Il nourrit la conviction qu’il peut faire ce job. À travers des applications de lecture de textes,  Moussa Diarra a compris que les non voyants peuvent faire plusieurs métiers et confie qu’il souhaite faire mieux que son patron.

Rappelons qu’Abdoulaye Labita est un appel à bien vivre avec le handicap.  Celui qui exprime une fierté à s’occuper avec un métier à besoin de soutien de toutes les bonnes volontés pour que son entreprise puisse prospérer.  Son caractère admirable, son dévouement et son courage sont bien appréciés de la clientèle et des siens.    

Mohamed DIAWARA

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