Friperie : Une niche pour les vendeurs

La période de grand froid est très propice au commerce de pull-overs, blousons et autres vêtements chauds. Les clients se bousculent aux portillons pour en acquérir, en vue de se protéger contre le froid

Publié jeudi 16 janvier 2025 à 08:42
Friperie : Une niche pour les vendeurs

Ces habits que l'on trouve dans la friperie sont vendus entre 1.000 et 1.500 Fcfa l'unité


Les vendeurs de fripes (yougou-yougou), notamment des pull-overs et autres vêtements chauds comme les blousons ou manteaux se frottent les mains en cette période de froid. Pour s’en convaincre, il suffit de faire le tour de quelques marchés de friperie à Bamako. Au Grand marché, il était environ 11 heures ce jour dans un tohu-bohu indescriptible. Au niveau des points de vente des pull-overs, des clients

marchandent. Selon des grossistes, ces vêtements viennent d’Europe, d’Amérique et d’Asie par voie aérienne ou maritime. Ils sont vendus en fonction des qualités reparties en lots de premier, deuxième et troisième choix. Le premier choix peut coûter 100.000 Fcfa contre 80.000 Fcfa pour le deuxième et 60.000 Fcfa pour le troisième. Coumba Touré, une vendeuse de pull-overs au Grand marché, confie que le prix d’une balle de pull-overs oscille entre 100.000 et 200.000 Fcfa en cette période de froid. «Après le triage, on vend l’unité à 1.000 ou 1.500 Fcfa.

Ça dépend de ce qu’on obtient dans la balle», raconte la trentenaire qui exerce ce commerce avec sa maman. «Toute ma famille maternelle excelle dans cette activité commerciale. J’ai intégré le métier après trois échecs au Baccalauréat », affirme celle qui est loin de regretter son choix. Car, en 9 ans d’activités dans ce domaine, Coumba Touré explique avoir acheté deux parcelles de terrain et cinq motos taxis. Pour elle, la vente de fripes est une niche en période de froid. Un client à la recherche de pullovers se présente devant elle.

Ichaka Koné, puisqu’il s’agit de lui, est vétérinaire. «J’achète des pullovers tous les deux ans pour ma famille. Je préfère ceux de la friperie, car ça dure et le prix est abordable », justifie-t-il avant d’inviter les parents à protéger leurs enfants contre le froid. Une autre cliente, Mme Touré Lobo Diacko n’accepte pas d’envoyer ses enfants à l’école sans les draper de pull-overs. «Je fais le tour des points de vente des friperies pour trier des pulls pour ma famille; surtout les enfants.

Tous les habits doivent être des pulls maintenant. Même avec l’augmentation des prix, j’en achète. Car sans eux, on peut attraper toutes sortes de maladies, donc acheter un pull à 3.000 Fcfa vaut mieux que d’être hospitalisé dans un établissement de santé à cause du froid», argumente-t-elle.

Kadia Sangaré, une marchande de vêtements chauds dans le même marché attire l’attention des passants sur ses produits.

«Les pull-overs d’occasion sont plus prisés que les habits dits industriels grâce à leur diversité, leur qualité et leur prix», explique Kadia Sangaré assise devant des friperies exposées sur une natte étalée à même le sol. Cette année, ce n’est pas le grand rush, regrette la vendeuse. «Les prix commencent à grimper à cause du coût élevé du dédouanement. J’achète les balles de friperies dans un magasin ici au Grand marché. Avant, je pouvais faire plus de 30.000 Fcfa de vente par jour. À cause de la crise économique, on vend au maximum 15.000 Fcfa par jour», poursuit-elle.

 

 DÉSINFECTION DES FRIPE RIES- Souleymane Diallo a décidé de migrer de la vente de vestes à celle de pull-overs. Il tient une boutique à l’ACI 2000. «Je vends des vestes de seconde main, mais pendant la saison froide, j’évolue dans le commerce des pull-overs. J’avoue que ça marche bien. Je m’approvisionne chez un grossiste dont les produits sont appréciés par les clients», se réjouit-il.

Sous anonymat, un client soutient qu’en cette période, il faut porter des pullovers des bonnets et même des gants si possible. Et de prévenir que ce moment expose à des risques sanitaires tels que le rhume. «Il faut surtout protéger les organes de sens contre la poussière à cause de leur fragilité. Cependant les personnes les plus touchées par ce fléau sont les enfants », affirme-t-il. C’est également l’avis du médecin généraliste, Dr Seydina Kamissoko. Il témoigne que les pull-overs sont particulièrement efficaces.

«Ils offrent une chaleur instantanée et sont très confortables», explique-t-il. Les blousons en coton épais, quant à eux, sont aussi une bonne option pour se protéger du froid, tandis que les pull-overs, plus  légers, conviennent pour des températures plus modérées. En complément de ces vêtements, le Dr Kamissoko suggère également d’ajouter des accessoires tels que des chaussettes, des bonnets, des écharpes et des gants, particulièrement recommandés la nuit ou dans des zones moins habitées, proches de forêts ou de barrages

Cependant, certains vêtements sont à éviter comme les pulls en polyester ou autres matières synthétiques qui ne retiennent pas la chaleur et n’offrent pas aussi une commodité de respiration au corps. Il déconseille aussi les pulls trop fins ou ceux qui retiennent l’humidité

qui peut refroidir rapidement le corps. Le dermatologue Karim Toé conseille aux utilisateurs des pullovers «yougou-yougou» de désinfecter correctement ces habits au préalable.

Ces vêtements, prévient-il, peuvent constituer un réservoir important de nombreuses maladies infectieuses. «La peau est naturellement recouverte de millions de bactéries, de champignons et de virus. Cela signifie que chaque vêtement que nous portons entre en contact direct avec ces microbes », explique le toubib. Le spécialiste indique qu’il est recommandé de laver les vêtements d’occasion à une température d’environ 60° Celcius. Cela permettra, poursuit-il, non seulement de nettoyer les saletés du vêtement, mais aussi d’éliminer les germes et d’inactiver les agents pathogènes.

Djeneba BAGAYOGO

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