À l’heure du Mali : Les racines du Mali contre les sirènes de la France

Les obsèques de l’ancien ministre Tiébilé Dramé n’ont pas été seulement un moment de recueillement et de mémoire pour un homme politique qui aura été de toutes les luttes pour la démocratie et les libertés. Elles ont aussi marqué un moment de retrouvailles pour une certaine classe dirigeante ayant régné sur le Mali durant une époque charnière que l’on peut appeler «l’ère démocratique».

Publié lundi 18 août 2025 à 08:06
À l’heure du Mali :  Les racines du Mali contre les sirènes de la France

La plupart de ces anciens dignitaires, notamment sous les Présidences d’Alpha Oumar Konaré et d’Amadou Toumani Touré (ATT), ainsi que leurs camarades de lutte démocratique, devraient aujourd’hui être dans une introspection profonde sur la gouvernance actuelle du pays. À la fois pour les idéaux politiques et idéologiques qu’ils ont portés, mais aussi face à la pierre que leur lance une partie de l’opinion publique nationale, les désignant comme responsables de la situation actuelle du Mali, née des coups d’État de 2012 et 2020, et résultant d’une déliquescence de la gouvernance démocratique, minée par une panoplie de dérives et de dysfonctionnements.


Le Mali d’aujourd’hui, selon la vision des autorités de la Transition, ne peut se targuer d’une démocratie «à l’occidentale» qui mettrait en péril la cohésion nationale, le vivre-ensemble, l’intégrité du territoire et la souveraineté. Ceux qui ne partagent pas cette vision, peinent à accepter la trajectoire politique du pays. C’est en cela que les voix discordantes et les projets hostiles, civils ou militaires, ne peuvent prospérer, au regard des défis sécuritaires et des enjeux géopolitiques régionaux et internationaux.


C’est surtout ce que nous enseigne le communiqué du gouvernement du 14 août dernier, signé par le ministre porte-parole, à propos de faits graves : «l’arrestation d’un groupuscule d’éléments marginaux des Forces armées et de sécurité maliennes, pour des infractions pénales visant à déstabiliser les Institutions de la République.»


Il n’est pas étonnant que cette nouvelle ait suscité un grand émoi au sein de l’opinion nationale, tant la détermination des populations, en constante résilience depuis les événements du 18 août 2020 (cinq ans, jour pour jour), reste intacte pour accompagner l’idéal de souveraineté face aux velléités de l’internationale terroriste. Comme l’analyse le communiqué : «Au moment où la Nation malienne, unie dans toutes ses composantes, est mobilisée pour consolider notre souveraineté retrouvée et éradiquer les forces terroristes obscurantistes de la Confédération des États du Sahel, ces militaires et civils n’ont eu d’autre ambition que de chercher à briser, avec l’aide d’États étrangers, la dynamique de la Refondation du Mali.»


Après deux décennies de gouvernance démocratique relativement apaisée, dans le sillage de la fin de la guerre froide, marquée par la défaite du bloc de l’Est, l’effondrement de l’URSS, et l’imposition du modèle démocratique aux États africains non alignés (chute du mur de Berlin, Conférence de La Baule), le Mali cherche aujourd’hui sa voie vers une gouvernance souveraine.


Cette gouvernance, née d’une réflexion exclusivement malienne, est assumée et orientée par les citoyens eux-mêmes. Les Assises nationales de la Refondation, la Constitution du 22 juillet 2023, le Dialogue inter-maliens, la Charte nationale pour la paix et la réconciliation, les concertations des forces vives : autant d’étapes qui ont contribué à bâtir un nouvel édifice de gouvernance souveraine, désormais dressé comme un mur de béton face aux pourfendeurs intérieurs et extérieurs.


Depuis 2011, le Mali est sur un chemin de fragilités multiformes qui impose à chaque citoyen, à chaque responsable public, civil ou militaire, de se hisser au-dessus des contingences pour construire les convergences patriotiques nécessaires à la cohésion nationale. Les valeurs culturelles maliennes sont des repères solides pour mettre la raison en avant, et donc la nation au-dessus de toute ambition personnelle ou collective.


Le repositionnement géopolitique du Mali dans le contexte de l’AES et de l’émergence d’un monde multipolaire accroît inévitablement les menaces régionales et internationales, dont beaucoup cherchent à se nourrir des fragilités et des dissonances internes. Face à ces vulnérabilités, notre pays ne peut se permettre un bouleversement politique des équilibres actuels, car aucune alternative à la gouvernance en place ne saurait rapidement garantir les garde-fous d’une assise pérenne.


Les Maliens, mus par la devise Un Peuple – Un But – Une Foi, aspirent à une armée qui les protège et les défende, une armée-nation modèle, telle que la voulaient les pères fondateurs.


Chaque Malien veut fortifier son patriotisme dans les racines du Mali et n’est pas prêt à céder aux sirènes de la France ou de toute autre force impérialiste qui voudrait ramener nos États dans l’obscurantisme et l’asservissement imposés par la colonisation.


Le Mali est un phare pour l’Afrique, quelle que soit la nature de la phase politique qu’il traverse. Et le Malien reste un modèle panafricaniste pour les autres Africains.

Aucun projet funeste ne prospérera face à ces digues.

Alassane Souleymane

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