
La situation est d'autant plus complexe que le pays est aux prises avec les conséquences de son passé colonial, des inégalités persistantes et de la prolifération d'acteurs non étatiques qui exploitent les griefs locaux et les faiblesses institutionnelles de la jeune démocratie. Face à ces défis pluriels, la résilience malienne, loin d'être une simple réaction passive, se révèle être une force dynamique, puisant dans la foi, l’unité et la richesse culturelle pour tracer le chemin de la refondation de l’État.
En dépit de la crise sécuritaire et politique qui secoue le Mali depuis 2012, mis en évidence par l’ouvrage collectif, «Le Mali entre doute et espoir», dirigé par le Professeur Doulaye Konaté, les Maliens font preuve d’une résilience remarquable. Cette résilience se traduit par des initiatives locales, une solidarité communautaire et un profond ancrage culturel, autant d'éléments qui incarnent une lutte silencieuse pour la dignité et l’identité malienne « Mali denou», tant chanté par Salif Keita. Cette identité malienne est illustrée par le professeur Ibrahim N’Diaye à travers le concept « Malidenya » fondé sur cinq valeurs (Mokoya, Mokossèbèya, Mokossèbè denya, Honroya, Sanankouya) et cinq principes (Mali tè klâ, Atè féré, Atè Tonomada, Atè dî, Atè doun). Cette capacité d'adaptation et de résistance se manifeste concrètement dans la vie quotidienne des Maliens, comme nous allons le voir.
1. Solidarité communautaire et initiatives locales: l'auto-organisation comme réponse à la fragilité de l’État
2. En l'absence ou en complément de l’État, les Maliens s'organisent pour répondre à leurs besoins (éducation, santé, justice, alimentation, etc.) et assurer leur sécurité. Au centre du pays, précisément à Bandiagara et à Koro, des comités villageois, constitués de légitimités traditionnelles, jouent un rôle décisif dans la gestion des conflits entre éleveurs et agriculteurs. Ces comités mettent en place des mécanismes de dialogue et de médiation, favorisant la recherche de solutions pacifiques et contribuant ainsi à la prévention de la violence et à la promotion de la paix sociale.
Il convient également de souligner que certains villages de la région ont été amenés, pour leur survie, à conclure des accords avec les groupes jihadistes du JNIM. De plus, de nombreuses personnes ont été contraintes de fuir le centre du pays en raison des massacres de villageois (Ogossagou, Sobane Da…) innocents orchestrés par ces terroristes.
À Gao, la jeunesse s’est organisée pour sécuriser l’héritage ancestral, notamment l’histoire et la culture de la région. En effet, ces jeunes, conscients de la richesse de leur patrimoine, ont fait le serment de préserver l’unité territoriale et culturelle ancestrale, parfois au péril de leur vie. Ils sont essentiellement organisés au sein de deux groupes, notamment Ganda Koy (maîtres de la terre) et le Ganda Izo (fils du pays). Cette mobilisation citoyenne témoigne d'une volonté de prendre en main leur destin et de reconstruire leur société avec les moyens du bord. Cette capacité d'auto-organisation est une illustration manifeste de la résilience malienne, démontrant que même dans les situations les plus difficiles, les communautés sont capables de se mobiliser pour assurer leur propre sécurité.
2. Culture et traditions : un héritage vivant face à l'aliénation
La culture malienne, riche et diversifiée, joue un rôle essentiel dans la préservation de l'identité nationale et la résistance à l'extrémisme violent. La musique, vecteur d’unité, résonne dans les trois régions du pays (Sud, Centre et Nord), portant des messages de paix et d'espoir grâce à des artistes engagés comme Mylmo, Master Soumi, Salif Keita ou Oumou Sangaré. Ces voix résonnent comme un appel à la concorde et à la tolérance, renforçant le moral de la population et offrant une alternative à la propagande extrémiste. Les festivals, tels que le Festival au Désert, le Festival sur le Niger et la Biennale, sont autant d'occasions de célébrer un patrimoine millénaire et de renforcer le lien social. Comme le dit souvent un ancien journaliste de l’ORTM, Daouda Tékété : «La culture est notre arme face au désespoir». En d'autres termes, la culture malienne n'est pas seulement un héritage du passé, mais un outil puissant pour construire le vivre-ensemble et un rempart contre l'obscurantisme.
3. Un avenir à écrire : l'appropriation du processus de paix
Malgré les obstacles, l’espoir persiste. Comme le dit un célèbre proverbe : «Le Mali est comme un baobab : ses racines sont profondes, il renaîtra». Après des initiatives à dominance externe, l’État malien a finalement fini par changer de paradigme dans la régulation de la crise sécessionniste et terroriste. Cette évolution se traduit par une endogénéisation du processus de paix, avec notamment l'initiative d'un «Dialogue inter-Maliens», l’abandon de l’Accord pour la paix de 2015, signé par le gouvernement et la Coordination des mouvements de l'Azawad et la production d’une «Charte pour la paix et la réconciliation nationale».
Le Dialogue inter-Maliens vise à créer un espace d'échanges et de concertation entre les différentes communautés, tandis que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ambitionne de définir un cadre commun pour la reconstruction du pays. Cette appropriation du processus de paix par les Maliens eux-mêmes est un signe encourageant, car elle témoigne d'une volonté de trouver des solutions durables et adaptées aux réalités des contextes.
4. Résilience face à la désinformation et la manipulation de l’information. La crise au Mali est aussi l’histoire d’une lutte d’influence entre grandes puissances et d'une guerre de l’information.
Entre les rumeurs amplifiées par les réseaux sociaux, la propagande politique et les manipulations jihadistes (tels que les montages vidéo de prétendues victoires militaires à Ber, à Kidal ou à Tinzawatène), les citoyens développent des stratégies innovantes pour distinguer le vrai du faux. Des journalistes engagés, ainsi que des collectifs de blogueurs et des « vidéo-man », traquent les rumeurs et les manipulations de l’information. À ce titre, on peut citer « Benbéré » et la Dirpa, qui s’est rapprochée récemment de la population en communiquant dans la langue nationale, «Bambara», et en améliorant sa réactivité en matière d’informations sécuritaires. Cette résilience numérique et communautaire mérite d’être racontée, malgré le piège du conflit ethnique au centre du pays, où les populations sont encore embourbées.
5. La résilience malienne : un projet de société
Consolider la résilience des populations maliennes implique de renforcer la transparence et l’inclusivité de la gouvernance, à promouvoir la cohésion sociale à travers l’école, espace de fabrication du citoyen, et une justice qui reflète l’état de l’État de droit. Il est primordial de restaurer la confiance entre les citoyens et l'État, de lutter contre la corruption et de garantir l'accès à l'éducation et à la justice pour tous.
La résilience malienne n'est donc pas seulement une question de survie, mais un véritable projet de société, qui nécessite l'engagement de tous les acteurs et une vision à long terme. En investissant dans la gouvernance, l'éducation et la justice, le Mali peut renforcer sa cohésion sociale et construire un avenir plus stable et prospère pour tous ses citoyens.
En conclusion, la résilience du peuple malien est une force vive, qui se manifeste à travers la foi, l'unité, la culture et une capacité d'adaptation hors du commun. Face aux défis sécuritaires, politiques et économiques, les Maliens puisent dans leurs ressources propres pour préserver leur identité, reconstruire leur société et tracer un chemin vers un avenir meilleur. Cette résilience, véritable projet de société, mérite d'être encouragée et soutenue par tous les acteurs nationaux et internationaux.
Dr Abdoul SOGODOGO
Enseignant-chercheur à l’UKB
Rédaction Lessor
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