Berges du fleuve Niger: Les parcs de pirogues, source de pollution

On utilise du goudron en brûlis pour réparer ces embarcations destinées à l’exploitation et au transport du sable. Malheureusement, ce travail artisanal nuit à la santé des riverains

Publié jeudi 09 février 2023 à 06:39
Berges du fleuve Niger: Les parcs de pirogues, source de pollution


 Des pirogues au bord du fleuve Djoliba qui attendent d’être réparées

 

Les berges du Djoliba, au niveau du quartier de Sébénikoro en Commune IV du District de Bamako, en plus d’être littéralement occupées par les habitations, abritent aussi un parc de pirogues de transport du sable. Cette véritable industrie artisanale est une source de pollution du fleuve et de nuisance pour les riverains.

Surtout en période de décrue, moment favorable pour réparer les embarcations qui servent au transport du sable pendant la moitié de l’année. Dans cette activité, ils utilisent du goudron en brûlis pour combler les fissures afin d’empêcher l’infiltration de l’eau. La fumée dégagée par des litres de goudron brûlé par jour crée une nuisance qui représente une menace pour la santé publique.

De centaines d’épaves abandonnées dans le lit du fleuve, renferment toutes sortes de déchets qui polluent le cours d’eau et perturbent l’habitat de la faune aquatique. Cette situation est déplorée par Moussa Konta, un habitant du hameau de pêche situé à une centaine de mètres de là. Selon notre pêcheur, cet endroit du fleuve regorgeait de poissons.


Mais aujourd’hui, à cause de cette activité, il est contraint de se déplacer à des kilomètres pour pêcher. Outre la pollution aquatique, les riverains subissent quotidiennement la pollution de l’air, engendrée par l’activité de brûlis du goudron. De l’avis d’un médecin que nous avons approché, cette fumée est hautement cancérigène. Du coup, les habitants de la zone sont exposés. Ce qui explique l’inquiétude de Toumani Sidibé dont la maison se trouve à un jet de pierre. Il dit avoir entrepris beaucoup de démarches auprès des autorités compétentes pour faire cesser l’activité.

En vain. Face à l’obstination des auteurs et l’inaction des pouvoirs publics, Toumani dit s’en remettre à Dieu, pour la santé de sa famille. Amadou Mara, un autre riverain, fustige aussi la fuite de responsabilité de nos services publics chargés de la question, en l’occurrence la direction nationale de l’assainissement du contrôle des pollutions et des nuisances (DNACPN). Ce service a pour missions, entre autres, de constater les infractions à la réglementation sur la protection de l’environnement.

«Mais, nous ne voyons aucune utilité à ce service qui, cependant, dispose de tous les moyens de l’État», regrette le riverain. Ce septuagénaire se souvient qu’aux premières heures de l’accession  de notre pays à l’indépendance jusqu’au régime défunt de feu Moussa Traoré, ce service, appelé à l’époque Service d’hygiène, était craint de tous les citoyens. En effet, c’était une véritable police de l’hygiène et de l’assainissement dans les quartiers.

« Tous les matins, ses équipes faisaient le porte-à-porte pour constater l’état de propreté des cours, la gestion des déchets et des eaux usées par les familles, se remémore-t-il. Ceux qui déversaient leurs ordures ménagères ou leurs eaux usées dans la rue étaient sanctionnés par une forte amende. Donc, on ne pouvait pas songer à un minimum d’insalubrité, à fortiori, la situation de catastrophe écologique à la quelle nous assistons aujourd’hui à cet endroit du fleuve », lance Amara Mara.

 

AUTRE LIEU, MÊME RÉALITÉ-A Djikoroni-Para, des riverains du site de sable appelé « tchin tchin bô dankan» vivent le calvaire. Le business de sable est y florissant, mais cette activité nécessite l’utilisation de pirogues qui sont généralement fabriquées ou réparées sur place. Et une fois mises hors service, ces pirogues restent sur les berges du Niger.

Ainsi, l’on aperçoit des épaves sur plusieurs mètres. Les menuisiers tentent de récupérer sur certaines pirogues abandonnées des planches réutilisables. à notre passage, IB et Daouda s’acharnaient, arrache-clous en main, contre l’une d’entre elles. Ils laisseront dans leur sillage, en fin de journée, une bonne quantité de pointes rouillées. Celles-ci représentent un réel danger pour les pêcheurs, les maraîchers et les petits enfants qui rôdent par là.  Nafo Samaké, une maraîchère, témoigne : « Il n’y a pas si longtemps, un enfant, venu chercher du bois pour sa maman, a été gravement blessé par une pointe. Le sang giclait fort».

Qu’ils soient de Sébénikoro ou de Djikoroni-Para, les riverains des sites de fabrication de pirogues estiment que les services compétents doivent agir, en appliquant la loi dans toute sa rigueur. Pour Amara Mara, ce n’est qu’en sévissant que les gens se corrigeront et entreront en ordre de marche, pour protéger l’environnement et améliorer le cadre de vie des paisibles citoyens. à quand donc cette décision ?

En réponse à cette question, Drissa Traoré, conseiller technique en charge des questions d’assainissement au ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, rappelle que quand les services de l’assainissement sont saisis par une plainte, ils doivent obligatoirement réagir, en envoyant une équipe de constat sur le terrain. Si des externalités sont alors constatées et qui nuisent aux populations, les auteurs sont obligés d’apporter des mesures d’atténuation. Au cas contraire, les autorités compétentes sont tenues de faire cesser l’activité qui cause ces nuisances. Des brigades sont constituées à cet effet.

Compte tenu du nombre insuffisant de leurs effectifs, les services ne peuvent pas assurer convenablement leurs missions. C’est pourquoi, Drissa Traoré conseille à tout citoyen qui est touché par une nuisance quelconque de saisir les services d’assainissement de sa localité. C’est ainsi que nous pourrons circonscrire le mal, estime-t-il.

N’Famoro KEITA

 

Rédaction Lessor

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